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Fonds documentaire : Article
Titre L'emploi en France
Source Sciences humaines
Date de parution 01/01/2013
Commentaire Précarité, désindustrialisation, travail des femmes… ?Malgré la crise, le marché de l’emploi français connaît des dynamiques contrastées. État des lieux. ? De moins en moins d’emplois?? L’augmentation du chômage, parallèle aux plans de licenciements qui se multiplient, peut laisser penser que le nombre d’emplois diminue en France. En fait, la réalité est bien plus complexe.? À court terme, il est indéniable que les conséquences de la crise ont bien entraîné la diminution du nombre d’emplois. Selon l’Insee (1), dans le secteur principalement marchand hors agriculture, entre mi-2011 et mi-2012, le nombre d’emplois a diminué de 39?500, soit une baisse de 0,2?%. Cette baisse touche aussi bien l’industrie (-?21?700 emplois) que la construction (-?11?600) et le secteur des services (-?6?200).? Pour autant, si l’on prend un peu de recul historique, l’emploi est en progression en France. Si l’on prend comme référence le même champ, depuis 1997, le nombre total d’emplois est passé d’environ 14 millions à plus de 16 millions. Et sur plus long terme, en prenant en compte cette fois-ci l’emploi total, le constat est édifiant?: le nombre d’emplois est passé de 20 millions en 1950 à 25 millions au milieu des années 2000, soit une augmentation de 25?%.? L’inversion de tendance que nous connaissons depuis 2008 ne doit donc pas masquer que, sur le long terme, le nombre d’emplois est globalement à la hausse. ? Un marché du travail ?en renouvellement perpétuel Des milliers d’emplois se créent en permanence. Près de 10?000 par jour ouvrable, soit près de 2,3 millions par an?! Des emplois créés par des entreprises qui apparaissent et qui embauchent, ou des entreprises déjà en activité et qui ont besoin de personnels supplémentaires pour se développer. Mais, dans le même temps, il y a en a aussi qui disparaissent?: des entreprises qui font faillite, d’autres qui se délocalisent, d’autres encore qui mettent en place des plans sociaux. Les destructions d’emplois sont nombreuses, presque aussi nombreuses sur longue période que les créations d’emplois?: un peu plus de 2 millions par an, c’est-à-dire là aussi environ 10?000 emplois détruits chaque jour ouvrable?! ? Ce qui est remarquable, c’est que ce mouvement de destruction et de création prend deux formes. Il touche d’abord des secteurs entiers de l’économie?: il y a création dans ceux en forte croissance, tandis que dans le même temps les secteurs en déclin réduisent la quantité de main-d’œuvre utilisée. Ce mouvement est aussi interne à chaque secteur?: partout, chaque année, chaque jour, même dans les secteurs en forte croissance, des emplois se créent et d’autres disparaissent. Ce phénomène est la conséquence d’un phénomène de «?destruction créatrice?» impulsé par le progrès technique. L’innovation permet en effet de créer de nouveaux produits, donc de générer de nouveaux débouchés porteurs de nouveaux emplois?; mais, dans le même temps, elle rend obsolète les anciens produits qui vont inexorablement disparaître, ainsi que les emplois qui vont avec. L’innovation permet aussi de réorganiser certaines activités productives en associant aux travailleurs des machines plus performantes, ce qui sera l’occasion d’un redéploiement de l’emploi. ? Le diplôme, un sésame?? La qualification des emplois, qui correspond au niveau de qualification requis pour pouvoir obtenir un poste, augmente indéniablement. Ainsi, en 1962, près de 80?% des emplois étaient occupés par des actifs sans diplôme, contre moins de 20?% aujourd’hui. À l’inverse, plus de 30?% des emplois nécessitent actuellement un diplôme du supérieur, ce qui n’était le cas au début des années 1960 que pour moins de 5?% de ces mêmes emplois. Cette tendance a été concomitante avec l’augmentation de la qualification des actifs, puisque la durée d’études moyenne n’a cessé d’augmenter avec le processus de massification scolaire depuis plus de cinquante ans. ? Le diplôme reste encore aujourd’hui un élément protecteur pour ses détenteurs sur le marché du travail?: le taux de chômage des diplômés du supérieur est sur le long terme trois fois inférieur à celui des non-diplômés, leur durée de chômage plus faible, leur salaire mensuel net moyen est de 2?400 euros à la fin des années 2000 contre 1?300 euros pour les non-diplômés, et ils sont 67?% à être cadres et professions intellectuelles supérieures alors même que les non-diplômés ne sont que 4?% à l’être.? Cependant, l’accroissement de la qualification des actifs a été supérieur à celle des emplois. Cela s’est traduit par un phénomène de surqualification?: il faut un niveau de diplôme de plus en plus élevé pour obtenir un poste dont la qualification est restée identique. Il y a donc un écart croissant entre le niveau de diplôme obtenu et le niveau de qualification requis pour le poste obtenu, qui peut entraîner un sentiment de déclassement. ? Une précarité croissante?? 88?% des actifs occupés, soit environ 22,7 millions de personnes, sont salariés. Ce statut induit la signature préalable d’un contrat de travail, qui peut prendre la forme d’un contrat à durée indéterminée (CDI), ou d’un contrat précaire (CDD, intérim, contrats aidés, apprentissage…). La sensation est aujourd’hui très forte que ces emplois précaires auraient pris le pas sur les emplois stables. Pourtant, ils restent très minoritaires?: ils ne concernent aujourd’hui qu’environ 12?% des emplois de salariés, soit un peu plus de 3,1 millions de personnes, la majorité étant constituée de contrats à durée indéterminée. Comment alors expliquer ce décalage entre notre perception et la réalité des chiffres??? Tout d’abord, si les emplois précaires restent minoritaires dans le stock total d’emplois, ils n’en demeurent pas moins en forte progression, puisqu’au début des années 1980, ils ne représentaient qu’un peu plus de 5?% des emplois. Il y a donc bien une tendance à la précarisation. Ensuite, et c’est là un point essentiel, dans le flux d’emplois proposés sur le marché du travail, la part des emplois précaires est bien plus importante. Ainsi, en mars 2012, dans l’enquête «?Sortants?» de Pôle Emploi, seuls 34,3?% des chômeurs ayant retrouvé un emploi dans l’année avaient obtenu un CDI. 33,9?% avaient trouvé un CDD, 15?% une mission d’intérim, et 10,1?% un contrat aidé. Pour ceux qui cherchent un emploi, le risque de ne trouver qu’un emploi précaire est donc bel et bien majoritaire, quand bien même les emplois précaires ne représentent qu’un peu plus d’un emploi sur 10. ? Combien y a-t-il réellement de chômeurs?? Mi-septembre, la barre des 3 millions de chômeurs a été dépassée en France. Ce n’est pas un record (3,3 millions en 1997), mais le chiffre est suffisamment symbolique pour être noté. Pour autant, que signifie-t-il réellement??? Il correspond à la catégorie A de Pôle Emploi, qui rassemble les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, et qui sont sans aucun emploi au cours du mois précédent. Mais d’autres catégories de chômeurs existent?: ceux qui cherchent un emploi tout en ayant eu au cours du mois précédent une activité réduite courte, c’est-à-dire de moins de 78 heures (catégorie B), ou longue (plus de 78 heures, catégorie C). Les catégories D et E rassemblent des demandeurs d’emploi non tenus d’en chercher un?: personnes en formation, malade, bénéficiaires de contrats aidés…? Si l’on agglomère les catégories A, B et C, le nombre de chômeurs n’est plus de 3,3 millions mais de 4,2 millions.? Plus généralement, l’évolution du marché du travail rend de plus en plus poreuses les frontières entre travail, chômage et inactivité, tant certaines situations placent les individus concernés à cheval sur plusieurs réalités, comme le montre le «?halo du chômage?», qui est constitué de toutes les personnes qui ne sont pas officiellement classées comme étant au chômage, et qui pourtant dans les faits n’ont pas d’emploi tout en désirant travailler?: personnes travaillant à temps partiel mais souhaitant passer à plein-temps, personnes en formation, chômeurs disponibles mais ne cherchant plus d’emplois par découragement, travailleurs au noir. ? Désindustrialisation?: quelle ampleur?? L’arrêt de la production annoncée de l’usine PSA à Aulnay n’est que la suite d’une longue série de sites industriels voués à la fermeture. La désindustrialisation est là et bien là?: au cours des trente dernières années, l’emploi industriel a diminué de 2,3 millions, pour ne plus représenter aujourd’hui que 3,2 millions des 25,5 millions d’emplois existants. Dans le même temps, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée a diminué en valeur. Mais cette diminution est avant tout due à la baisse des prix relatifs de l’industrie manufacturière, et non à la diminution de la quantité produite?; ainsi, la part de la production industrielle en volume est restée à peu près stable, aux alentours de 17?%. Dès lors, il faut nuancer le terme de désindustrialisation en termes productifs.? De même, dans le domaine de l’emploi, la baisse est moins importante que ce que les données brutes pourraient laisser penser. Pourquoi?? Parce que les emplois sont clasocssés non en fonction de leur nature, mais de l’activité principale de l’employeur. Ainsi, un commercial d’une entreprise industrielle va être classé dans l’emploi industriel s’il est directement employé par l’entreprise en question. Or l’industrie externalise de plus en plus ces activités de service (entretien, sécurité, comptabilité, publicité, marketing) vers des entreprises prestataires. Cela renforce statistiquement l’impression de désindustrialisation des emplois. Si l’on tient compte de ce phénomène, la baisse serait de 1,1 million d’emplois industriels de 1980 à 2002, soit environ 72?% des pertes d’emplois industriels globalement observées au cours de cette période. S’il y a bien désindustrialisation des emplois, celle-ci doit donc être relativisée. Les femmes sont aujourd’hui presque aussi nombreuses que les hommes à se trouver sur le marché du travail?: 13?509?000 femmes, 14?836?000 hommes. Elles occupent 47,5?% des emplois. Leur taux de chômage tend également à s’aligner?: deux fois plus fort que celui des hommes au début des années 1990, il est aujourd’hui quasi identique (10?% contre 9,7?% pour les femmes)? Par contre, leur taux d’activité reste moindre (51,8?% contre 62,1?% pour les hommes), une proportion encore importante de femmes ayant fait le choix ou étant contraintes de ne pas travailler ni de chercher d’emploi. Elles n’occupent pas non plus le même type d’emplois?: elles représentent ainsi plus des trois quarts des employés, mais seulement un tiers des cadres, et moins d’un quart des ouvriers. Parmi les dirigeants d’entreprises, il n’y a que 13,1?% de femmes dans le secteur industriel, 21,2?% dans le commerce, et 20,3?% dans les services. ? Au niveau salarial, les femmes gagnent encore 27?% de moins que les hommes?! Cependant, elles sont plus souvent à temps partiel (30?% des femmes contre 6,7?% des hommes) et travaillent relativement plus sur des emplois qui sont moins rémunérés (employées plutôt que cadres)?; une fois ces différences intégrées, il n’empêche que les femmes continuent, pour un travail identique, à avoir des salaires inférieurs de 10?% à ceux de leurs homologues masculins… Une discrimination sexuelle existe bel et bien. ? Ces métiers qui ne trouvent pas preneur Pourquoi, malgré un niveau de chômage élevé, certains emplois ne trouvent-ils pas preneurs?? Parce qu’il n’existe pas forcément d’adéquation entre les caractéristiques de la main-d’œuvre disponible, et de celle recherchée par les employeurs. Au-delà des problèmes de qualifications, les caractéristiques de l’emploi (localisation, contraintes imposées, salaires proposés) peuvent ne pas correspondre à celles recherchées par les demandeurs d’emplois.? L’enquête annuelle «?Besoins en main-d’œuvre?» de Pôle Emploi, construite à partir d’un questionnaire envoyé à près de 1,7 million d’établissements, montre que la liste des métiers qui recrutent le plus recoupe largement celle des métiers où il est difficile de recruter?: métiers de l’entretien, du soin (hors médecins), de la restaurations (cuisiniers, commis), ingénieurs, cadres de l’informatique… ? 42,6 % des prévisions d’embauche sont assorties de l’anticipation d’une difficulté à recruter?; ce sont ces métiers qui sont en tension. Il est à noter que la part des projets jugés difficiles s’élève avec le niveau de qualification des postes?: 47?% pour les ingénieurs et cadres contre 37?% pour les manœuvres et ouvriers non qualifiés. ? Quels sont les secteurs d’avenir?? Tout d’abord, avec le vieillissement démographique, de nouveaux besoins centrés sur le service à la personne vont voir le jour, dans le domaine sanitaire (aide à domicile) ou de l’entretien de l’habitat (bricolage, jardinage) par exemple, ainsi, d’une manière plus générale, que dans le domaine médical. Le rôle de l’État, en mettant en place des mesures de subventions à ces emplois ou de défiscalisation à l’égard des ménages faisant appel à ces emplois, est ici essentiel pour permettre leur développement.? Dans le domaine informatique, tout ce qui concerne l’accompagnement du développement des tablettes et mobiles et des entreprises référencées sur le Web devrait aussi connaître une certaine progression?: responsable de référencement web, développeur d’applications pour terminaux mobiles, webmaster… Très à la mode aussi, même s’il est impossible de dire si cela durera, le coaching en développement personnel ou en entretien physique, voire en soutien professionnel (2). Les récentes annonces de recrutement massif d’enseignants par Vincent Peillon montrent, qu’au-delà des aléas liés à des choix politiques conjoncturels, tous les métiers liés à la formation, qu’elle soit initiale ou continue tout au long de la vie, ont aussi de belles perspectives de croissance.? Autre domaine qui devrait être pourvoyeur de nouveaux emplois, l’économie verte, dont la finalité est la protection de l’environnement. Ainsi, si, en 2008, 136?000 personnes exerçaient un métier dit «?vert?» (agent de traitement des eaux, technicien en environnement des industries de process, animateur en écotourisme…), on estime à moyen terme un potentiel dans ce domaine de plus de 3,5 millions d’emplois.
Mots-clés TRAVAIL / CHOMAGE / PAUVRETE / SOCIOLOGIE
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