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Fonds documentaire : Article
Titre La moyennisation de l'humanité
Source Sciences humaines
Auteurs DAMON J
Date de parution 01/01/2014
Commentaire Une part significative de la population mondiale s’extirpe ?de la pauvreté. Ces classes moyennes émergentes sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important. Depuis une vingtaine d’années, de nombreux pays pauvres ont connu grâce à la mondialisation une croissance économique soutenue. Mais c’est seulement depuis peu qu’économistes et démographes perçoivent, dans des contextes très différents, les premiers signes d’émergence de catégories sociales qui, sans appartenir aux élites nationales, parviennent à échapper à la misère. L’étiquette de «?classes moyennes émergentes?» qu’on leur a apposée peut sembler inappropriée?: nombre d’individus qui les composent ne s’y reconnaîtraient sans doute pas, ne serait-ce que parce que la catégorie «?classe moyenne?» est loin d’être universelle. De plus, ces groupes sont loin de tous connaître le même destin, et encore plus loin d’acquérir une «?conscience de classe?». Il semble néanmoins incontestable qu’un mouvement de «?moyennisation du monde?» est lancé.? Définissant les classes moyennes dans un intervalle de revenus qui va de 10 à 100 dollars de pouvoir d’achat quotidien par tête, l’OCDE recense, pour 2009, un peu plus de 1,8 milliard de personnes au sein de la «?classe moyenne mondiale?». La moitié des personnes comptées dans cette classe, soit environ 1 milliard d’individus, vivent dans des économies émergentes à forte croissance. Cette catégorie représentait 27?% de la population mondiale en 2009.? Reste que ces estimations sont fragiles. En Inde par exemple, les estimations varient, selon les sources, entre 50 et 300 millions de personnes. Surtout, quelle que soit la méthode utilisée, il se trouve que la grande majorité de ces ménages se situent à des niveaux de revenus tout juste supérieurs au seuil de pauvreté. Ce qui ne permet pas vraiment des consommations très différentes des ménages pauvres.? Néanmoins, on observe que les classes moyennes émergentes qui parviennent à mettre à distance la précarité adoptent un autre style de vie. Leur budget est réparti différemment de celui des pauvres?: moins de dépenses en nourriture, plus en loisirs et en éducation. Majoritairement urbaines, et très représentées dans les grandes métropoles, elles habitent, pour une grande partie d’entre elles, dans des logements équipés de toilettes et téléviseurs. Commençant à être salariées et couvertes socialement, elles vivent dans des ménages plus petits, avec moins d’enfants, tout en investissant dans leur éducation. Leur aspiration à davantage de consommation se double d’un désir plus affirmé de liberté et de démocratie. Des attentes se font plus intenses, portant sur la transparence des pouvoirs publics, la lutte contre la corruption, le respect des droits civils, la construction de droits sociaux.? Démographiquement, cette classe moyenne mondiale devrait continuer de croître. Selon les estimations de l’OCDE, elle pourrait représenter 42?% de la population mondiale en 2020, et même 59?% des 8,3 milliards d’habitants que compterait le globe en 2030. Mais cette dynamique est inégalement répartie. Alors que l’Europe et l’Amérique du Nord rassemblent, en 2009, plus de la moitié de cette classe moyenne mondiale, ces pays ne compteraient plus que pour environ 20?% de la classe moyenne mondiale en 2030 (graphique ci-dessous). Cette bascule démographique devrait également s’accompagner d’une bascule économique. À l’horizon 2030, l’Asie devrait représenter 60?% de la consommation de la classe moyenne globale (moins d’un quart en 2009), contre moins d’un tiers pour l’Europe et l’Amérique du Nord (deux tiers en 2009).? La mise en évidence d’une dynamique globale de moyennisation masque ainsi des trajectoires contrastées. À la dynamique d’expansion des classes moyennes des pays émergents répond une certaine «?démoyennisation?» des pays du Vieux Monde, où le risque accru de déclassement alimente une inquiétude généralisée des strates intermédiaires de la population. Si l’on doit toujours prendre des précautions avec les données et les formules, il est tout de même tentant de dire que le XXe siècle aura été celui des classes moyennes occidentales, tandis que le XXIe sera probablement celui des classes moyennes actuellement émergentes.
Mots-clés MONDE / PAUVRETE / ECONOMIE
Langue Français

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