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Un pic de mortalité freine la démographie française en 2012
, Le Monde
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16/01/2013
Type |
Article |
Titre
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Un pic de mortalité freine la démographie française en 2012
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Source
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Le Monde
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Date de parution
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16/01/2013
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Commentaire
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La population française continue de croître, mais moins vite en 2012 que les années précédentes, selon le bilan démographique 2012 de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui publie désormais une mise à jour annuelle des chiffres du recensement.
En cause, une mortalité particulièrement élevée en 2012 (571 000 décès hors Mayotte, contre 545 000 en 2011), concentrée dans les premiers mois de l'année. Le chiffre est supérieur à celui de l'année 2003 (562 000 morts), marquée par la canicule. Cette fois, c'est un hiver particulièrement rigoureux qui est en cause.
"Durant les quinze premiers jours de février 2012, la France a connu une vague de froid exceptionnelle (quatrième rang des mois de février les plus froids depuis 1950), une épidémie de grippe qui a atteint son pic en février et qui a continué début mars, et d'autres épidémies, respiratoires et de gastro-entérite, écrivent les statisticiens. En plus de leur effet direct sur la mortalité, ces épidémies ont pu entraîner une vulnérabilité de personnes déjà fragiles et ainsi prolonger la surmortalité sur les mois suivants."
Résultat, en 2012, la population française croît de 0,47 % (300 000 personnes), le plus faible taux depuis les dix dernières années. Elle atteint 65,8 millions de personnes en incluant Mayotte, dont 63,7 millions en métropole. Autre conséquence logique : l'espérance de vie diminue pour les femmes (84,8 ans, soit – 0,2 an) et stagne pour les hommes (78,4 ans).
"CONTEXTE CLIMATIQUE ET ÉPIDÉMIOLOGIQUE"
"Ces chiffres ne sont pas significatifs d'une tendance mais liés à un contexte climatique et épidémiologique, relativise Pascale Breuil, chef de l'unité des études démographiques et sociales de l'Insee. Après le pic du début d'année, la mortalité retrouve son niveau habituel. Il appartiendra aux épidémiologistes d'en tirer les conclusions, par exemple en matière d'efficacité des vaccins."
Autrement dit, les "fondamentaux" démographiques qui font de la France une exception en Europe restent présents. Le taux de fécondité reste supérieur à 2 enfants par femme depuis 2008. La France arrive seconde parmi les pays de l'Union, derrière l'Irlande (2,05 enfants par femme).
Lire aussi : La France, vice-championne d'Europe de fécondité
En Espagne en revanche, les signes de la crise économique se font sentir. Alors que le taux de fécondité des Espagnoles a augmenté jusqu'en 2008, la courbe s'est inversée, et le taux de fécondité est tombé à 1,3 enfant par femme en 2011.
Rien de tel en France, où le nombre de naissances est toutefois en léger recul (822 000 hors Mayotte), en raison de la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, une évolution qui se poursuivra dans les années à venir. L'âge des femmes lors de la naissance de leur premier enfant ne cesse d'augmenter, pour atteindre 28,1 ans.
REBOND DES MARIAGES
Autre information significative des données 2012 : un rebond des mariages (241 000 en 2012, contre 236 826 en 2011), pour la première fois depuis une décennie. "Nous avons déjà connu des petites variations de cette nature, affirme Mme Breuil. Il est trop tôt pour parler de tendance."
En revanche, le mouvement de désolidarisation entre mariage et filiation, dont il est beaucoup question dans les débats sur le projet de loi "mariage pour tous", se poursuit. En 2011, 56 % des enfants sont nés hors mariage (contre 37 % en 1994). Le nombre de divorces se stabilise à 133 000 la même année. On conclut donc désormais moins de deux mariages pour un divorce (1,8 mariage pour un divorce en 2011).
L'autre tendance lourde à l'œuvre est le vieillissement de la population, de plus en plus sensible. Les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 17,5 % de la population. Le chiffre grimpe d'environ 0,4 % chaque année. Près d'un habitant sur 10 a au moins 75 ans. Cette évolution n'en est qu'à ses prémices. Aujourd'hui, la génération née après la guerre atteint tout juste l'âge de 65 ans, et les générations en âge de procréer, enfants des baby-boomers, sont donc également nombreuses, tandis que les générations nées avant 1945 représentent une population moins importante.
A mesure que les générations du baby-boom vieilliront, les décès augmenteront, et si les naissances n'augmentent pas, le "moteur démographique va s'arrêter", explique Mme Breuil. Et la croissance démographique ralentir progressivement sur les trente prochaines années.
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