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Fonds documentaire : Article
Titre Cannabis, 2014, une année qui ouvre!
Source Le Monde
Date de parution 07/01/2014
Commentaire L’année 2014 sera celle du cannabis ! Si le débat reste figé en France, des formes de légalisation vont s’expérimenter, en Uruguay ou aux Etats-Unis (états de Washington et du Colorado) avec l’ouverture des premiers coffee-shops locaux. Au moment où les études sur les effets du cannabis se multiplient, confirmant ce que tout le monde savait : il s’agit d’une substance psychoactive dont un usage précoce et régulier est à déconseiller. La future expertise collective de l’Inserm qui sortira en France en février ira dans le même sens, si l’on croit ce qui a été présenté cet automne au colloque THS à Biarritz. Ce mouvement de libéralisation que salue par exemple la revue britannique The Economist pourrait alors surprendre. Et pourtant, il ne devrait pas. Car à y regarder de près, il s’agit moins de laisser le cannabis nous envahir, ce qui est déjà fait avec l’actuel système de guerre à la drogue qui prétendait pourtant en assurer la prohibition, que d’en mieux réguler la rencontre en écartant les méfaits d’une pénalisation aveugle. En France, la position défendue par Laurent Appel notamment, en faveur d’un marché régulé, les propositions de Michel Reynaud et de la Fédération Française d'Addictologie (FFA), celles de la plateforme « Pour une autre politiques des addictions » montrent qu’il existe des alternatives adaptées. Si nous voulons sortir de l’immobilisme qu’organise le face à face entre la dangerosité des substances et l’impossibilité de leur régulation, c’est vers ces solutions nouvelles que nous devons oser aller. Celles et ceux qui vont hurler avec les loups pour dénoncer le laxisme de ces expériences n’ont rien voulu dire de l’échec des politiques récentes, de celles qui, de 2007 à 2012, avait pourtant opté pour une stricte et vaine application de la loi pénalisant l’usage privé instauré depuis 1970 ! Pour mettre en œuvre une politique moins déconnectée des réalités, il faut tenir compte, au-delà des effets du produit, du contexte addictogène de notre société qui est l’autre versant de la dangerosité redoutée. Or, nous avons du mal à nous y adapter. Le maintien des usages de cannabis à un haut niveau, les fortes augmentations des Alcoolisation Ponctuelles Importantes et du tabagisme chez les jeunes n’ont cessé de le montrer : face au marché, le laxisme domine! Depuis quelques dizaines d’années, les conduites addictives s’inscrivent dans ce contexte« addictogène » marqué par la mutation des contenants sociaux, culturels et familiaux, l’augmentation des facteurs de vulnérabilités (désocialisation, chômage...), le renforcement des stimulations sensorielles (via le marketing ou les nouvelles technologies). Ces évolutions compliquent la construction des moyens d’auto-contrôle, elles compliquent une prise d’autonomie responsable par nos adolescents. Elles mettent à l’épreuve les différents acteurs de l’éducation et de la promotion de la santé, et notamment les familles qui sont souvent en grande souffrance. Elles contribuent à l’augmentation des expérimentations, des usages problématiques et pathologiques, associant des comorbidités somatiques et/ou psychiatriques, des poly-consommations multiples et complexes et précarisent nombre d’usagers. Elles appellent donc des interventions diversifiées et coordonnées, adaptées aux enjeux de ce début de XXI siècle. Il s’agit donc moins de jouer à se faire peur en « dépénalisant » le cannabis, que d’explorer ces réponses plus adaptées que les Français semblent prêts à entendre. Si le président de l’Uruguay a porté seul sa réforme, son opinion publique semblant plus hésitante, celles des Etats américains concernés sont le résultat d’un référendum. Les grandes lignes de cette nouvelle politique pourraient être les suivantes : dépénaliser l’usage privé de l’adulte, là où la pénalisation n’apporte rien et fait dépenser beaucoup, mais sanctionner les usages dangereux, (délinquance routière par exemple) et maintenir une interdiction aux mineurs sans pénalisation, mais avec des obligations de rencontre ; expérimenter un marché régulé qui contiendrait l’expansion du cannabis aurait le mérite de proposer une approche en cohérence avec la politique qui serait adoptée pour l’alcool et le tabac ; mettre en œuvre d’une politique de santé fondée sur l’"aller vers" et l'intervention précoce, toutes substances confondues, fondée sur les différentes recherches qui montrent les approches adaptées. Les éléments sont là, associant une réforme de la loi, une action économique et une rénovation des pratiques des soignants et éducateurs. Les évaluations des politiques précédentes sont disponibles, montrant leur échec et leurs limites. Une commission d’évaluation des politiques publiques sur ces questions est même initiée. Alors, formons le vœu que 2014 soit bien l’année d’une ouverture sur ces questions.
Mots-clés CANNABIS / LEGISLATION
Langue Français

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