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Fonds documentaire : Article
Titre Des parlementaires racontent leur visite en prison
Source Editions ASH
Date de parution 01/03/2010
Commentaire Six députés et sept sénateurs de tous bords (PCF, PS, UMP, Verts) ont répondu présents, mercredi 24 et jeudi 25 février, à l'invitation du Groupement étudiant d'enseignement aux personnes incarcérées (Genepi), en visitant sept établissements pénitentiaires d'Ile-de-France et du Centre, dans le cadre des quatrièmes "Journées Parlement prisons". Le Genepi invite en effet, depuis 2006, les parlementaires à exercer l'autorisation qui leur est accordée par la loi du 15 juin 2000 de "visiter à tout moment les locaux de garde à vue, les centres de détention, les zones d'attente et les établissements pénitentiaires". Une expérience dont sont venues témoigner, vendredi 26 février devant la presse, deux des participants à cette action de sensibilisation, la députée communiste des Hauts-de-Seine Jacqueline Fraysse et son homologue socialiste de Paris, George Pau-Langevin, qui ont passé une matinée respectivement à la maison d'arrêt de Nanterre et à la prison de la Santé à Paris. Porter des regards croisés sur la prison Une visite qui n'était certes pas une première pour les deux élues. Car du point de vue de Jacqueline Fraysse, "le rôle des parlementaires, et notamment des membres de la commission des affaires sociales [dont elle est secrétaire, NDLR], est de s'occuper le plus souvent possible des lieux de rétention, car la privation de liberté n'est jamais quelque chose d'anodin". Et d'insister sur la nécessité de "porter un regard collectif" sur les prisons, "moins dans un souci de surveillance des personnels, qui font souvent de leur mieux dans des conditions difficiles, que pour échanger, croiser les regards, trouver des solutions ensemble". A cet égard, elle porte un jugement relativement positif sur la maison d'arrêt de Nanterre, qui lui a semblé "peut-être plus 'confortable' que beaucoup d'autres dans la mesure où elle est plus récente et que ses équipes font tout leur possible pour la maintenir propre". Une surpopulation qui accentue la violence Mais l'élue des Hauts-de-Seine ne tombe pas dans l'angélisme car, là comme ailleurs, "ce qui complique extrêmement les choses, c'est la surpopulation qui porte atteinte à la qualité de vie des détenus, contraints de vivre à deux ou trois par cellule, dont ils ne peuvent pas sortir aussi souvent que souhaitable en raison du manque d'activités proposées". La maison d'arrêt de Nanterre a en effet été construite pour près de 600 détenus et en accueille près de 900. D'où "une promiscuité qui accentue la souffrance et la violence". Une situation encore aggravée par le manque de moyens mis à la disposition de l'établissement. Or, s'il est "légitime que des bénévoles interviennent en prison, cela ne doit pas remplacer les décisions collectives permettant de faire avancer la condition des détenus", estime la députée communiste, qui souhaite faire passer le message auprès de ses collègues du Parlement. A la Santé, "c'est la Bérézina" Habituée des lieux du temps où elle portait la robe d'avocat, George Pau-Langevin a pour sa part rapporté de la prison de la Santé la vision d'un établissement en deux parties, la première - comprenant l'entrée, les parloirs, les cellules individuelles du quartier "VIP" - se distinguant par sa propreté, tandis que dans la seconde, où se pratique l'encellulement collectif, "c'est la Bérézina y compris dans les couloirs, qui semblent parfois à l'abandon". A sa décharge, la Santé étant passablement vétuste, voire quasiment insalubre, elle est en voie d'être désaffectée, a rappelé George Pau-Langevin, qui s'est cependant étonnée que, malgré la présence de nombreuses cellules vides, les détenus s'entassent à trois par cellule, rudimentairement équipée de couchettes superposées, d'une tablette où faire la cuisine et d'un coin toilettes réduisant la notion d'intimité à une vague idée. Un tableau peu reluisant dont les détenus ne peuvent souvent même pas s'extraire pour les rares activités de travail qui leur sont proposées puisqu'elles se déroulent en cellule, sous le linge mis à sécher... Des surveillants en difficulté Cette ancienne déléguée générale à l'outre-mer auprès du maire de Paris a aussi noté le nombre de plus en plus important de surveillants ultra-marins ou issus de l'immigration, ce qui confirme pour elle que "c'est une branche très dure sur laquelle on se précipite pas". Outre les conditions de vie déplorables des détenus, elle a d'ailleurs tenu à souligner les difficultés des personnels de l'administration pénitentiaire qui ont le sentiment de faire un travail utile, mais sans aucune reconnaissance et avec des salaires qui ne leur permettent même pas de se loger correctement en région parisienne. Des CIP tournés vers l'aménagement des peines Autant de constats partagés par le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, représenté à cette conférence de presse par son secrétaire général, Xavier Dupont. Pour mémoire, depuis sa création en 2008, l'institution a effectué une soixantaine de visites dans 195 établissements pénitentiaires en France (son rapport 2009 doit être rendu public dans les prochains jours). Interrogé sur la situation des travailleurs sociaux en prison, Xavier Dupont a enfin notamment indiqué que les détenus se plaignent souvent des délais très longs de mise en contact avec les conseillers d'insertion et de probation (CIP) qui, eux-mêmes, s'inquiètent de voir leurs missions de plus en plus tournées vers l'aménagement ou l'organisation des peines, plus que vers l'accompagnement social et la préparation du détenu à la sortie. Des "kits anti-suicide" utiles ? Sur la question des suicides en prison, les divers acteurs institutionnels et associatifs qui interviennent derrière les barreaux, y compris les personnels de l'administration pénitentiaire, estiment que les "kits anti-suicides" qui doivent être prochainement distribués dans les établissements ne risquent pas d'en diminuer le nombre. Ils craignent au contraire que ces "pyjamas en papier" ne pèsent sur le moral des plus fragiles, ont-il confié à Jacqueline Fraysse et George Pau-Langevin qui s'en sont fait l'écho.
Mots-clés PRISON / POLITIQUE
Langue Français

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