Bonjour,

Recherche rapide

Menu recherche

Bienvenue sur Alexandrie !

Page : 1 / 4
Article
L'emploi des personnes sans domicile sous la loupe de l'INSEE , Editions ASH , 08/04/2014
Type Article
Titre L'emploi des personnes sans domicile sous la loupe de l'INSEE
Source Editions ASH
Date de parution 08/04/2014
Commentaire Contrairement aux idées reçues, près d’un quart des personnes sans domicile ont un emploi régulier ou un " petit boulot ", montre l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) qui a enquêté, en 2012, auprès des 66 300 adultes francophones sans domicile qui utilisaient les services d’hébergement et de distribution de repas des agglomérations de plus de 20 000 habitants. Dans le cadre de cette enquête, une personne était considérée comme sans domicile si elle avait passé la nuit précédente dans un lieu non prévu pour l’habitation ou dans un service d’hébergement. La situation diffère selon les nationalités : les étrangers occupent plus souvent un emploi régulier (27 %) que les Français. Et ceux arrivés en France depuis plus de cinq ans sont plus souvent en emploi que ceux arrivés plus récemment. Par ailleurs, plus les conditions d’hébergement sont stables, plus le taux d’emploi est élevé : 31 % des personnes sans domicile qui occupent un logement fourni par une association et 25 % de celles qui sont logées dans un centre où elles peuvent rester la journée travaillent, contre 21 % de celles qui résident à l’hôtel et 13 % de celles accueillies dans un centre d’hébergement qu’il faut quitter dans la journée ou qui vivent à la rue. Des emplois peu qualifiés De quels emplois s’agit-il ? Presque uniquement des emplois salariés (seuls 4 % des sans-domicile déclarent être indépendants) : 8 % dans la fonction publique, 5 % dans un centre d’hébergement ou un foyer, 19 % dans une association, les autres dans des entreprises ou chez des particuliers. Ces emplois sont presque exclusivement peu qualifiés : 93 % sont ouvriers (bâtiment) ou employés (hôtellerie-restauration ou services aux particuliers notamment) - un pourcentage qui s’élève à 96 % pour les seuls sans-domicile étrangers. Leur ancienneté dans l’emploi est globalement faible : les deux tiers travaillent pour le même employeur depuis moins de un an. En outre, seuls deux sans-domicile salariés sur cinq bénéficient d’un contrat à durée indéterminée (CDI). Un quart a un contrat à durée déterminée, 15 % un emploi temporaire et 22 % n’ont pas de contrat de travail. Selon l’enquête, les femmes ont des emplois plus stables que les hommes puisque près d’une sur deux est en CDI contre un homme sur trois. La situation des étrangers est la plus fragile : plus d’un quart d’entre eux n’ont pas de contrat de travail et un tiers bénéficient d’un CDI. Enfin, côté rémunération, 85 % des personnes sans domicile en emploi touchent moins de 1 200 € par mois et 60 % moins de 900 €. De nombreuses difficultés dans la recherche d'emploi Par ailleurs, 39 % des sans-domicile sont au chômage et parmi ceux-là, 43 % depuis plus de deux ans. Au cours du mois précédant l’enquête, ils ont en moyenne effectué trois démarches de recherche d’emploi. Dans près d’un cas sur deux, des associations et des travailleurs sociaux les accompagnent. Mais 77 % affirment rencontrer de nombreuses difficultés dans leurs recherches : l’absence ou le coût des transports sont en cause, mais aussi les frais liés aux recherches d’emploi (connexion Internet, téléphone, magazines spécialisés) ou le manque de vêtements convenables pour aller voir un employeur. Un tiers des sans-domicile au chômage évoquent aussi des problèmes de santé, une mauvaise maîtrise de la langue, des difficultés pour lire et écrire, le manque de formation ou d’expérience professionnelle. Le revenu de solidarité active (RSA) est le principal revenu déclaré des personnes sans domicile (30 % le perçoivent), suivi par les revenus du travail (pour 25 % d’entre elles). Viennent ensuite les allocations chômage (8 %), l’allocation aux adultes handicapés (7 %) ou d’autres prestations sociales (15 %). " Les sans domicile et l’emploi. Des emplois aussi fragiles que leurs conditions de vie ", INSEE Première n° 1494, avril 2014. Article rédigé par Eléonore Varini
Fermer Fermer
Article
Sans domicile ou sans-abri ? , Sciences humaines , 01/10/2013
Type Article
Titre Sans domicile ou sans-abri ?
Source Sciences humaines
Date de parution 01/10/2013
Commentaire Les SDF sont de plus en plus nombreux. Effet de la crise, évidemment, de la montée des inégalités, aussi, de la remise en question d’une partie des modes de solidarité traditionnels, peut-être. Selon une récente étude de l’Insee, les SDF seraient actuellement environ 141?500, ce qui représente quand même une augmentation de près de 50?% depuis la dernière étude remontant à 2001.? Sans domicile, mais pas nécessairement sans-abri, loin de là, puisqu’environ 9?% d’entre eux n’ont pas dormi sous un toit au moment de l’enquête. Soit par choix pour la moitié d’entre eux, soit parce qu’il n’y avait pas de place dans le service d’hébergement dans lequel ils souhaitaient se rendre pour 14?% d’entre eux, soit pour des problèmes logistiques les ayant empêchés de trouver un toit (possession d’un animal domestique refusé par le centre d’accueil, arrivée trop tardive dans le centre en question…). Et les autres?? La moitié trouve un hébergement collectif, dans lequel ils ne peuvent cependant le plus souvent rester passé le matin venu. 12?% dorment dans un hôtel, et le tiers restant dispose d’un toit grâce à une association ou un organisme d’aide.? Comme on le voit, il ne faut pas confondre sans domicile et sans-abri, même si les conditions d’hébergement des SDF laissent trop souvent à désirer. Il est cependant à noter que près de 40?% des SDF n’ont jamais vécu dans un logement à eux.? Ces SDF, justement, qui sont-ils?? La même étude nous en apprend un peu plus sur eux?: trois sur cinq sont des hommes, plus jeunes que la moyenne de la population française, avec une surreprésentation d’étrangers francophones (40?%, contre 6?% dans l’ensemble de la population). 20?% vivent en couple et le quart des sans domicile, qu’ils soient en couple ou non, sont accompagnés d’enfants. Près des deux tiers, malgré tout, déclarent vivre seuls. Un quart avait au moment de l’enquête un emploi (ou le plus souvent un «?petit boulot?»), soit un taux deux fois inférieur à celui de la population dans son ensemble, et 47?% étaient au chômage.
Fermer Fermer
Article
Les personnes sans domicile meurent en moyenne à 49 ans, selon une étude publiée par l'ONPES , Editions ASH , 01/06/2013
Type Article
Titre Les personnes sans domicile meurent en moyenne à 49 ans, selon une étude publiée par l'ONPES
Source Editions ASH
Date de parution 01/06/2013
Commentaire L'âge moyen au décès de la population sans domicile est de 49 ans, ce qui représente en moyenne un écart de presque 30 ans avec la population générale". Loin d'être une surprise, ce constat confirme notamment les chiffres régulièrement communiqués par le collectif des Morts de la rue. Mais il revêt pour la première fois un caractère officiel puisqu'il est publié par l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES), dans le cadre d'une étude visant à pallier les lacunes françaises sur la mortalité des personnes vivant à la rue. "Il pose la question des stratégies de prévention et des politiques publiques pouvant être mises en place pour éviter aux personnes sans domicile de décéder prématurément", commente d'ailleurs l'ONPES, en précisant que cette enquête, qui porte plus précisément sur "La mortalité des personnes sans domicile en France entre 2008 et 2010", est réalisée en rapprochant les bases de données du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc-Inserm) et des Morts de la rue. Contre les idées reçues Malgré ses limites (non-exhaustivité des sources, biais de sélection, causes de décès souvent indéterminées, taux de mortalité impossible à calculer, le nombre total de personnes vivant à la rue n'étant pas connu), ce travail a "permis d'obtenir des premiers résultats importants concernant les décès des personnes sans domicile : il s'agit très majoritairement de décès d'hommes (92 %), relativement jeunes (80 % ont lieu entre 30 et 65 ans)". Parmi ces résultats préliminaires - qui concernent les causes de mortalité des sans-domicile, l'estimation du nombre de décès devant faire l'objet d'une publication ultérieure -, certains font aussi "apparaître des éléments à l'encontre des représentations existantes" - d'ailleurs régulièrement battues en brèche par les Morts de la rue -, souligne l'Observatoire en indiquant que : la mortalité des personne sans domicile présente "de nombreuses similarités avec celle de la population générale", à structure de genre et d'âge au décès comparable ; ces personnes meurent tout au long de l'année, pas seulement l'hiver ; les décès liés à une hypothermie ne représentent d'ailleurs que 4 % des décès chez les personnes sans domicile, et restent donc rares, même s'ils sont plus fréquents que dans le reste de la population ; les décès liés à une consommation excessive d'alcool sont seulement 1,5 fois plus fréquents au sein de cette population (20,6 % contre 12,8 %, après ajustement sur l'âge et le sexe). "La mortalité des personnes sans domicile en France entre 2008 et 2010", La Lettre de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale n° 3, septembre 2013, à paraître prochainement sur son site
Fermer Fermer
Article
Une journée dans la vie d'Eric, SDF à Paris , Le Monde , 26/10/2012
Type Article
Titre Une journée dans la vie d'Eric, SDF à Paris
Source Le Monde
Date de parution 26/10/2012
Commentaire 6 h 59. L'alarme sonne. Eric ouvre les yeux. A côté de lui, sur son matelas, le sac à dos dont il ne se sépare jamais. Habillé d'un pantalon de ville, il se laisse glisser au pied du lit superposé. Dans le box, deux couches sont déjà vides. Un camarade de chambrée se prépare, les quatre autres dorment encore. Eric récupère sous le matelas la serviette de bain qu'on lui a confiée la veille à l'accueil, arrache son drap jetable et sort. Le carrelage du couloir où sont alignés les box, éclairé au néon, est jonché des draps de la nuit. Eric file prendre une douche avec son "kit propreté" quotidien, puis passe à la consigne chercher une chemise. Eric a 50 ans. Il est sans abri depuis deux ans et demi. Broyé par son travail, ébranlé par un divorce, cet ancien fonctionnaire de police a "craqué". Il a sombré dans la dépression, perdu son emploi. Il a "touché le fond" : les nuits dans les parkings, l'hiver parisien, les appels au 115, le numéro du Samu social de Paris qui permet, parfois, de trouver un lit pour le soir. En octobre 2010, il a obtenu une place au "Refuge", un centre d'hébergement d'urgence (CHU) de 426 lits l'hiver (200 l'été) géré par l'association La Mie de Pain, dans le 13e arrondissement. A 8 h 30, après le petit déjeuner au réfectoire, le Refuge ferme. Plusieurs centaines de SDF se retrouvent à la rue, condamnés à errer de squares en stations de métro jusqu'à la réouverture des portes, en début de soirée. Une journée d'attente, longue et froide, commence. Nous avons passé cette journée avec Eric. Salut Didier, tu vas au parc ?" Sur le trottoir d'en face, Didier, 52 ans, dit "le Breton", est le partenaire d'Eric : ils jouent parfois aux échecs ensemble. L'ancien policier et l'ex-garçon de café se sont rencontrés au Refuge, il y a deux ans, quand ils ont tout perdu. Tout deux remontent la rue Charles-Fourier, sac à l'épaule. Le 13e arrondissement est devenu leur territoire, un espace qu'ils connaissent par cœur, peuplé d'habitudes et de repères. ?8 h 35 Le Square de la Montgolfière, à quelques dizaines de mètres du Refuge. C'est ici qu'Eric retrouve chaque jour ses camarades de patience, ceux avec qui il tue le temps en sifflant quelques bières bon marché. C'est sur ces trois bancs, toujours les mêmes, qu'ils passeront la matinée, une matinée interminable, beckettienne, interrompue çà et là par un rendez-vous à la CAF, quelques heures de "travail" (la manche) ou un ravitaillement au supermarché. Au fil des heures, plusieurs "habitués" défileront sur ces trois bancs, chacun accompagné d'un surnom : Eric, dit "le Belge" en référence à son pays d'origine, Didier "le Breton", Nacer, Marseillais d'origine algérienne, surnommé "Pastèque" en hommage à sa morphologie, Jurgen, dit "Blitzkrieg", "le seul Allemand qu'on n'a pas libéré après la guerre", Thierry "le Réunionnais", Jean-Marc, dit "Marc", et Jérôme, dit "Belmondo" ou "Captain Haddock", qui tremble comme une feuille en raison de problèmes neurologiques et d'une consommation abusive d'alcool. "Titi" et "Pierrot", eux, n'ont pas passé l'été. Eric, Didier et Jean-Marc ont chacun leur téléphone vissé à l'oreille. Ils ne disent pas un mot. Ils attendent. Ils cherchent un lit pour Jean-Marc, qui sort de l'hôpital après un malaise cardiaque et dort depuis des semaines dans la rue. Un seul numéro : le 115. Et un refrain, souvent le même : "Bonjour, toutes les lignes de votre correspondant sont occupées, veuillez rappeler ultérieurement", en plusieurs langues, français, anglais, russe ou arabe. Parfois, quelqu'un décroche. "Ils vous mettent alors sur attente. Ça peut durer entre 10 minutes et trois quarts d'heure. Puis ils vous disent de rappeler à 19 heures. Et quand vous rappelez, il n'y a plus de place", résume Eric. Les demandes d'hébergement d'urgence explosent depuis quelques années : + 17,5 % entre janvier et décembre 2011. Le Samu social est saturé. Selon la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale, trois personnes sur quatre ayant appelé le 115 en septembre n'ont pas reçu de proposition d'hébergement. Jean-Marc a de la chance. Après quinze minutes d'attente en musique, on lui a trouvé un lit pour ce soir, "mais rien pour après". "C'est totalement aléatoire, parfois c'est une nuit, parfois trois, souvent rien. Tout dépend de qui vous avez au bout du fil." ?9 h 07 "Tu les as eus ? Oui ? Une place au Refuge ? Putain de bâtards ! 115 de merde !" Nacer, alias "Pastèque", n'est pas en état de se réjouir pour Jean-Marc. L'attente, la loterie des lits, la perspective d'une nouvelle nuit dans la rue créent parfois des tensions et des jalousies... "C'est pas une vie ça, j'ai rien moi. J'en ai marre, je craque. Le 115, ils m'ont dit de rappeler à 19 heures. C'est ça qui m'énerve, s'emporte-t-il en montrant son sac. Je dors dans des abribus, le métro, des parcs... Je peux pas aller travailler avec un sac ! Mais il faut bien que je me lave, que j'aie un duvet..." ?9 h 46 L'heure de la première bière. Une Koenigsbeer, la moins chère, 54 centimes au Carrefour Market, 7 degrés. On tue le temps, cigarette sur cigarette, canette après canette. "C'est long une journée quand on ne fait rien, c'est long", soupire Eric. ?9 h 50 Nacer part à son rendez-vous avec un assistant social à Charonne, qui doit théoriquement l'aider à trouver un logement. Avec un toit sous lequel poser son sac, il dit pouvoir trouver "dans l'heure" du travail dans le BTP. Il ne se fait pas trop d'illusions sur la tournure de l'entretien. "Je te laisse mon sac", lance-t-il à Eric. ?10 h 07 Didier est revenu de sa "tournée mégots". En général, il les dépiaute pour en faire des roulées. Mais les cigarettes les moins entamées se fument telles quelles. Moignon de clope au bec, les jambes croisées sur un bout de banc, il entame une grille de mots fléchés. "C'est ceux du Parisien, ils sont assez faciles." DJ en Bretagne pendant huit ans, puis barman en boîte de nuit, Didier est monté à Paris en 1997, où il a officié quelques années comme garçon de café. Il perd son boulot en septembre 2010, et subit le coup de grâce : un redressement fiscal. "J'ai joué, j'ai perdu, concède-t-il. Au départ, je devais 3 000 euros. Mais avec les intérêts, c'est monté à 8 000. Et une fois à la rue, il m'est devenu impossible de rembourser." En fin de droit, Didier n'a plus aucun revenu. Sa demande de RSA est en attente, et il fait la manche, deux ou trois jours par semaine. Cet l'après-midi, il ira "travailler" à la station Pasteur, où il a ses habitudes. ?10 h 25 Dans son sac, Eric a un plan de Paris, un livre sur Bourvil, un hors-série du Point sur les personnages de Tintin, des sudokus, de la mousse à raser, un rasoir, des chaussettes, un slip, du déodorant, une radio, des piles, un limonadier ("super important, tout le monde doit en avoir un"), et des papiers administratifs. Il transporte également deux raquettes de ping-pong. "Didier, tu joues ?" ?10 h 32 Trois gamins font irruption, raquettes en main, et convoitent ostensiblement la table. Ce sont les premiers visiteurs du square depuis le début de la matinée. Les deux pongistes précaires leur cèderont vite la place. "Eux, ils sont meilleurs", sourit Didier. ?10 h 46 C'est l'heure du premier ravitaillement. Devant le centre commercial Italie 2, Eric et Didier croisent José, "toujours à la même place", immobile, une gueule minéralisée par la tristesse, comme surprise par une coulée de lave dans un moment d'effroi. Un peu plus loin, c'est le coin des Polonais. ?10 h 54 Chez Carrefour Market, direction le rayon bière. Les bras chargés de huit Koenigsbeer 50 cl, on passe en caisse. "On en offre à ceux qui n'ont pas les moyens de s'en payer, précise Eric. La solidarité, c'est important". ?11 h 43 Nacer est rentré de son entretien, bredouille, comme attendu. Il est nerveux, presque agressif, s'emporte contre le système d'hébergement d'urgence qui privilégie "les fous" et les étrangers "qui ne parlent même pas français". "Ça fait trois semaines que je dors dehors !", enrage-t-il. ?11 h 45 Jurgen "Blitzkrieg" se mouche. Bonnet de laine bleu vissé sur sa vieille tête plissée, il n'a pas dit un mot de la matinée. Il restera ainsi enfermé dans le silence toute la journée. ?11 h 52 Au détour d'une phrase, Nacer fait allusion à son fils, qui vit chez ses parents à Marseille. Sa femme, elle, est morte. Didier aussi est père : il a une fille, qui vit en Bretagne, chez sa mère à lui. Elle a 25 ans. Il ne l'a pas vue depuis 1999, elle en avait 13. "Des fois, on se téléphone". Eric, lui, a deux filles, de 21 ans et "18 ans et demi". Il n'a pas de nouvelles depuis 2005. Thierry le Réunionnais aussi avait une famille. Un divorce pour faute l'a mis à la rue. "C'est de ma faute, je l'avais trompée." Une larme coule sur sa joue. Sa dernière nuit dehors l'a épuisé. Il a 42 ans : "J'ai les moyens de travailler, je veux m'en sortir seul. Mais sans un logement, c'est impossible." "Faut nous aider, reprend-il. On est pas racistes, mais on est le même peuple, faut faire passer les Français en premier. Il y a des profiteurs." ?12 h 01 Eric sort sa petite radio. Les premières mesures de Dancing Queen d'Abba crachotent dans le poste : "On écoute toujours Nostalgie. On est des vieux, on se souvient du temps passé." ?12 h 30 "Tiens, voilà les oiseaux, ça veut dire qu'il est midi et demi." Une nuée de volatiles vient d'envahir le parc. Les SDF du square de la Montgolfière apportent parfois du pain pour nourrir les moineaux. "Pas les pigeons, les pigeons c'est une plaie. On ne les aime pas. Ils se perchent sur un arbre et vous chient dessus", explique Eric, souvenir à l'appui : "Titi [qui est mort cette année] s'est retrouvé un jour avec une merde sur une veste en daim qu'il venait d'acheter. Il n'a jamais pu la rattraper." ?12 h 40 Eric saute souvent le déjeuner. Comme beaucoup de ses acolytes. Mais en ce moment, il a un peu de sous. Il décide de faire un saut au Quick de l'avenue d'Italie. Devant un Giant, il raconte sa vie. "J'ai connu la maison, les deux voitures, un salaire de 2 000 euros net par mois, une femme, deux filles", énumère-t-il en évoquant sa vie de fonctionnaire de police en Belgique. Le divorce, la pression au travail, la dépression : il plaque tout et migre en 2005 dans le Maine-et-Loire, où il se fait saisonnier. Il perd son boulot fin 2009 et monte tenter sa chance à Paris. La rue, le 115, la galère... Depuis l'an dernier, Eric a un emploi précaire, comme un tiers des sans-abris hébergés au Refuge. Il accompagne des personnes ne pouvant voyager seules dans leurs trajets à la RATP ou la SNCF. C'est un contrat Pôle Emploi. 20 heures par semaine. Il gagne 650 euros par mois. Mais il est toujours SDF. "Il est plus facile de descendre que de remonter", résume-t-il. ?14 heures Comme souvent, Eric va faire un saut dans un accueil de jour tenu par une petite association du 5e arrondissement, Cœur du 5. Il y fait bon, l'ambiance est familiale, on se fait son café soi-même et on y trouve des jeux de société. ?14 h 22 Didier a rejoint Eric. Les deux compères se lancent dans une partie de Scrabble. Pour son deuxième coup, Didier arrange un mot de cinq lettres sur son pupitre : "Loyer". Pas de place sur la grille : il joue "Rayé". A leur table, Brahim n'est pas d'humeur à jouer. "C'est catastrophe", répète inlassablement ce frêle monsieur de 51 ans en buvant son café. Brahim est marocain. Il a passé douze ans en Italie, où il a toujours travaillé, comme aide cuisinier puis dans l'usine d'un sous-traitant de Fiat. Ses enfants sont restés au Maroc. "C'est pour eux que je suis ici." En 2008, l'usine a fermé sous l'effet de la crise. Il s'est retrouvé à la rue, "pour la première fois" de sa vie. Las de dormir dehors et d'écumer les dormitori (dortoirs) du pays, il a tenté sa chance il y a sept mois en venant à Paris. "Beaucoup de travailleurs immigrés d'Italie et d'Espagne viennent en France en ce moment, parce que là-bas, il n'y a plus rien", explique-t-il. Mais la crise ne s'est pas arrêtée aux Alpes ni aux Pyrénées. Brahim dort dehors depuis sept mois, passe ses journées à appeler le 115 en espérant trouver un lit. Il est brisé. "C'est catastrophe. Jamais je pensais vivre ça." ?15 h 40 Eric et Didier ont pris le métro, direction Pasteur. C'est ici que Didier "travaille". Eric, lui, ne fait pas la manche, ce n'est pas son truc. "Je ne peux pas", glisse-t-il. Et il n'en a plus besoin. Lui a un travail. Didier, rien, pas même le RSA. L'ancien garçon de café sort son nouvel "outil de travail", un gobelet de 50 cl de chez McDo, dont il extrait deux cartons identiques, l'un pour devant, l'autre pour derrière : "Accepte tout travail". Didier glisse trois pièces au fond du gobelet, son "fond de commerce", et s'installe en haut des marches, à la sortie du métro, parce qu'à l'intérieur "c'est interdit". Quand il récolte une grosse pièce, il l'ôte du gobelet, pour ne pas se la faire voler. "Y a des petites règles à respecter, c'est un métier." Le calendrier et la météo ont aussi leur importance. "Je vais toujours au même endroit, car ce sont souvent les mêmes gens qui donnent et ils me reconnaissent. Je privilégie le mardi et le jeudi : le lundi, les gens reprennent le travail, ils sont de mauvaise humeur, tandis qu'en fin de semaine, c'est mieux, ils sont bientôt en week-end. Le climat a aussi son importance : quand il fait froid, les gens sont plus généreux. Mais quand il pleut, rien : un parapluie dans une main, le portable dans l'autre, c'est mort." ?19 heures Après douze heures d'errance et de petites habitudes, Eric laisse Didier à son métro et regagne la rue Charles-Fourier. Il prend place dans la queue des "accueillis", qui rentrent dîner et dormir au Refuge. Un de ses potes l'interpelle : "Tu peux prévoir la doudoune : samedi matin, ils annoncent - 1 degré." Eric récupère une serviette, un drap jetable, son kit de douche et monte faire son lit. Il redescendra ensuite au réfectoire pour manger, avant de sortir boire un coup, sur le trottoir d'en face, pas loin de l'épicier. Il sera rejoint par des potes, ou restera seul. "J'ai parfois envie d'être tranquille."
Fermer Fermer
Article
Les professionnels de l'urgence sociale donnent de la voix , Editions ASH , 03/03/2011
Type Article
Titre Les professionnels de l'urgence sociale donnent de la voix
Source Editions ASH
Date de parution 03/03/2011
Commentaire L'affaire semblait certes un peu improvisée, mais la motivation était bien là : plusieurs dizaines de salariés de l'urgence sociale sont descendus dans la rue ce jeudi 3 mars, dans plusieurs villes de France - Lyon, Bordeaux, Toulouse, etc. -, et en particulier place de l'Hôtel-de-Ville à Paris, pour réclamer des moyens supplémentaires et la remise en cause de la logique saisonnière de l'hébergement d'urgence, qui conduit à remettre les usagers à la rue à la fin de la période hivernale. Et s'il n'étaient qu'une trentaine de représentants des 115 de Paris, des Hauts-de-Seine et du Val-d'Oise à s'être ainsi rassemblés au coeur de la capitale, en compagnie de (rares) élus parisiens de gauche, c'est un véritable "ras-le-bol" qu'ils ont exprimé, derrière une banderole résumant en quelques mots le sens de leur présence : "SOS urgence 115 Fin de l'hiver TJ [toujours] autant de misère". Des refus éprouvants Un constat qui revient malheureusement chaque année avec le printemps mais que les professionnels des Samus sociaux ont de plus en plus de mal à admettre. "Le manque de places rend le travail très éprouvant", a ainsi témoigné jeudi après-midi une écoutante sociale du 115 de Paris auprès du site des ASH, en soulignant la difficulté d'opposer parfois systématiquement des réponses négatives aux demandes d'aide, en raison de la saturation du dispositif d'accueil d'urgence. "On est confrontés à des drames humains en permanence", a déclaré pour sa part Nathalie Roussel, assistante sociale référente pour l'hébergement hôtelier au Samu social du Val-d'Oise. La simple application de la loi Or "on demande simplement l'application de la loi, c'est-à-dire l'inconditionnalité de l'accueil et la non-remise à la rue", a-t-elle précisé. Un engagement qui ne peut passer, selon Olivia Rattier, représentante du personnel du 115 de Paris pour le Collectif des salariés solidaires (CSS), que par "une augmentation des moyens en termes d'embauches comme de crédits alloués aux missions des professionnels". Mais au-delà des revendications, cet appel à la grève et à la manifestation, lancé au départ par le Samu social de Lyon et relayé de service en service à travers toute la France, avec des fortunes diverses, révèle un mouvement plus profond, une envie de mobilisation de l'ensemble des des intervenants des 115 qui pourrait s'amplifier dans les prochains mois, selon le voeu des manifestants parisiens. Une mobilisation qui monte "Il y a une vraie volonté des gens de faire du bon travail, on sent que ça mûrit", a ainsi rapporté Nathalie Roussel, en évoquant une prise de conscience de la nécessité d'agir de manière coordonnée pour faire avancer les choses. Une prise de conscience qui a d'ailleurs, assez ironiquement, émergé progressivement au cours des rencontres qui ont eu lieu avec le préfet Alain Régnier, délégué interministériel à l'hébergement et à l'accès au logement, et qui, à défaut d'apporter des réponses à leurs demandes, ont du moins favorisé les prises de contact entre représentants des différents Samus sociaux de France...
Fermer Fermer
Article
L'Europe se penche sur le sans-abrisme , Editions ASH
Type Article
Titre L'Europe se penche sur le sans-abrisme
Source Editions ASH
Commentaire A l'occasion de la conférence de consensus européenne sur le sans-abrisme organisée à Bruxelles les 9 et 10 décembre, la Fédération européenne d'associations nationales travaillant avec les sans-abri (Feantsa) a préparé une note de cadrage sur cette question. L'association rappelle ainsi les caractéristiques et les causes du sans-abrisme en Europe, avant de détailler le contexte politique européen en matière de lutte contre le sans-abrisme, qui est "devenue une priorité de la stratégie européenne de protection sociale et d’inclusion sociale". Enquête publique L'association précise surtout la méthodologie de la conférence de consensus, celle-ci pouvant être définie "comme une enquête publique au centre de laquelle un jury est chargé d’évaluer une question suscitant une controverse sociale" : des experts du domaine apportent des éléments de preuve au jury, qui a la possibilité de poser des questions avant d’évaluer ces éléments en privé et de produire un rapport de conclusions. "L’objectif est de porter le débat sur la question controversée au-delà de la sphère des experts et des groupes d’intérêt afin de faire progresser l’évaluation de la question et de faciliter ainsi la prise de décision", précise la Feantsa, qui rappelle que la conférence de consensus "est un outil flexible et transférable à de nombreux contextes et objectifs, mais ce n’est que récemment qu’elle a été appliquée à la politique sociale et au sans-abrisme en particulier". Une première dans le domaine social La Conférence de consensus européenne sur le sans-abrisme est d’ailleurs la première dans le domaine social, même s’il existait un précédent en France avec la conférence "Sortir de la Rue" organisée à Paris en 2007. Enfin, une conférence de consensus "exige une phase préparatoire minutieuse". Dans le cas de celle organisée aujourd'hui et demain, un comité d’organisation rassemblant 20 acteurs dans le domaine du sans-abrisme (ONG, chercheurs, autorités publiques,..) se sont partagé la responsabilité de la phase de planification. Les principales missions de ce comité étaient d'identifier les questions clés devant être abordées lors de la conférence, sélectionner les membres du jury chargés d’établir le consensus, et enfin sélectionner les experts chargés d’apporter au jury les éléments de preuves sur les questions abordées
Fermer Fermer
Article
Sans-abri : renforcement du dispositif hivernal de la capitale , Editions ASH , 23/11/2010
Type Article
Titre Sans-abri : renforcement du dispositif hivernal de la capitale
Source Editions ASH
Date de parution 23/11/2010
Commentaire Dotée d'un dispositif d'hébergement pérenne d'environ 8 000 places qui se révèle chaque année largement insuffisant pour faire face aux besoins, et d'autant plus en période hivernale, la Ville de Paris a présenté, lundi 22 novembre, les moyens supplémentaires mis en oeuvre pour augmenter sa capacité d'accueil pendant les grands froids de l'hiver 2010-2011. Une logique saisonnière dont l'adjointe au maire de la capitale chargée de la solidarité, de la famille et de la lutte contre l'exclusion, Olga Trostiansky, a certes reconnu les limites, dans un contexte de baisse des budgets alloués par l'Etat à l'hébergement d'urgence et à la lutte contre l'exclusion tout au long de l'année. Mais les habitudes - et les instructions gouvernementales - étant ce qu'elles sont, la météo continue de dicter sa loi dès que le mercure tombe en dessous de 10 degrés, avec pour charge aux préfets de déclencher les différents niveaux d'alerte entraînant les mesures de mise à l'abri prévues. Sept gymnases... Un dispositif auquel la capitale concourra cette année avec sept gymnases ouverts en cas de grand froid - dont l'un reste à identifier, les autres étant situés dans les Ve, VIIe, XIIe, XIVe, XVIIe et XIXe arrondissements, soit plus de 350 places disponibles -, contre cinq l'année dernière, s'est félicitée Olga Trostiansky. Deux centres d'hébergement doivent également ouvrir de manière temporaire ; l'un est encore à l'état de projet, tandis que l'autre, situé boulevard du Montparnasse dans le VIe et doté d'une centaine de places, sera plus particulièrement destiné à abriter des exilés n'ayant pas obtenu de place en centre d'accueil des demandeurs d'asile (CADA), le dispositif étant saturé à Paris. ... et quatre mairies En cours d'aménagement et géré par l'association Emmaüs, il doit ouvrir ses portes courant décembre, a précisé Olga Trostiansky, au cours d'une conférence de presse organisée à la mairie du XIe. L'arrondissement de Patrick Bloche rejoint en effet les Ier, IIIe et IVe arrondissements déjà volontaires les années précédents pour ouvrir des salles municipales permettant d'accueillir des sans-abri la nuit en cas de froid extrême, pour une capacité totale de 78 places. L'accueil de jour des deux espaces solidarité insertion (ESI) gérées par la Ville de Paris dans les XIVe et XVIe arrondissements sera par ailleurs élargi, le soir, et les maraudes renforcées sur tout le territoire parisien, et en particulier dans le bois de Boulogne et le bois de Vincennes. Du rififi au bois de Vincennes Ce dernier ayant d'ailleurs été le théâtre, ce week-end, d'une destruction controversée de plusieurs cabanes, la Ville de Paris s'est défendue d'avoir voulu faire le ménage en invoquant, pour se justifier, "des situations lourdes en termes sanitaires" pour les personnes concernées, ainsi que "des conditions extrêmes pour leur sécurité et celle des autres". Un relogement en centre d'hébergement leur a été proposé, 17 l'ayant accepté, selon Olga Trostiansky. Quant à la maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale (MOUS) mise en place dans le bois de Vincennes, elle a déjà permis à "plus d'une cinquantaine de personnes de sortir du bois", a encore indiqué l'adjointe de Bertrand Delanoë
Fermer Fermer
Ouvrage
Les sans-logis face à l'ethnocentrisme médical : approche ethnographique d'un système de soins , Harmattan (L') , 01/01/2009
Type Ouvrage
Titre Les sans-logis face à l'ethnocentrisme médical : approche ethnographique d'un système de soins
Source Harmattan (L')
Date de parution 01/01/2009
Fermer Fermer
Article
Des recommandations pour la santé des « sans chez soi » , Quotidien du médecin (Le) , 12/01/2009
Type Article
Titre Des recommandations pour la santé des « sans chez soi »
Source Quotidien du médecin (Le)
Date de parution 12/01/2009
Commentaire En analysant les interrelations compliquées existant entre la très grande précarité et la santé, le rapport du Dr Vincent Girard, remis à Roselyne Bachelot le 7 janvier, souligne « l’urgence à agir, mais à ne plus agir en urgence ». Il énonce cinq recommandations principales pour qu’il n’y ait plus de personne malade à la rue. Parmi elles, le recrutement de « travailleurs pairs » et la création d’un tableau de bord annuel. « LES DONNÉES épidémiologiques disponibles, l’espérance de vie des personnes sans domicile ou vivant à la rue est d’environ 45 ans », souligne la ministre de la Santé dans la lettre de mission adressée au printemps au Dr Vincent Girard, psychiatre, PH à l’hôpital de la Timone, à Marseille. Elle lui demandait d’explorer l’interrelation entre précarité et santé, sur le plan somatique et psychiatrique. Le rapport, réalisé avec les Drs Pascale Estecahandy et Pierre Chauvin, a été remis vendredi à la ministre, en présence de Benoist Apparu, secrétaire d’État chargé du logement et de l’urbanisme, et du préfet Alain Régnier, délégué général pour la coordination de l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans-abri ou mal logées. Il met en lumière « à la fois les difficultés du système de soins à répondre aux besoins des personnes, mais aussi l’importance d’avoir un chez soi pour la santé ». Le tableau, s’accordent à affirmer tous les acteurs de terrain, est « catastrophique » : espérance de vie estimée de 30 à 35 ans inférieure à la population générale, qualité de vie dégradée, violences psychosociales, physiques et sexuelles, grandes difficultés à accéder à des soins effectifs, discriminations allant jusqu’au refus de soins (patients CMU). Et pourtant, des programmes spécifiques et des dispositifs multiples tentent d’apporter des solutions. Leur cloisonnement nuit à leur efficacité, avec des administrations centrales sanitaires (DGS) et sociales (DGAS) qui ne communiquent pas entre elles. D’où la première des cinq recommandations du rapport: décloisonner les divers programmes. Des programmes qui peuvent être très performants mais qu’il convient de doter de dispositifs de coordination et de médiation pour faire travailler tous les acteurs en réseau. Il faudrait donc regrouper les compétences DGS, DGAS, DHOS, DSS autour de la question de la précarité, constituer localement des contrats de santé spécifiques et regrouper, au sein de chaque hôpital toutes les activités de prise en charge des personnes sans abri. Dans cet esprit, la deuxième recommandation suggère « le tuilage entre le médical et le social » au sein des équipes mobiles d’intervention dans tous les territoires ; des conseils locaux en santé mentale, des maisons d’accompagnement sociosanitaire pourraient voir le jour. Recours à des travailleurs pairs. Pour développer ces nouvelles pratiques, la troisième recommandation vise à développer de nouvelles pratiques professionnelles, avec en particulier le recours à des travailleurs pairs, c’est-à-dire des personnes issues de la population cible des projets, qui ont compétence pour exercer une médiation entre usagers dispositifs généraux. Par leur histoire, ils décloisonnent également un monde professionel, avec la bonne distance, dans la proximité géographique, socilogique et existentielle. Dans cet esprit, le Dr Girard propose que soient reconnues les compétences dites profanes, tirées de l’expérience de ces travailleurs pairs, compétences qui lui semblent essentielles pour développer les nouvelles pratiques. Quatrième recommandation, l’habitat d’urgence et de réinsertion pourrait être amélioré par la création d’une solution habitat thérapeutique semi collectif, en partie autogérée, qui permettrait d’hospitaliser les personnes à domicile, sachant que c’est un d’un véritable logement, comme tout un chacun, que ces personnes ont besoin, et pas seulement d’un hébergement ou d’un abri. Il leur faut « un chez soi d’abord ». Enfin, le rapport Girard plaide pour la promotion de la recherche et de l’évaluation sur la question du sans-abrisme, avec des enquêtes locales, l’activation de systèmes de surveillance et d’alerte hospitaliers pour mettre au point un tableau de bord annuel de l’état de santé et de la prise en charge sanitaire des personnes sans chez soi.
Fermer Fermer
Article
Les sans-abri critiquent les centres d’hébergement , Quotidien du médecin (Le) , 28/09/2009
Type Article
Titre Les sans-abri critiquent les centres d’hébergement
Source Quotidien du médecin (Le)
Date de parution 28/09/2009
Commentaire L’enquête menée par la Croix-Rouge française auprès des sans-abris révèle l’inadéquation des centres d’hébergement d’urgence (CHU), spécialement en termes de soins, et explique le refus de 43 % des personnes d’y être conduites en période de grand froid. PLUS DE 50 % des personnes à la rue dénoncent le manque d’intimité dans les CHU, 46 % regrettent qu’ils soient peu propices au repos, 38 % se plaignent du manque d’hygiène et de sécurité qui y règne. Ces critiques ont été recueillies par la Croix-Rouge française, en partenariat avec le Samu social de Paris, l’Ordre de Malte et l’Armée du Salut, dans le cadre de la première enquête réalisée auprès des personnes à la rue (chantier national prioritaire 2008-2012)?; 255 d’entre elles ont été interrogées lors de maraudes dans une trentaine de départements. La moitié de ces personnes ont perdu leur logement depuis moins de trois ans?; 60 % dorment dans l’espace public (rues, gares...), 35% dans des squats, 22 % dans des centres (urgence, foyers, accueils de nuit), 16 % chez des tiers (amis) et 9 % à l’hôtel. Près des trois quarts disposent d’une ou de plusieurs sources de revenus (RMI, AAH, mendicité), 14 % ne vivant que de la mendicité (30 % chez les jeunes). Cette étude enregistre une demande de soins de santé exprimée par 48 % des personnes, une proportion qui dénote, selon la Croix-Rouge, une carence préoccupante du système de soins, l’accès au droit commun des sans-abri n’étant pas aisé. Les personnes à la rue sont 42 % à se déclarer contre (ou contre dans certains cas) la mise à l’abri obligatoire en période de grand froid?; 27 % s’y montrent favorables et 19 % seulement dans certains cas. La recherche de réconfort (autant physique que moral), énoncée par 79 % des personnes interrogées traduit l’isolement très fort dont elles souffrent, l’absence de lien social et d’attention à l’autre. Les rôles joués par les équipes mobiles sont de ce fait jugés importants. Des services hors hébergement sont d’autre part réclamés par la majorité des personnes à la rue : 58 % demandent des lieux d’hygiène, 50 % des aides aux démarches administratives, 41 % des soins. Le 115, numéro d’urgence spécialisé, n’est guère utilisé : au cours des douze derniers mois, un quart des personnes interrogées déclare ne l’avoir jamais composé, et 40 % disent l’appeler peu fréquemment. Pour la Croix-Rouge, cette enquête montre que « le dispositif d’accueil et d’hébergement n’est globalement pas adapté aux attentes des personnes rencontrées par les équipes de maraude, ce qui paraît plaider en faveur de la mise en place d’une offre de services plus accessible, plus souple et plus diversifiée. »
Fermer Fermer

Connexion

Identifiant
Mot de passe
A la semaine prochaine !