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Fonds documentaire : Article
Titre La santé en prison garde des zones d’ombre : L’InVS fait état de la situation en France et à l’étranger
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Drogou Irène
Date de parution 19/06/2014
Commentaire Malgré la vulnérabilité reconnue des personnes détenues, il n’existe encore aucun système de surveillance épidémiologique spécifique au milieu carcéral en France. À la demande du Ministère de la santé, l’InVS dresse un état des connaissances sur le sujet à partir des données existantes en France et à l’étranger. Certaines pathologies pressenties sont documentées et effectivement surreprésentées dans ces populations, quand d’autres a priori problématiques restent sous-documentées et peu suivies. Pouvait-il en être autrement ? L’état de santé des personnes détenues n’est pas celui de la population générale. Troubles psychiatriques, addictions, maladies infectieuses, le milieu carcéral concentre des problématiques difficiles et intriquées en matière de santé. Mais ce sont loin d’être les seules à considérer, comme en témoigne un rapport de l’InVS sur l’état des connaissances sur la santé des personnes détenues en France et à l’étranger. Dans ce rapport demandé par le ministère de la santé dans le cadre du plan national visant la «Politique de santé pour les personnes placées sous main de justice» afin «d’assurer la même qualité et continuité des soins qu’en population générale», l’institution pointe aussi du doigt les maladies chroniques, le handicap et les déficiences sensorielles, intellectuelles et motrices, ou encore d’autres thématiques comme les traumatismes. Avant même leur incarcération, les personnes détenues cumulent de nombreuses difficultés sanitaires et sociales et que l’entrée en prison ne fait qu’accentuer. L’état de santé global reste mal connu pour autant, puisqu’il n’existe aucun dispositif de remontée des données épidémiologiques spécifiques au milieu pénitentiaire. «Afin d’identifier les besoins sanitaires à couvrir», l’InVS s’est ainsi vu confier la tâche préalable de dresser un état des connaissances. Pour cela, l’InVS a effectué une revue de la littérature internationale en langue française et anglaise, totalisant 277 références pour 83 sélectionnées au final. Deux publics spécifiques ont fait l’objet d’une recherche particulière, les seniors et les femmes. En France, quatre études d’échelle nationale se sont dégagées, l’enquête «HID-prison» sur le handicap, l’enquête «Cemka-Eval» sur la santé mentale, celle de la Drees et l’enquête Prévacar sur le VIH, du VHC et la consommation d’opiacés. Un trio en surreprésentation Concernant les thématiques les mieux documentées et les plus fréquentes, à savoir les troubles psychiatriques, les addictions et les maladies infectieuses, «les données nationales de référence sont convergentes avec la littérature interantionale». L’InVS souligne qu’en matière de troubles psychiatriques, il est bien difficile «voire impossible» de faire la part entre les «troubles importés (antécédents et troubles mentaux déjà présents au moment de l’incarcération) de ceux développés en cours de détention». Les troubles psychotiques, comme à l’international, ont une prévalence 5 à 10 fois supérieure à celle de la popualtion générale, de l’ordre de 10-20%. Les troubles de la personnalité ont une prévalence de 40-65%, la dépression majeure de 10-14% l’anxiété généralisée de 12-15%. Les troubles de la personnalité sont ainsi les troubles psychiatriques plus fréquents, touchant «la moitié des femmes et les deux tiers des hommes incarcérés». Les troubles psychiatriques concernent davantage les femmes, hormis les troubles de la personnalité de type antisocial. Chez les sujets âgés, si «la santé mentale ne semble pas plus dégradée que chez les jeunes», la nature des troubles diffère avec davantage de psychoses et moins de personnalité antisociale. Des questions non résolues Plus de la moitié des sujets incarcérés consomment trop d’alcool ou fument. La situation française est comparable à celle à l’international avec 78% de fumeurs, 30,9% de consommateurs abusifs d’alcool et près de 10% de sujets dépendants aux drogues. Si les hommes sont plus dépendants à l’alcool que les femmes, elles le sont davantage aux drogues. Les maladies infectieuses ont été également très étudiées du fait de leur caractère transmissible, des pratiques à risque et des conditons d’hygiène. La prévalence du VIH atteint en moyenne 2% en milieu carcéral, la prévalence des hépatites de 3 à 10% à l’international, avec en France une prévalence de 0,4% pour le VHB et moins de 5% pour le VHC. En France, l’incidence de la tuberculose active est près de 5 fois celle de la population générale. Concernant les maladies chroniques, telles que le diabète, l’hypertension artérielle, l’asthme ou les dyslipidémies, «les résultats sont peu probants et encore divergents». Même si ces prévalences ne sont pas toujours supérieures à celles de la population générale, entre 25 à 50%, l’InVS souligne que «les premiers résultats mettent en évidence l’importance de certaines pathologies en détention». Compte-tenu du vieillissement de la population carcérale, l’InVS estime que «de nouvelles investigations apparaissent nécessaires». Certaines pathologies semblent plus rares, comme les cancers et les maladies neurologiques, peut-être du fait d’une prise en charge en milieu hospitalier et d’une population plus jeune moins exposée. Alors que les travaux sur d’autres thématiques de santé, telles que «la santé bucco-dentaire, les pathologies ostéo-articulaires, dermatologiques, digestives, génito-urinaires ou encore les traumatismes», sont peu conclusifs, l’InVS remarque qu’ils reflètent la préoccupation à ce sujet de professionnels de santé et pointent «la nécessité de mieux connaître les besoins réels». Le turn-over en détention ne cessant d’augmenter ainsi que le nombre de personnes concernées, puisque plus de 66000 personnes incarcérées au 1er janvier 2013 et plsu de 88000 entrées en prison la même année, l’InVS souligne l’importance de développer la surveillance de la santé des détenus. Deux pistes sont proposées: la mise en œuvre d’un dispositif de collecte des données de santé en routine ou la réalisation régulière d’enquêtes épidémiologiques de grande envergure.
Mots-clés PRISON / FRANCE
Langue Français

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