Le choix de s’orienter professionnellement vers le métier infirmier réside dans le profond désir de prendre soin de l’Autre. Si la bienfaisance représente le fondement même de la pratique professionnelle, reposant sur des valeurs communes et un processus de construction identitaire soignant, elle est également le fruit d’une posture professionnelle visant à rechercher en premier lieu l’intérêt du patient. Il apparait alors comme sensé que ce principe éthique soit corrélé avec la notion de respect de la dignité du patient, qui passe par la reconnaissance de ce dernier dans toute sa singularité. Or il est force de constater que les pratiques tendent parfois à s’orienter vers des situations de non-bienfaisance. Alors comment notre coeur de métier peut– il être parfois mis à mal ?
Bien que l’intentionnalité positive semble guider nombres de soignants dans leur pratique quotidienne, de nombreux éléments interfèrent avec cette volonté de bien faire. Des contraintes diverses qui tendent à orienter les pratiques vers une banalisation du soin, à la notion d’obstination dans les soins et autres, ces diverses situations de non-bienfaisance ne semblent pas répondre de mauvaises intentions, mais plutôt être le résultat de mauvaises pratiques dont les soignants n’ont pas conscience. C’est ainsi que développer une pratique réflexive, visant à se questionner sur le sens de ses propres pratiques, apparait comme une piste de réflexion pour lutter contre ces dérives du prendre soin.
Une série d’entretiens menés auprès de cinq soignants venant de divers horizons me permettra par la suite de confronter les points de vue de ces derniers sur le sujet au cadre théorique, émanant de la littérature scientifique, afin d’en dégager une question de recherche menant vers une ouverture.
