Les soins d'hygiène représentent une part très importante de l'activité soignante. Nécessaire, ce travail n'en est pas moins jugé par les soignants (infirmières ou aides-soignantes) comme une corvée, même s'ils proclament que la toilette est un soin très important pour la personne soignée. Ce livre traite de l'écart considérable, voire de la contradiction, entre d'une part l'idéalisation des soins d'hygiène, sources de bien-être, de réconfort, d'une relation privilégiée (notamment pour les " grands malades " et en gériatrie), et d'autre part la réalité pratique fuie et dévalorisée par l'ensemble des soignants, y compris les aides-soignantes. L'auteur, directrice d'un IFSI, s'est fondée, entre autres, sur les données de ses observations auprès des élèves à propos de leur vécu lors des " premières toilettes " - qui vont déterminer le comportement professionnel, mais aussi sur son propre travail sur le terrain avec de jeunes soignants. Par ailleurs, de nombreuses citations littéraires (de Thomas Mann, Zola, Simone de Beauvoir, Kafka, Tolstoï...) jalonnent son texte, éclairant de façon magistrale et émouvante les situations auxquelles sont confrontés les personnes soignées, leur entourage et les soignants. L'expérience difficile des soins d'hygiène tant pour les soignés que pour les soignants est trop souvent soumise à la loi du silence. Il n'est pas ou rarement possible d'en parler. Chacun fait comme il peut : c'est un problème personnel qui donne en général lieu à une solution personnelle, avec tout ce que cela implique. Aussi le mérite de Marie-Annick Delomel est-il d'avoir osé étudier ce sujet, sans négliger les aspects " qui font peur ". Parions que son livre fera date, mais aussi que, par sa franchise et sa sincérité, il permettra de mieux maîtriser des soins souvent éprouvants et de soutenir ceux qui les réalisent.
