Après deux années de baisse, le Secours catholique annonce, dans son rapport annuel rendu public jeudi 5 novembre, que le nombre de personnes accueillies dans ses centres a augmenté de 2,3 % en 2008. En majorité, il s'agit de femmes, qui souvent élèvent seules leurs enfants.
En effet, selon ses statistiques d'accueil de l'année 2008, les 3 900 équipes de l'association ont rencontré 633 000 "situations de pauvreté", soit environ 1 450 000 personnes, dont 780 000 adultes et 670 000 enfants. En 2007, le nombre de "situations de pauvreté" rencontrées étaient de 629 500.
Pour le secrétaire général du Secours catholique, Pierre Levené, c'est bien évidemment la crise économique qui est responsable de cette hausse : "Plus de 90 % des personnes secourues par nos équipes vivent sous le seuil de pauvreté (910 euros par unité de consommation)".
Les plus de 50 ans, de plus en plus exposés
"Les nouvelles personnes accueillies s'en sortaient difficilement avant la crise", poursuit-il en introduction au rapport. "Victimes des plans d'ajustement, elles frappent désormais à la porte des services sociaux qui souvent n'ont d'autres solutions que de les orienter vers les Secours catholique".
Cette année, l'organisation souligne deux évolutions importantes au sein de la population accueillie. Tout d'abord, et il s'agit du "phénomène le plus marquant de ces dix dernières années", selon les auteurs du rapport, les 50 ans et plus sont de plus en plus nombreux à rencontrer les équipes du Secours catholique.
Alors qu'ils ne représentaient que 9,5 % de la population accueillie en 1999, les séniors forment actuellement 12 % des effectifs. Il faut noter que près du quart des personnes de plus de 50 ans rencontrées par l'association ne travaillent pas en raison de leur état de santé.
Les femmes, "premières victimes de la pauvreté"
Ensuite, le rapport s'attache à décrire la situation des femmes, "premières victimes de la pauvreté" et dont le nombre n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Elles constituent désormais 54,4 % des adultes rencontrés. La pauvreté se féminise "lentement mais sûrement" (+ 3,4 % en 20 ans), ajoute le texte.
Si la "pauvreté au féminin revêt de multiples visages", plusieurs indicateurs relevés par le Secours catholique permettent d'expliquer les causes de cette prédominance.
Près de six femmes sur dix vivent seules et elles sont de plus en plus nombreuses à élever seules leurs enfants. Par ailleurs, leur activité professionnelle reste inférieure à celle des hommes et, parmi les personnes rencontrées dans les centres d'accueil, seulement 53,5 % des femmes travaillent contre 60,2 % des hommes.
Avec la crise économique, de nombreuses femmes, plus souvent en contrats à durée déterminée ou intérimaires que les hommes, se retrouvent sans ressources. Depuis janvier 2009, le nombre de contrat en intérim a connu un décrochage historique en France, avec une baisse de 40 % des effectifs employés.
Par ailleurs, l'association fait également le constat d'une augmentation du nombre de femmes à la rue, où elles risquent plus fréquemment que les hommes d'y subir des violences.
Un complément pour les parents isolés
Pour remédier à ces différentes situations, le Secours catholique prône des mesures d'accompagnement, notamment une amélioration des gardes d'enfants permettant aux femmes de postuler à des emplois de service, en particulier à la personne, ou à des emplois à temps partiel, mais non subi.
L'association demande également un complément pour les parents isolés, dans le cadre du revenu de solidarité active (RSA), pour les frais d'éducation des enfants jusqu'à 21 ans, la poursuite des emplois aidés (360 000 emplois non marchands sont déjà inscrits au budget 2010) et une allocation de soutien à l'autonomie pour les jeunes de moins de 25 ans sans emploi.
