Les questions soulevées par l’édition scientifique aujourd’hui ne cessent d’alimenter les réseaux et interrogent aussi la production scientifique en sciences infirmières. Le mode dominant le financement des revues, basé sur un accès aux articles par abonnement payant est de plus en plus
décrié : les institutions scientifiques financent en réalité deux fois les publications en rémunérant leurs chercheurs et en souscrivant aux abonnements pour avoir accès à leurs publications.
Une alternative aujourd’hui permet d’accéder librement aux données scientifiques dans le développement de l’accès libre dit
« open access » pour les données de la recherche scientifique. La loi du 7 octobre 2016 pour une République numérique comporte dans son article 30 des mesures destinées à favoriser l’accès libre aux données de la recherche publique : « l’auteur dispose du droit de mettre à disposition gratuitement dans un format ouvert, par voie numérique, la version finale de son manuscrit acceptée pour publication, dès lors que l’éditeur met lui-même celle-ci gratuitement à disposition par voie numérique ou, à défaut, à l’expiration d’un délai de six mois pour une publication dans le domaine des sciences, de la technique et de la médecine et de douze mois dans celui des sciences humaines et sociales ». En 2015, une concertation1 en ligne avait proposé de co-écrire le projet de loi. Elle avait rassemblé 3 334 votes pour cet article.
Les avis exprimés divergeaient entre la crainte qu’un accès libre généralisé vienne mettre en péril l’équilibre financier des revues,
notamment celles spécialisées en sciences humaines et sociales, et la défense d’une circulation libre des données de la recherche.
Dans ce contexte de développement de l’open access, une déclaration rédigée en décembre 20162 par trois académies nationales : l’Académie des sciences, Leopoldina et la Royal Society, met en garde sur l’envahissement de la communauté scientifique par des « pseudo-journaux ». Plusieurs centaines de ces revues dites « prédatrices » ont vu le jour ces dernières années, profitant de la course à la publication scientifique qu’entretiennent les chercheurs en quête de notoriété et les institutions répondant au système d’évaluation basé sur le nombre d’articles publiés.
Or ce type de revue ne garantit pas le suivi des recommandations en matière de publication scientifique, notamment la révision par des pairs. Des critères financiers viennent modifier le champ de l’édition, les auteurs (ou plus exactement les institutions dans lesquelles ils travaillent) doivent payer les revues pour publier leur article, et cet espace concurrentiel instable rend le rapport qualité scientifique/prix, discutable.