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Fonds documentaire : Article
Titre Ecole : cette fois le niveau baisse vraiment !
Source Sciences humaines
Auteurs Musset Ermance
Date de parution 01/02/2009
Commentaire Les élèves d’aujourd’hui en savent-ils moins que la génération précédente?? Difficile d’analyser autrement une des dernières études du ministère de l’Éducation sur le niveau de maîtrise de la langue et des mathématiques Depuis que les tenants d’une école en blouse grise donnent le la, que des pamphlets comme La Fabrique du crétin de Jean-Paul Brighelli (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) se vendent comme des petits pains, l’école s’est habituée aux critiques. Un dénigrement ambiant dans lequel la baisse du niveau ne faisait jusqu’alors que figure d’épouvantail, surtout depuis que les universitaires Christian Baudelot et Roger Establet avaient démontré en 1989 que le niveau montait (1). Aujourd’hui, cette question du niveau revient pourtant en force, sur le terrain statistique cette fois, avec la publication de l’étude intitulée «?Lire, écrire, compter?: les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle 1987-2007?» (2) réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp). Ce travail conclut en effet qu’en lecture «?deux fois plus d’élèves (21?%) se trouvent en 2007 au niveau de compétence des 10?% d’élèves les plus faibles de 1987?». En orthographe, les 10,7 fautes moyennes de 1987 sont devenues 14,7 en 2007 et les 26?% qui faisaient plus de 15 erreurs il y a vingt ans sont aujourd’hui 46?%. Les compétences en mathématiques ne rééquilibrent rien puisqu’entre 1987 et 1997 le score en calcul a connu «?une baisse importante?» suivie d’un tassement la décennie suivante. Pas brillant, certes, mais il reste à ces élèves six années au minimum avant la fin de leur scolarité obligatoire. Une chance de rattrapage?? Pas si sûr… S’il n’a ni l’ampleur ni la scientificité du précédent, le test réalisé par le mouvement Sauver les lettres (3) évalue tous les quatre ans depuis 2000 un bon millier d’élèves de seconde (1?348 cette année) sur une dictée et de la grammaire du brevet des collèges des années 1970 ou 1980. Orthographe et lecture à la peine À la session 2008, à peine 14?% obtiennent la moyenne et 58?% zéro, alors qu’en 2000 «?seules?» 27,95?% des copies avaient eu cette mauvaise note. Si le niveau des élèves ne se mesure pas à l’aune de leur seul score en orthographe, ailleurs ce n’est pas forcément mieux. Loin de sauver la mise, Pisa – l’évaluation commune à 30 pays de l’OCDE (4) – enfonce le clou en mesurant que la proportion de jeunes de 15 ans les plus en difficulté de lecture est passée de 15,2 à 21,7?% entre 2004 et 2007. Sur une échelle où la moyenne est de 500 points, la compréhension de l’écrit des jeunes Français est tombée elle de 508 à 488 entre 2000 et 2006, pendant que la culture mathématique est passée, elle, de 511 à 496 entre 2003 et 2006. Sur un laps de temps plus court, le bilan n’est donc pas meilleur que sur vingt ans?! Ce constat serait donc sans appel et le niveau des élèves moins bon qu’il y a vingt ans, dix ans ou même quelques années?? Difficile de conclure autre chose de ces travaux. Reste peut-être juste à glisser qu’il est des disciplines (langues vivantes, sciences économiques et sociales) où le niveau monte un peu?! Preuve qu’au fil du temps l’école s’adapte et ses savoirs aussi. La limite de ces bouleversements étant évidemment de maintenir une maîtrise suffisamment fine de sa langue maternelle pour bâtir d’autres savoirs dessus… D’où justement le caractère inquiétant de ces résultats. Pour Marie Duru-Bellat, sociologue spécialiste de l’éducation, ces résultats alertent sur la faiblesse du pilotage du système éducatif français Entretien avec... Marie Duru-Bellat : «Il faut évaluer l'éfficacité des pratiques» Peut-on affirmer à la lecture de la note d’information de la Depp que le niveau des élèves de primaire baisse?? Le niveau a peut-être augmenté dans d’autres disciplines… Mais une chose est incontestable, le niveau a baissé en lecture, écriture et calcul. Et cela est d’autant plus ennuyeux que cette baisse touche surtout les élèves les plus faibles. Cela confirme d’autres signes inquiétants comme les résultats des évaluations internationales. C’est une conclusion embarrassante pour l’école française. Quels sont donc selon vous les facteurs explicatifs de cette baisse?? Comme le montrait très bien un rapport de l’Institut de recherche sur l’éducation (Iredu) sur le primaire datant de 2007, je crois que l’une des tentations de l’école primaire ces dernières années a été de se disperser, s’assignant de plus en plus d’objectifs. En parallèle, on a diminué le temps scolaire, ce qui au final pose un vrai problème. L’autre souci majeur de notre système éducatif est la faiblesse du pilotage?: on accumule les réformes, on change les programmes, sans jamais les évaluer. Ce sont des facteurs de détérioration du système auxquels s’ajoute le manque d’évaluation des pratiques des enseignants. Au nom de la liberté pédagogique, ils gèrent leur temps en toute autonomie sans que ne soit jamais évaluée l’efficacité de leurs pratiques. Vous n’êtes donc pas favorable à l’autonomie des enseignants?? L’autonomie, c’est bien, si on évalue les progrès des élèves de manière externe et objective. Or chez nous, on voit bien la grande méfiance des enseignants face à toute évaluation, certains allant même jusqu’à boycotter les évaluations de CM2. C’est tout à fait préoccupant. L’évaluation devrait être le b.a.-ba de tout professionnel, lequel ne peut ignorer les résultats de son action. Il faudrait être capable de la regarder de manière moins culpabilisante, mais aussi de bousculer le fatalisme bien français, à savoir cette tentation de tout expliquer par le «?handicap socioculturel?», et de faire quelque chose de cette évaluation, aller discuter avec les enseignants dont les résultats seraient problématiques, leur proposer de faire autrement. Et copier nos voisins britanniques, peut-être?? La Grande-Bretagne a en effet introduit un système de pilotage beaucoup plus précis du travail des enseignants, en instaurant une literacy hour tous les jours. Durant une heure, les enseignants doivent suivre des instructions pédagogiques précises pour enseigner la langue maternelle. Au début, ils étaient très réticents, puis l’augmentation du niveau des élèves les a conduits à réclamer le même fonctionnement pour les mathématiques. Et le gouvernement a mis en place une numeracy hour.
Mots-clés ECOLE / PEDAGOGIE
Langue Français

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