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Fonds documentaire : Article
Titre Comment faire avec les malades dangereux ?
Source Sciences humaines
Date de parution 01/11/2010
Commentaire La dangerosité, elle, est une notion ambiguë car interrogeant des disciplines différentes et restant mal définie, souvent considérée comme conséquence d’un passage à l’acte sous l’influence d’une pathologie ou d’une substance. Qu’elle concerne ainsi la santé mentale est indéniable, mais il est toujours essentiel de la resituer dans de justes proportions, car elle est massivement plus présente dans d’autres contextes, que les situations soient illégales ou non. La dangerosité n’est pas la même chez un délinquant armé poursuivant un objectif frauduleux, un schizophrène susceptible de mal interpréter un regard de manière imprévisible, ou un pédophile sournois. Le préjudice aussi est très variable, puisque la victime, plus ou moins vulnérable, réagit toujours avec sa sensibilité unique. Un pédophile effraie parce que tout enfant est susceptible d’être victime, et que l’adulte reste impuissant tant que l’acte n’est pas su. Un schizophrène peut être envahi par son délire et perdre contact avec la réalité, mais il est lui-même vulnérable. Sa situation est surtout non représentative de sa maladie?: les schizophrènes dangereux sont en effet particulièrement peu nombreux et, surtout, le sont essentiellement pour eux-mêmes, puisqu’un sur six se suicide. Le terme même de «?dangerosité?» témoigne d’une extension de la notion de responsabilité individuelle, en rapport avec l’ambition scientifique de trouver dans l’inconscient ou dans les gènes une rationalisation (prise de conscience ou explication) des comportements déviants, si ce n’est leur source. L’inquiétude suscitée par la dangerosité peut ainsi conduire à envisager des aberrations lorsqu’elle empêche de distinguer la prévention du dépistage. Dans cette perspective, le repérage de futurs délinquants dès les premières années de la vie soulève l’indignation, comme l’a montré le mouvement Pas de zéro de conduite (1) par exemple, ou l’inquiétude suscitée par la loi de rétention de sûreté visant à maintenir en détention un individu au nom de ce qu’il pourrait être amené à accomplir, et non de ce qu’il a déjà fait (2). Prises en charge en santé et exercice de la justice s’entremêlent toujours plus, jusqu’à envisager une injonction de soins avec la loi du 17 juin 1998 (3) comme modalité de réduction de peine. Comprendre les trajectoires de vie Quand la justice demande au psychologue d’évaluer la dangerosité d’une personne, il ne peut ni la prédire, ni se dérober à une demande qui marque pourtant l’évolution actuelle de son travail d’expert. L’expertise permet en réalité de comprendre ce qui s’est passé humainement au moment des faits. C’est une trajectoire de vie qui est alors examinée, avec une minutie comparable à l’étude balistique en criminalistique. C’est l’une des grandes spécificités du psychologue que de relever le détail… «?qui tue?», de comprendre le cheminement d’une personne, qu’elle soit plaignante ou présumée auteure, et de cerner les enjeux psychiques et psychosociaux d’une situation. Il s’agit de donner du sens, mais sans prêter d’intention, car ce sont des faits psychiques qui retiennent l’attention du psychologue, pas les faits réels, d’où une nécessaire grande prudence. Le crime et la maladie mentale se trouvent en effet englobés dans une interaction entre biologique et social, entre des aléas du développement de la personne et des facteurs défavorables provoqués par les conditions du milieu. Le traitement de la dangerosité n’échappe pas à ce mouvement?: la psychiatrie en a une grande expérience alternant le médicament, parfois considéré comme une camisole chimique, et la parole.
Mots-clés SANTE MENTALE / PSYCHIATRIE / VIOLENCE / SCIENCES HUMAINES
Langue Français

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