Bonjour,

Recherche rapide

Menu recherche

Bienvenue sur Alexandrie !
Fonds documentaire : Article
Titre Bienvenue dans l'ère de la fraude intellectuelle
Source Sciences humaines
Auteurs Molénat X
Date de parution 01/12/2012
Commentaire Plagiats, truquages de données, inventions de citations…La vie intellectuelle a connu son lot de scandales en 2012. La course au succès ferait-elle tourner les têtes?? Année 2012, année noire pour la psychologie sociale. Qu’on en juge?: au moins trois psychologues ont dû démissionner après que les établissements universitaires ont ouvert des enquêtes internes sur certaines de leurs publications. Ces investigations démontraient que les données sur lesquelles reposaient ces articles scientifiques avaient été manipulées, qu’elles aient été simplement retouchées pour produire des résultats plus probants ou bien totalement inventées?! ? La psychologie sociale n’a pas été la seule touchée. Les «?publicistes?» américains, ces intellectuels renommés et écoutés cumulant titres universitaires et interventions multiformes dans la sphère médiatique (1), ont dû eux aussi balayer devant leur porte. Pas de trafic de données ici, mais des fautes intellectuelles rédhibitoires?: invention de fausses citations, plagiat, et distorsion de faits. Les carrières des publicistes concernés ne sont pas interrompues, mais leur réputation est sérieusement écornée?: aux États-Unis, on ne plaisante pas avec l’intégrité intellectuelle… ? Simple «?loi des séries?» révélant les pratiques répréhensibles de quelques brebis galeuses?? Cette interprétation rassurante est malheureusement battue en brèche par de nombreux commentateurs. Pour beaucoup, les pratiques injustifiables des psychologues révèlent que l’idée selon laquelle «?la science s’autocorrige?» (par les critiques croisées entre spécialistes) n’est dans l’état actuel qu’un mythe?: les articles frauduleux avaient été validés avant publication par des relecteurs anonymes qui n’y ont vu que du feu. Ces pratiques n’avaient pas non plus été contestées a posteriori. D’où des appels, au sein de la profession, à répliquer de manière plus systématique les études les plus en vue afin de vérifier leur robustesse. Et à s’interroger sur la tendance, avérée, à ne publier que des résultats positifs, c’est-à-dire ceux où les données viennent confirmer l’hypothèse de départ (2). Au-delà, ce sont les évolutions structurelles de la recherche qui sont mises en cause?: la course aux crédits, liée à l’importance accrue du nombre de publications dans l’évaluation des chercheurs, ne peut qu’inciter les chercheurs sous pression à embellir leurs résultats…? ? Public speaking et happy few? Les affaires concernant les publicistes américains traduisent également, selon certains, une nouvelle économie du monde intellectuel. Une «?économie de superstars?», résume le professeur et blogueur Daniel W. Brezner (3), où quelques grands noms squattent les médias (magazines, blogs, Twitter) pour acquérir et entretenir une réputation. Réputation qui leur permet ensuite de publier des ouvrages à succès et de vendre à prix d’or des conférences (public speaking), réservées à un public de happy few. Avant que survienne l’affaire qui l’a concerné, une prestation de l’historien Niall Ferguson (sur des thèmes prédéfinis comme «?Les États-Unis sont-ils un empire???» ou «?La globalisation?: passé, présent et possibles futurs?») se négociait entre 50?000 et 75?000 dollars… ? On comprend mieux, dans cette économie où certains intellectuels deviennent de véritables marques, que le souci du vrai s’efface devant le besoin de raconter (beaucoup) de belles histoires. Et l’on comprend également l’énervement des universitaires qui voient ces publicistes jouer de leurs titres (N. Ferguson est professeur à Harvard, Fareed Zakaria a un doctorat) et en tirer des profits spectaculaires tout en violant l’éthique la plus élémentaire de la vie intellectuelle.? Psychologues contrefacteurs ou publicistes superstars ont néanmoins dû (ou devront) subir la puissance d’Internet?: les informations circulent et nombreux sont les blogueurs prompts à relever une corrélation hasardeuse ou un plagiat éhonté et faire connaître la moindre entorse à l’éthique. Les fraudeurs n’ont qu’à bien se tenir…
Mots-clés PLAGIAT
Langue Français

Connexion

Identifiant
Mot de passe
A la semaine prochaine !