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Fonds documentaire : Article
Titre Care : l'attention n'implique pas la compassion
Source Sciences humaines
Date de parution 01/07/2010
Commentaire C’est ainsi que Martine Aubry, secrétaire nationale du Parti socialiste, a récemment voulu faire de la «?société du care?» l’axe d’un renouvellement du projet politique de la gauche. Du coup, comme le soulignent les sociologues suisses Nathalie Benelli et Mariane Modak, «?si le care est visible actuellement, c’est surtout en tant que valeur éthique à promouvoir contre le “tout économique”?». Dans le même temps, constatent-elles, le «?travail de care?», autrement dit l’activité de ces professionnel(le)s qui, des travailleurs sociaux aux psychologues, des assistantes maternelles aux aides-soignantes, font métier de prendre soin des autres, est quant à lui largement invisible. Les émotions à distance Que font en effet ces praticiens qui soulagent quotidiennement les besoins des usagers?? S’attachent-ils à les réconforter, leur témoigner de l’empathie, de la sollicitude, de l’écoute?? C’est en tout cas de telles manifestations d’une «?éthique compassionnelle?» que s’attendaient à trouver N. Benelli et M. Modak lorsqu’elles ont accompagné des professionnel(le)s des services sociaux suisses (protection de l’enfance, aide aux personnes âgées, aide sociale, etc.) dans leurs entretiens en vis-à-vis avec des usagers. Or ce n’est pas ce qu’elles ont observé. Telle assistante sociale ne s’attardait pas à écouter un chômeur dépité, telle autre demeurait impassible, semblait indifférente même, devant les pleurs d’une femme battue?: ces professionnelles ne manifestaient-elles pas une carence dommageable d’empathie à l’égard des usagers?? Les deux sociologues en ont éprouvé du dépit, de l’indignation parfois. Au lieu de s’arrêter là, elles ont confronté leur ressenti avec celui des professionnel(le)s, elles les ont incité(e)s à mettre au jour les principes de conduite qu’ils ou elles suivaient pendant les entretiens. Il ressort de cette enquête que le care ne peut être défini simplement en référence à une attitude d’écoute et d’empathie, et encore moins à une disposition plus ou moins innée à manifester de telles qualités. Si les professionnel(le)s ne peuvent s’empêcher de ressentir des émotions devant la détresse ou l’antipathie d’un usager, leur travail consiste justement à maîtriser ces émotions, à les analyser pour les mettre à distance. C’est à cette condition qu’ils pourront apporter une réponse adaptée, pertinente, bref «?professionnelle?», aux besoins des usagers. C’est ce qui leur permet d’indiquer, de manière égale, des portes de sortie tant à une femme au bord du suicide qu’à une jeune marginale, qu’elles pourront trouver passablement agaçante, mais qui n’en a pas moins besoin d’aide.
Mots-clés SCIENCES HUMAINES / EMOTION
Langue Français

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