La violence…, un concept difficile à mesurer et pourtant au cœur des préoccupations sociétales. Sujet très prisé des médias, des politiques et de la société en général, elle touche tous les milieux, y compris les soignants.
Si les statistiques policières donnent à voir un quasi-quadruplement des atteintes aux personnes en un demi-siècle, cette augmentation relève surtout de celle des violences de basse intensité (coups, injures, menaces, attitudes agressives, rackets et surtout vols violents) qui s’intègrent à la vie quotidienne.
Ces formes de violence s’exercent également dans les milieux de soins, sous des formes diversifiées, et touchent aussi bien les patients que les soignants. Physiques ou verbales, morales ou psychologiques, elles sont devenues une réalité de tous les jours, générant un coût humain indirect important tant sur le plan individuel que sur le fonctionnement collectif.
Pourtant, si le phénomène de violence est médiatisé et commence à être mesuré au sein des établissements de santé, les faits restent souvent banalisés ou cachés. Dans un milieu où, culturellement, chacun est censé donner le meilleur de lui-même, les agents et les patients victimes d’agressions ou de harcèlement ne parlent pas de leur souffrance et vivent avec un sentiment de honte, de culpabilité et de solitude. Sans possibilité de le diagnostiquer et de le mesurer, ils restent sans recours contre un phénomène peu défini, voire stigmatisé lorsque sont assimilées violence et folie, délinquance et maladie mentale.
Traiter de la violence, et plus particulièrement en milieu de soins dans une approche thérapeutique, nécessite de prendre en compte des facteurs médicaux, psychologiques, mais aussi culturels et environnementaux. Ces différentes dimensions doivent être travaillées dès la formation initiale des soignants en institut de formation en soins infirmiers (Ifsi). Elle doivent également faire l’objet de discussions et d’échanges réguliers au sein des équipes professionnelles pour définir et mettre en mots ce qui peut nous sembler familier, mais nécessite une forme de distance pour être traité.
Ces approches thérapeutiques s’inscrivent dans une dimension éthique questionnant les aspirations collectives de la société en fonction des réactions individuelles. Elles permettent aux soignants de reconsidérer ces actes de violence autrement que comme des faits marquant l’opinion publique pour tenter d’y apporter une réponse adaptée.
