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Fonds documentaire : Article
Titre Tout, vous saurez tout sur la FIV
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Hasendahl S
Date de parution 12/03/2012
Commentaire Le 24 février 1982, naissait Amandine, premier bébé-éprouvette français, moins de quatre ans après Louise Brown, premier bébé au monde né grâce à la fécondation in vitro (FIV). Aujourd’hui, les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) ont énormément évolué. « Outil génial », l’AMP n’est toutefois pas « une baguette magique », prévient le Dr Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction au centre hospitalier des 4 villes à Sèvres (92). État des lieux. • Trente ans après Amandine La FIV d’il y a trente ans n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Nos taux de succès à Béclère, en 1984, s’élevaient entre 3 à 4 % de grossesses débutantes. Actuellement, selon les derniers chiffres de l’Agence de la Biomédecine, on tourne globalement autour de 20 % d’accouchement par tentative. Je précise que ces résultats portent sur les 50 000 tentatives d’AMP en France. Certains diront que ces chiffres sont insuffisants mais la question est de savoir si nous travaillons pour avoir de meilleurs résultats ou pour aider les patients à avoir des enfants. Je pense qu’il faut trouver un juste milieu. On ne peut pas prendre en charge des couples quand il n’y a vraiment aucune chance mais on ne peut pas non plus sélectionner les couples les plus fertiles. À Sèvres, nous tournons en moyenne à 30 % de grossesses cliniques : je sais que les femmes de 40 ans font baisser nos résultats mais nous les prenons quand même en charge tant qu’elles ont des chances raisonnables. Et puis, 20 %, en terme d’accouchement, ce n’est pas si mauvais surtout lorsqu’on sait qu’en France nos patientes sont plus âgées. La durée moyenne d’infertilité est de cinq ans avant que les couples n’arrivent à l’AMP alors que dans certains pays comme le Danemark ou la Suède, elle est de deux à trois ans maximum. • Des traitements allégés Quand j’étais chef de clinique en 1981, les femmes restaient hospitalisées pendant huit jours. Elles restaient à jeun toute la journée, avec des prises de sang toutes les quatre heures pour dépister le début du pic de LH et on le calculait vers 17h. À ce moment-là, on pouvait prédire l’heure de l’ovulation pour faire la ponction sous cœlioscopie juste avant : en général, ça tombait au milieu de la nuit, quasi-systématiquement après une césarienne. « JE NE COMPRENDS PAS, EN PARTICULIER, QUE LES FEMMES HOMOSEXUELLES SOIENT EXCLUES DE L’AMP » Aujourd’hui, il y a une journée d’hospitalisation (de jour) et la patiente revient deux jours plus tard pour le transfert d’embryons. Il n’y a plus de cœlioscopie mais des ponctions sous échographie. Les traitements se sont extraordinairement allégés et les taux de succès ont augmenté. Le vrai progrès sera d’aboutir à un traitement exclusivement par voie orale et de supprimer toutes les injections : l’industrie pharmaceutique travaille dessus mais il faut encore attendre quelques bonnes années. L’idéal sera atteint le jour où l’on sera capable de dépister le bon embryon, celui dont on est sûr qu’il va s’implanter. À ce moment-là, toutes les discussions sur le transfert de l’embryon unique disparaîtront. • Le palmarès des centres L’Agence de la Biomédecine recueille les résultats de chaque centre d’AMP mais personnellement je suis très opposée à un palmarès. Les chiffres globaux ne veulent rien dire : il suffit que vous décidiez de ne pas prendre les femmes de 40 ans dans votre protocole pour avoir de bons chiffres. La loi prévoit une analyse des résultats qui tienne compte de l’âge de la femme mais cela ne suffit pas : une femme jeune dont la réponse ovarienne n’est pas de bonne qualité (moins de cinq ovocytes) a de mauvais résultats. Il faut beaucoup de paramètres pour pouvoir comparer réellement les pratiques d’un centre. Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment réalisable. • L’augmentation de l’infécondité L’AMP est un outil génial mais ce n’est pas une baguette magique. L’augmentation de l’âge du désir d’enfant est une réalité. Les femmes ont une meilleure maîtrise de la contraception et elles font des études plus prolongées : c’est bien. Ce qui est moins bien, c’est l’hostilité des employeurs quand une femme est enceinte. Je le reconnais, avoir une praticienne enceinte dans mon équipe me pose aussi un souci d’organisation. Néanmoins, il faudrait qu’il y ait une meilleure tolérance de la société. Tout se conjugue pour que les femmes fassent des enfants de plus en plus tard sauf que la fertilité spontanée chute. Les couples vont être consommateurs d’AMP plus rapidement. L’homme, qui fait des enfants de plus en plus tard, a aussi une horloge biologique : les perturbations du sperme avec l’âge sont une certitude. La première cause d’infertilité chez les femmes de moins de 35 ans, c’est l’homme, comme le montre une étude écossaise menée sur 8 000 couples infertiles. • L’attente contre-productive Selon l’OMS, on peut parler d’infertilité après un an de rapport régulier. Il est ensuite conseillé de consulter : ce n’est pas ce que font la majorité des couples, ils attendent beaucoup plus. De manière générale, la femme de plus de 35 ans devrait consulter dès six mois de rapports réguliers. Consulter ne veut pas dire faire une FIV immédiatement : on va analyser la situation, voir s’il y a une explication, une étiologie, un traitement possible. Il est inutile d’attendre : on est alors sûr d’arriver à l’AMP avec des taux de succès inférieurs. Il faut surtout informer aussi objectivement que possible. On estime qu’une femme qui veut un enfant a trente ans, l’aura dans 90 % des cas. À plus de 40 ans, 1/3 des femmes ne l’auront jamais, sauf don d’ovocytes. • L’autoconservation des ovocytes Faudra-t-il arriver à l’autoconservation sociétale, c’est-à-dire conserver ses ovocytes pour des raisons dites de convenance ? Est-ce logique pour les femmes d’avoir recours à un don d’ovocytes en Espagne car il n’y en a pas suffisamment en France ? Je pense que l’on arrivera à l’autoconservation avec un cadre précis comme la limite d’âge : il ne serait pas raisonnable de transférer les ovocytes aux femmes de plus de 45 ans. Par ailleurs, l’autoconservation peut être un faux espoir : il a été calculé qu’il faut 15 à 18 ovocytes vitrifiés pour espérer une grossesse. Il ne faudrait pas faire croire aux patientes qu’avec des ovocytes vitrifiés, elles peuvent attendre autant qu’elles le souhaitent. J’ai moi-même une position ambiguë sur l’autoconservation mais ce dont je suis sûre, c’est que la France ne peut pas faire l’économie de cette réflexion. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a d’ailleurs saisi le comité national d’éthique (CCNE) à ce propos. Le comité d’éthique israélien a, quant à lui, considéré que la chute de la fertilité avec l’âge était un vrai problème médical. • Le but de l’AMP La loi estime que l’AMP ne doit traiter que l’infertilité médicalement constatée. Personnellement, je serai plus large : je ne comprends pas, en particulier, que les femmes homosexuelles soient exclues de l’AMP avec, comme prétexte, la fausse égalité homme-femme. On vous dit alors que si les femmes peuvent avoir accès à l’AMP, il faut aussi en faire bénéficier les hommes et donc autoriser la gestation pour autrui (GPA). Je pense que l’égalité homme-femme n’existe pas dans la société actuelle. Pour la GPA, j’ai fait partie des rebelles du CCNE qui avons estimé que l’on pouvait faire une expérimentation dans des cas précis : par exemple, une femme qui n’a pas d’utérus et dont l’amie ou la sœur se propose de l’aider. Dans ce schéma, il me semble excessif d’interdire la GPA : il n’y a pas de marchandisation du corps humain. Quand aux femmes seules qui veulent recourir à l’AMP, on leur oppose le bien de l’enfant : mais sait-on vraiment ce qu’est le bien de l’enfant??
Mots-clés HISTOIRE / PROCREATION ARTIFICIELLE
Langue Français

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