Bonjour,

Recherche rapide

Menu recherche

Bienvenue sur Alexandrie !

Page : 1 / 5
N° Revue
La santé humanitaire en France , Revue de l'infirmière , 200 , 01/04/2014 , http://www.em-consulte.com/revue/REVINF/63/200/table-des-matieres/
Type N° Revue
Titre La santé humanitaire en France
Source Revue de l'infirmière
200
Date de parution 01/04/2014
URL http://www.em-consulte.com/revue/REVINF/63/200/table-des-matieres/
Fermer Fermer
Ouvrage
la destructivité chez l'enfant et l'adolescent , HAYEZ JY , Dunod , 06/04/2001 , 618.92/HAY
Type Ouvrage
Titre la destructivité chez l'enfant et l'adolescent
Auteurs HAYEZ JY
Source Dunod
Date de parution 06/04/2001
Cote 618.92/HAY
Fermer Fermer
Dossier thématique
LES NOUVEAUX VISAGES DE LA PRECARITE , Sciences humaines , 01/02/2017 , PRECARITE / TRAVAIL INTERIMAIRE / EXCLUSION / MARGINALITE / PAUVRETE / CHOMAGE
Type Dossier thématique
Titre LES NOUVEAUX VISAGES DE LA PRECARITE
Source Sciences humaines
Date de parution 01/02/2017
Mots-clés PRECARITE / TRAVAIL INTERIMAIRE / EXCLUSION / MARGINALITE / PAUVRETE / CHOMAGE
Fermer Fermer
Article
L'accès aux soins des personnes en situation de précarité , Soins , 790 , 11/2014
Type Article
Titre L'accès aux soins des personnes en situation de précarité
Source Soins
790
Date de parution 11/2014
Commentaire L’hôpital est la porte d’entrée privilégiée d’une partie grandissante de la population en situation de précarité économique et sociale C’est pourquoi il est important que les soignants comprennent ces difficultés afin d’optimiser leurs interventions.
Fermer Fermer
Article
Près d'un enfant sur cinq est en situation d'exclusion sociale, revèle l'Unicef , Editions ASH , 19/11/2013
Type Article
Titre Près d'un enfant sur cinq est en situation d'exclusion sociale, revèle l'Unicef
Source Editions ASH
Date de parution 19/11/2013
Commentaire Une consultation nationale "exceptionnelle, par son ampleur, comme par la méthodologie choisie" : remis mardi 19 novembre à la veille de la journée internationale des droits de l'enfant à Dominique Bertinotti et George Pau-Langevin, respectivement ministres déléguées chargées de la famille et de la réussite éducative, le rapport de l'Unicef France sur la consultation menée de février à juillet dernier auprès de 22 500 enfants âgés de 6 à 18 ans est en effet inédite. son ambition : "Renforcer la participation citoyenne des enfants et apporter un éclairage sur leurs expériences vécues tant dans leur famille, que dans leur quartier, leur commune et leur école". Quatre axes Cette consultation nationale a été présentée aux enfants selon un découpage en quatre axes : "J'ai des droits" : connaissance de leurs droits et des institutions, mais aussi respect de ces droits dans les différents endroits qu'ils fréquentent (l'école, leur quartier, leur ville, leur pays…) ; "Ma vie de tous les jours" : les questions ont porté ici sur "la possession de biens dont on peut juger qu'ils sont fondamentaux et sur les conditions de la vie à la maison", sur les usages courants (ordinateur, Internet, télévision) et enfin sur "ce qui se joue dans la vie du quartier ou de la ville de l'enfant" ; "Mon éducation, mes loisirs" : conditions de la vie scolaire, activités en dehors de l'école et loisirs à la maison ; "Ma santé" : équilibre alimentaire journalier, hygiène dans son quartier, sa ville ou son école, possibilité d'être soigné près de chez soi et prévention des risques. Situation préoccupante A partir des résultats bruts, qui en eux-mêmes "apportent déjà un éclairage intéressant sur les expériences vécues des enfants", l'Unicef a élaboré un "indicateur d'intégration sociale" prenant en compte quatre dimensions (famille, école, quartier, participation à la vie de la collectivité) et comportant 28 items. D'après cet indicateur, la moitié environ des enfants connaît une bonne intégration et un autre tiers une "assez bonne intégration". Restent cependant "près de 18 % des enfants dont la situation peut être jugée préoccupante", dont 7 % "très préoccupante". L'analyse par genre et par tranche d'âge révèle par ailleurs que les filles sont globalement mieux intégrées socialement (52 % ont une bonne intégration contre 47,3 % pour les garçons), comme les enfants de 12 à moins de 15 ans (55,2 % sont bien intégrés contre 47,1 % pour les 6 à moins de 12 ans et 51,6 % pour les 15 ans et plus). Mesurer la privation L'objectif a ensuite été de définir si les difficultés d'intégration sociale constatées étaient "corrélées aux privations auxquelles les enfants sont confrontés dans leur vie quotidienne" et si elles se traduisaient également par des problèmes de dégradation du cadre de vie. L'Unicef a donc construit un indice pour mesurer la privation selon lequel "8,7 % des enfants sont dans une situation de grande privation et 5,8 % connaissent une extrême privation, soit au total 14,5 %". Un autre indice a lui permis de mesurer la qualité du cadre de vie : 13,1 % des enfants évoluent dans un cadre de vie précaire et 6,3 % dans un cadre de vie très précaire. Autre indicateur : 6,3 % des enfants ont un très faible accès à la santé et aux soins et 7,6 % en ont un accès faible, soit au total 13,6 % "dont on peut dire qu'ils sont confrontés à un risque potentiel de dégradation de leur santé". Enfin, a également été estimée la "confiance dans l'entourage" qui révèle que 13,6 % des enfants font très peu confiance ou peu confiance à leur entourage et que plus les enfants sont pauvres, moins ils ont confiance dans leur entourage. Echec des politiques publiques Au final, l'analyse des résultats de cette consultation montre que 50 % des enfants qui y ont participé connaissent une situation très favorable sur tous les plans ("très bonne intégration") et qu'environ un autre tiers sont "proches de l'intégration assez bien assurée". En revanche, 10 % des 6-18 ans sont "proches de l'intégration précaire" et 7 % de "l'intégration très précaire", soit au total près d'un enfant sur cinq (17 %). Les 7 % qui "sont en situation d'exclusion extrême" sont "déjà pris dans un processus de disqualification sociale", comme l'explique Serge Paugam, sociologue reconnu pour ses travaux sur la pauvreté, qui a été chargé d'effectuer l'analyse sociologique des résultats. "Plus grave encore" : le lien entre privation et exclusion sociale, les 6-18 ans vivant dans la précarité se percevant "plus en difficulté à l'école ou dans leur famille, plus éloignés du système de soins, plus marginalisés dans leur quartier, plus en insécurité dans leur environnement proche mais aussi moins associés à la vie de la collectivité que les autres enfants". Cette consultation met ainsi en lumière "l'échec des politiques publiques à protéger une proportion importante d'enfants". L'Unicef appelle donc "à nouveau" à la mise en oeuvre d'une politique en faveur de tous les enfants, qui "soit globale et transversale, du plus jeune âge à la fin de l'adolescence". L'organisation demande également "un plan d'actions faisant clairement de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale des enfants et des adolescents une priorité" et plaide pour une "nécessaire cohérence entre les politiques nationales et locales". Le rapport sur la consultation nationale des 6-18 ans, "Ecoutons ce que les enfants ont à nous dire ! L'intégration sociale des enfants : de fortes inégalités", sera prochainement en ligne sur le site de l'Unicef. La version résumée est déjà disponible.
Fermer Fermer
Article
Les Morts de la rue refont le siège de Stalingrad , Editions ASH , 12/06/2013
Type Article
Titre Les Morts de la rue refont le siège de Stalingrad
Source Editions ASH
Date de parution 12/06/2013
Commentaire C'est place Stalingrad, dans le 19e arrondissement de la capitale, qu'aura lieu mardi 18 juin à partir de 19 h, le traditionnel hommage rendu par Les Morts de la rue à tous ceux qui y laissent leur peau, et en l'occurrence aux 251 personnes mortes d'avoir vécu dans une trop grande précarité, signalées au collectif depuis six mois en France. Comme à l'ordinaire, quand ils sont connus, les noms de ces personnes - recensées par différentes sources depuis la précédente édition de ce rassemblement - seront égrenés en public pour ne pas les laisser tomber dans l'oubli, puisque telle est notamment la vocation du collectif. Ses membres luttent en effet sans relâche contre l'indifférence réservée au sort des plus démunis, qui vivent en moyenne 51 ans, rappelle inlassablement Les Morts de la rue, contre une espérance de vie de plus de 81 ans en France... Des actions apparentées ont lieu par ailleurs dans d'autres villes, à l'initiative d'autres associations ou collectifs, comme c'est le cas par exemple à Angers, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulon... ainsi qu'à l'étranger, à Bruxelles, Charleroi (Belgique) ou encore Kielce (Pologne). C'est enfin la deuxième fois que l'hommage parisien a lieu place Stalingrad, trois ans après un précédent rendez-vous. Les Morts de la rue 72, rue Orfila 75020 Paris Tél. : 01 42 45 08 01 Fax : 01 47 97 23 87 Courriel : mortsdelarue@free.fr Site : www.mortsdelarue.org Sur Facebook et sur Twitter : @Mortsdelarue
Fermer Fermer
Article
De plus en plus de familles frappent à la porte du 115, s'inquiète la FNARS , Editions ASH , 18/03/2013
Type Article
Titre De plus en plus de familles frappent à la porte du 115, s'inquiète la FNARS
Source Editions ASH
Date de parution 18/03/2013
Commentaire En plein hiver, alors que les capacités d'hébergement ont été renforcées sur les territoires, la moitié des demandes d'hébergement ne donnent toujours pas lieu à un hébergement", s'inquiète la FNARS dans son baromètre hivernal du 115, rendu public lundi 18 mars, alors que la fin de la saison arrive à grands pas et que les projets territoriaux de sortie de l'hiver ne sont pas finalisés dans tous les départements. "La principale raison de ces réponses négatives reste l'absence de places disponibles suffisantes pour proposer un hébergement aux personnes à la rue qui appellent le 115", poursuit la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS), dans la quatrième vague de cette enquête, menée cet hiver dans 37 départements. S'installer à l'hôtel "Le dispositif propose globalement autant de solutions d'hébergement que l'année dernière", constate en effet la FNARS, qui juge ce renforcement des capacités de mises à l'abri "insuffisant au regard de la forte dégradation de l'urgence sociale". De fait, "les demandes ont progressé de 28 % entre février 2012 et février 2013, sous l'effet principal de l'explosion des demandes de familles (+ 72 %)", soit 10 000 demandes supplémentaires sur l'échantillon examiné. "Les 115 des 37 départements n'ont pas de solutions à proposer aux appelants une fois épuisé le quota de places disponibles", obligeant les services à augmenter de 21 % le recours aux nuitées hôtelières pour faire face aux requêtes des familles, bien que cette solution soit "pourtant inadaptée et onéreuse". Dans leur grande majorité, ces familles avec enfants sont originaires de pays hors de l'Union européenne, décrit encore la FNARS, en ajoutant que, en un an, les non-attributions ont été multipliées par 2,5 pour les familles, faute de places suffisantes pour les accueillir. Une situation toujours contrastée "La situation des personnes seules se dégrade également", souligne aussi l'organisation, la moitié d'entre elles seulement se voyant proposer une place, et ce "alors que le dispositif d'hébergement est davantage conçu pour accueillir ce public". Autre motif de préoccupation, si la majorité des demandes sont faites par des personnes âgées de 25 à 44 ans, cette quatrième vague du baromètre du 115 met en évidence une forte progression des demandes émanant de personnes âgées de plus de 65 ans (+ 66 %), "même si cette catégorie d'appelants reste très largement minoritaire". Au-delà de cette tendance générale, les résultats restent contrastés d'un département à l'autre, nuance enfin la FNARS, qui fait état de certains "territoires en état d'urgence", avec 11 départements qui enregistrent des taux de non-attributions de places d'hébergements supérieurs à 50 % des demandes (dus au manque de places disponibles dans l'Hérault, la Marne, les Hautes-Pyrénées, la Loire-Atlantique, la Loire et le Rhône).
Fermer Fermer
Article
Une journée dans la vie d'Eric, SDF à Paris , Le Monde , 26/10/2012
Type Article
Titre Une journée dans la vie d'Eric, SDF à Paris
Source Le Monde
Date de parution 26/10/2012
Commentaire 6 h 59. L'alarme sonne. Eric ouvre les yeux. A côté de lui, sur son matelas, le sac à dos dont il ne se sépare jamais. Habillé d'un pantalon de ville, il se laisse glisser au pied du lit superposé. Dans le box, deux couches sont déjà vides. Un camarade de chambrée se prépare, les quatre autres dorment encore. Eric récupère sous le matelas la serviette de bain qu'on lui a confiée la veille à l'accueil, arrache son drap jetable et sort. Le carrelage du couloir où sont alignés les box, éclairé au néon, est jonché des draps de la nuit. Eric file prendre une douche avec son "kit propreté" quotidien, puis passe à la consigne chercher une chemise. Eric a 50 ans. Il est sans abri depuis deux ans et demi. Broyé par son travail, ébranlé par un divorce, cet ancien fonctionnaire de police a "craqué". Il a sombré dans la dépression, perdu son emploi. Il a "touché le fond" : les nuits dans les parkings, l'hiver parisien, les appels au 115, le numéro du Samu social de Paris qui permet, parfois, de trouver un lit pour le soir. En octobre 2010, il a obtenu une place au "Refuge", un centre d'hébergement d'urgence (CHU) de 426 lits l'hiver (200 l'été) géré par l'association La Mie de Pain, dans le 13e arrondissement. A 8 h 30, après le petit déjeuner au réfectoire, le Refuge ferme. Plusieurs centaines de SDF se retrouvent à la rue, condamnés à errer de squares en stations de métro jusqu'à la réouverture des portes, en début de soirée. Une journée d'attente, longue et froide, commence. Nous avons passé cette journée avec Eric. Salut Didier, tu vas au parc ?" Sur le trottoir d'en face, Didier, 52 ans, dit "le Breton", est le partenaire d'Eric : ils jouent parfois aux échecs ensemble. L'ancien policier et l'ex-garçon de café se sont rencontrés au Refuge, il y a deux ans, quand ils ont tout perdu. Tout deux remontent la rue Charles-Fourier, sac à l'épaule. Le 13e arrondissement est devenu leur territoire, un espace qu'ils connaissent par cœur, peuplé d'habitudes et de repères. ?8 h 35 Le Square de la Montgolfière, à quelques dizaines de mètres du Refuge. C'est ici qu'Eric retrouve chaque jour ses camarades de patience, ceux avec qui il tue le temps en sifflant quelques bières bon marché. C'est sur ces trois bancs, toujours les mêmes, qu'ils passeront la matinée, une matinée interminable, beckettienne, interrompue çà et là par un rendez-vous à la CAF, quelques heures de "travail" (la manche) ou un ravitaillement au supermarché. Au fil des heures, plusieurs "habitués" défileront sur ces trois bancs, chacun accompagné d'un surnom : Eric, dit "le Belge" en référence à son pays d'origine, Didier "le Breton", Nacer, Marseillais d'origine algérienne, surnommé "Pastèque" en hommage à sa morphologie, Jurgen, dit "Blitzkrieg", "le seul Allemand qu'on n'a pas libéré après la guerre", Thierry "le Réunionnais", Jean-Marc, dit "Marc", et Jérôme, dit "Belmondo" ou "Captain Haddock", qui tremble comme une feuille en raison de problèmes neurologiques et d'une consommation abusive d'alcool. "Titi" et "Pierrot", eux, n'ont pas passé l'été. Eric, Didier et Jean-Marc ont chacun leur téléphone vissé à l'oreille. Ils ne disent pas un mot. Ils attendent. Ils cherchent un lit pour Jean-Marc, qui sort de l'hôpital après un malaise cardiaque et dort depuis des semaines dans la rue. Un seul numéro : le 115. Et un refrain, souvent le même : "Bonjour, toutes les lignes de votre correspondant sont occupées, veuillez rappeler ultérieurement", en plusieurs langues, français, anglais, russe ou arabe. Parfois, quelqu'un décroche. "Ils vous mettent alors sur attente. Ça peut durer entre 10 minutes et trois quarts d'heure. Puis ils vous disent de rappeler à 19 heures. Et quand vous rappelez, il n'y a plus de place", résume Eric. Les demandes d'hébergement d'urgence explosent depuis quelques années : + 17,5 % entre janvier et décembre 2011. Le Samu social est saturé. Selon la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale, trois personnes sur quatre ayant appelé le 115 en septembre n'ont pas reçu de proposition d'hébergement. Jean-Marc a de la chance. Après quinze minutes d'attente en musique, on lui a trouvé un lit pour ce soir, "mais rien pour après". "C'est totalement aléatoire, parfois c'est une nuit, parfois trois, souvent rien. Tout dépend de qui vous avez au bout du fil." ?9 h 07 "Tu les as eus ? Oui ? Une place au Refuge ? Putain de bâtards ! 115 de merde !" Nacer, alias "Pastèque", n'est pas en état de se réjouir pour Jean-Marc. L'attente, la loterie des lits, la perspective d'une nouvelle nuit dans la rue créent parfois des tensions et des jalousies... "C'est pas une vie ça, j'ai rien moi. J'en ai marre, je craque. Le 115, ils m'ont dit de rappeler à 19 heures. C'est ça qui m'énerve, s'emporte-t-il en montrant son sac. Je dors dans des abribus, le métro, des parcs... Je peux pas aller travailler avec un sac ! Mais il faut bien que je me lave, que j'aie un duvet..." ?9 h 46 L'heure de la première bière. Une Koenigsbeer, la moins chère, 54 centimes au Carrefour Market, 7 degrés. On tue le temps, cigarette sur cigarette, canette après canette. "C'est long une journée quand on ne fait rien, c'est long", soupire Eric. ?9 h 50 Nacer part à son rendez-vous avec un assistant social à Charonne, qui doit théoriquement l'aider à trouver un logement. Avec un toit sous lequel poser son sac, il dit pouvoir trouver "dans l'heure" du travail dans le BTP. Il ne se fait pas trop d'illusions sur la tournure de l'entretien. "Je te laisse mon sac", lance-t-il à Eric. ?10 h 07 Didier est revenu de sa "tournée mégots". En général, il les dépiaute pour en faire des roulées. Mais les cigarettes les moins entamées se fument telles quelles. Moignon de clope au bec, les jambes croisées sur un bout de banc, il entame une grille de mots fléchés. "C'est ceux du Parisien, ils sont assez faciles." DJ en Bretagne pendant huit ans, puis barman en boîte de nuit, Didier est monté à Paris en 1997, où il a officié quelques années comme garçon de café. Il perd son boulot en septembre 2010, et subit le coup de grâce : un redressement fiscal. "J'ai joué, j'ai perdu, concède-t-il. Au départ, je devais 3 000 euros. Mais avec les intérêts, c'est monté à 8 000. Et une fois à la rue, il m'est devenu impossible de rembourser." En fin de droit, Didier n'a plus aucun revenu. Sa demande de RSA est en attente, et il fait la manche, deux ou trois jours par semaine. Cet l'après-midi, il ira "travailler" à la station Pasteur, où il a ses habitudes. ?10 h 25 Dans son sac, Eric a un plan de Paris, un livre sur Bourvil, un hors-série du Point sur les personnages de Tintin, des sudokus, de la mousse à raser, un rasoir, des chaussettes, un slip, du déodorant, une radio, des piles, un limonadier ("super important, tout le monde doit en avoir un"), et des papiers administratifs. Il transporte également deux raquettes de ping-pong. "Didier, tu joues ?" ?10 h 32 Trois gamins font irruption, raquettes en main, et convoitent ostensiblement la table. Ce sont les premiers visiteurs du square depuis le début de la matinée. Les deux pongistes précaires leur cèderont vite la place. "Eux, ils sont meilleurs", sourit Didier. ?10 h 46 C'est l'heure du premier ravitaillement. Devant le centre commercial Italie 2, Eric et Didier croisent José, "toujours à la même place", immobile, une gueule minéralisée par la tristesse, comme surprise par une coulée de lave dans un moment d'effroi. Un peu plus loin, c'est le coin des Polonais. ?10 h 54 Chez Carrefour Market, direction le rayon bière. Les bras chargés de huit Koenigsbeer 50 cl, on passe en caisse. "On en offre à ceux qui n'ont pas les moyens de s'en payer, précise Eric. La solidarité, c'est important". ?11 h 43 Nacer est rentré de son entretien, bredouille, comme attendu. Il est nerveux, presque agressif, s'emporte contre le système d'hébergement d'urgence qui privilégie "les fous" et les étrangers "qui ne parlent même pas français". "Ça fait trois semaines que je dors dehors !", enrage-t-il. ?11 h 45 Jurgen "Blitzkrieg" se mouche. Bonnet de laine bleu vissé sur sa vieille tête plissée, il n'a pas dit un mot de la matinée. Il restera ainsi enfermé dans le silence toute la journée. ?11 h 52 Au détour d'une phrase, Nacer fait allusion à son fils, qui vit chez ses parents à Marseille. Sa femme, elle, est morte. Didier aussi est père : il a une fille, qui vit en Bretagne, chez sa mère à lui. Elle a 25 ans. Il ne l'a pas vue depuis 1999, elle en avait 13. "Des fois, on se téléphone". Eric, lui, a deux filles, de 21 ans et "18 ans et demi". Il n'a pas de nouvelles depuis 2005. Thierry le Réunionnais aussi avait une famille. Un divorce pour faute l'a mis à la rue. "C'est de ma faute, je l'avais trompée." Une larme coule sur sa joue. Sa dernière nuit dehors l'a épuisé. Il a 42 ans : "J'ai les moyens de travailler, je veux m'en sortir seul. Mais sans un logement, c'est impossible." "Faut nous aider, reprend-il. On est pas racistes, mais on est le même peuple, faut faire passer les Français en premier. Il y a des profiteurs." ?12 h 01 Eric sort sa petite radio. Les premières mesures de Dancing Queen d'Abba crachotent dans le poste : "On écoute toujours Nostalgie. On est des vieux, on se souvient du temps passé." ?12 h 30 "Tiens, voilà les oiseaux, ça veut dire qu'il est midi et demi." Une nuée de volatiles vient d'envahir le parc. Les SDF du square de la Montgolfière apportent parfois du pain pour nourrir les moineaux. "Pas les pigeons, les pigeons c'est une plaie. On ne les aime pas. Ils se perchent sur un arbre et vous chient dessus", explique Eric, souvenir à l'appui : "Titi [qui est mort cette année] s'est retrouvé un jour avec une merde sur une veste en daim qu'il venait d'acheter. Il n'a jamais pu la rattraper." ?12 h 40 Eric saute souvent le déjeuner. Comme beaucoup de ses acolytes. Mais en ce moment, il a un peu de sous. Il décide de faire un saut au Quick de l'avenue d'Italie. Devant un Giant, il raconte sa vie. "J'ai connu la maison, les deux voitures, un salaire de 2 000 euros net par mois, une femme, deux filles", énumère-t-il en évoquant sa vie de fonctionnaire de police en Belgique. Le divorce, la pression au travail, la dépression : il plaque tout et migre en 2005 dans le Maine-et-Loire, où il se fait saisonnier. Il perd son boulot fin 2009 et monte tenter sa chance à Paris. La rue, le 115, la galère... Depuis l'an dernier, Eric a un emploi précaire, comme un tiers des sans-abris hébergés au Refuge. Il accompagne des personnes ne pouvant voyager seules dans leurs trajets à la RATP ou la SNCF. C'est un contrat Pôle Emploi. 20 heures par semaine. Il gagne 650 euros par mois. Mais il est toujours SDF. "Il est plus facile de descendre que de remonter", résume-t-il. ?14 heures Comme souvent, Eric va faire un saut dans un accueil de jour tenu par une petite association du 5e arrondissement, Cœur du 5. Il y fait bon, l'ambiance est familiale, on se fait son café soi-même et on y trouve des jeux de société. ?14 h 22 Didier a rejoint Eric. Les deux compères se lancent dans une partie de Scrabble. Pour son deuxième coup, Didier arrange un mot de cinq lettres sur son pupitre : "Loyer". Pas de place sur la grille : il joue "Rayé". A leur table, Brahim n'est pas d'humeur à jouer. "C'est catastrophe", répète inlassablement ce frêle monsieur de 51 ans en buvant son café. Brahim est marocain. Il a passé douze ans en Italie, où il a toujours travaillé, comme aide cuisinier puis dans l'usine d'un sous-traitant de Fiat. Ses enfants sont restés au Maroc. "C'est pour eux que je suis ici." En 2008, l'usine a fermé sous l'effet de la crise. Il s'est retrouvé à la rue, "pour la première fois" de sa vie. Las de dormir dehors et d'écumer les dormitori (dortoirs) du pays, il a tenté sa chance il y a sept mois en venant à Paris. "Beaucoup de travailleurs immigrés d'Italie et d'Espagne viennent en France en ce moment, parce que là-bas, il n'y a plus rien", explique-t-il. Mais la crise ne s'est pas arrêtée aux Alpes ni aux Pyrénées. Brahim dort dehors depuis sept mois, passe ses journées à appeler le 115 en espérant trouver un lit. Il est brisé. "C'est catastrophe. Jamais je pensais vivre ça." ?15 h 40 Eric et Didier ont pris le métro, direction Pasteur. C'est ici que Didier "travaille". Eric, lui, ne fait pas la manche, ce n'est pas son truc. "Je ne peux pas", glisse-t-il. Et il n'en a plus besoin. Lui a un travail. Didier, rien, pas même le RSA. L'ancien garçon de café sort son nouvel "outil de travail", un gobelet de 50 cl de chez McDo, dont il extrait deux cartons identiques, l'un pour devant, l'autre pour derrière : "Accepte tout travail". Didier glisse trois pièces au fond du gobelet, son "fond de commerce", et s'installe en haut des marches, à la sortie du métro, parce qu'à l'intérieur "c'est interdit". Quand il récolte une grosse pièce, il l'ôte du gobelet, pour ne pas se la faire voler. "Y a des petites règles à respecter, c'est un métier." Le calendrier et la météo ont aussi leur importance. "Je vais toujours au même endroit, car ce sont souvent les mêmes gens qui donnent et ils me reconnaissent. Je privilégie le mardi et le jeudi : le lundi, les gens reprennent le travail, ils sont de mauvaise humeur, tandis qu'en fin de semaine, c'est mieux, ils sont bientôt en week-end. Le climat a aussi son importance : quand il fait froid, les gens sont plus généreux. Mais quand il pleut, rien : un parapluie dans une main, le portable dans l'autre, c'est mort." ?19 heures Après douze heures d'errance et de petites habitudes, Eric laisse Didier à son métro et regagne la rue Charles-Fourier. Il prend place dans la queue des "accueillis", qui rentrent dîner et dormir au Refuge. Un de ses potes l'interpelle : "Tu peux prévoir la doudoune : samedi matin, ils annoncent - 1 degré." Eric récupère une serviette, un drap jetable, son kit de douche et monte faire son lit. Il redescendra ensuite au réfectoire pour manger, avant de sortir boire un coup, sur le trottoir d'en face, pas loin de l'épicier. Il sera rejoint par des potes, ou restera seul. "J'ai parfois envie d'être tranquille."
Fermer Fermer
Article
Des préconisations pour améliorer la mesure des composantes du mal-logement , Editions ASH , 12/09/2011
Type Article
Titre Des préconisations pour améliorer la mesure des composantes du mal-logement
Source Editions ASH
Date de parution 12/09/2011
Commentaire Peut-on quantifier le mal-logement ? A priori, la démarche semble ardue : "A l'image de l' exclusion, le mal-logement n'a pas de frontières précises, il ne peut donc avoir une mesure statistique unique et partagée par tous", souligne ainsi le Conseil national de l'information statistique (CNIS) dans un rapport sur le "mal-logement" finalisé juillet 2011. Travailler sur la notion de "mal-logement" Les travaux du CNIS, engagés en juillet 2010 à la demande du secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, se sont articulés autour de deux objectifs principaux, le premier étant de travailler sur la notion de "mal-logement" au sens large : "Qu'il s'agisse de mal-logement, de situations marginales par rapport au logement ou de difficultés de logement, aucune analyse partagée n'avait été jusqu'à présent entreprise afin de répertorier les situations et de s'accorder sur le contenu des définitions existantes", rappellent les auteurs. Le deuxième objectif était de formuler des recommandations sur les améliorations à apporter à la connaissance et à la mesure, et de faire ainsi évoluer les sources statistiques pour répondre aux besoins non satisfaits. Maintenir l'approche en dimensions Le CNIS propose d'abord de "maintenir l'approche en dimensions pour décrire les situations de logement dans leur ensemble" (type d'habitat, statut d'occupation, qualité du logement, stabilité/précarité), comme l'avait établi en 1996 un précédent groupe de travail du CNIS sur les sans-abri, en élargissant cette approche à l'environnement du logement et la comparaison du logement et du ménage qui l'occupe (coûts, surpeuplement, etc.). Il propose par ailleurs de construire un "indice de qualité du logement" (à travers une liste de défauts du logement une échelle de l'intensité de dégradation), ou encore, pour dénombrer les sans-abri au niveau local, de "recourir soit à un dénombrement de nuit dans la rue, associé à une enquête de couverture se déroulant le lendemain, soit à des enquêtes auprès des utilisateurs de services d'aide, soit enfin aux données de gestion des services d'aide". S'appuyer sur les outils existants Le CNIS recommande ensuite le maintien et l'amélioration des sources et des outils existants, en premier lieu l'enquête nationale logement de l'INSEE, notamment en y réintroduisant la question sur l'hébergement chez un tiers et en améliorant l'information sur les revenus et les dépenses pour le calcul de taux d'effort. Dans le cadre du recensement de la population, le CNIS suggère de proposer une modification des questionnaires sur le thème de la qualité du logement, de rechercher les améliorations possibles lors de la collecte auprès des sans-abri, d'améliorer la collecte auprès des hôtels abritant des résidents à demeure... Le groupe de travail "mal-logement" recommande également de "mener, en l'attente de remontées d'information via un système centralisé, une enquête annuelle très légère auprès des établissements sociaux pour suivre le nombre de personnes hébergées (...) par type d'établissement et de place". Etudier les situations mal couvertes par la statistique Parmi les autres propositions figure également l'organisation du suivi de divers projets de l'administration (projet de répertoire des logements, système d’information issu des SIAO, tableau de bord de suivi de l'application de la loi DALO...), "afin de s'assurer que les statisticiens y sont bien associés, que la confidentialité des données est respectée et que l’information issue de ce système sera diffusée". A noter enfin, la recommandation de lancer des enquêtes qualitatives pour étudier les situations mal couvertes par la statistique publique (hôtels, bidonvilles, habitations mobiles, résidences sociales, squats, hébergement chez un tiers), de suivre l'ensemble du processus d'expulsion ("ce que les statistiques administratives ne font pas") et d'"étudier certaines trajectoires comme la sortie de la situation de sans-domicile". Mesure des composantes du "mal-logement" En conclusion de leur rapport, les membres du groupe du travail expliquent qu'ils ont avant tout cherché un consensus, "non pas sur le champ du mal-logement, mais sur les définitions et la mesure de certaines de ses composantes, afin que celles-ci deviennent, dans la mesure du possible, communes à tous les acteurs". Avant de rappeler les préconisations les plus importantes du rapport et qui, à ce titre, devront être mises en oeuvre en priorité : la mise au point définitive et l'accord sur les indices de qualité et de surpeuplement, le projet de répertoire des logements et ses répercussions sur l'ensemble des statistiques de logement, et la mise en place de nouveaux systèmes d'information de nature administrative ou associative (demandes de logements sociaux par exemple).
Fermer Fermer
Article
La capitale met son dispositif de soutien aux sans-abri à l'heure d'été , Editions ASH , 22/07/2011
Type Article
Titre La capitale met son dispositif de soutien aux sans-abri à l'heure d'été
Source Editions ASH
Date de parution 22/07/2011
Commentaire Le calendrier a de drôles de hasards... Alors que le ciel n'en finissait pas de pleurer un été automnal, c'est mardi 19 juillet que la Ville de Paris a présenté son dispositif estival de soutien aux personnes à la rue, qui passe notamment par un programme d'accès à l'eau et à des lieux où se rafraîchir, mais aussi par l'augmentation de ses subventions à des associations d'aide alimentaire et par la publication de la version saisonnière de son guide Solidarité à Paris 2011. Une communication qui a aussi coïncidé inopinément avec l'annonce du départ de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social, en signe de protestation contre la politique de prise en charge des sans-abri. Il n'en demeure pas moins que l'aide aux sans-abri reste plus que jamais d'actualité en période estivale, durant laquelle "l'offre de soutien et d'accompagnement se raréfie", rappelle la mairie de Paris. A boire et à manger La Ville a donc précisé avoir augmenté "de 160 000 euros son soutien aux associations d'aide alimentaire pour compenser les fermetures estivales, ce qui porte à plus de 6,3 millions d'euros l'aide alimentaire aux Parisiens les plus démunis, soit plus de deux fois plus que l'Etat, dont c'est pourtant la compétence". Elle finance ainsi l'association Aurore pour 450 repas le midi, pour remplacer en juillet la distribution des Restos du Coeur Porte de la Villette (19e arrondissement), soutient l'association Août secours alimentaire pour sa distribution de colis (dans les 13e, 15e, 17e, 18e et 20e en août donc et, pour la première fois, dans le 15e du 15 au 31 juillet), et finance également les associations La Chorba et Une chorba pour tous, pour la distribution d'un millier de repas par jour. Toutes les adresses de l'été La municipalité édite par ailleurs son guide Solidarité à Paris - Eté 2011, diffusé à 2 000 exemplaires et disponible en ligne, qui mentionne en particulier "les lieux de distribution alimentaire ouverts pendant l'été et les lieux où se rafraîchir, et qui donne des conseils sur la conduite à tenir en cas de fortes chaleurs". Elle garde aussi ouverts tout l'été ses cinq restaurants solidaires des 5e, 8e, 10e, 14e et 20e arrondissements, gérés par le Centre d'action sociale de la Ville de Paris (CASVP), "pour offrir à 800 personnes chaque soir un repas assis de qualité, dans un cadre calme et agréable", selon son communiqué. Que d'eau, que d'eau ! La mairie mobilise en outre l'établissement public Eau de Paris pour publier un plan des 1 160 fontaines d'eau potable, disponible en version de poche, en format A4 ou en poster, pour fournir aux équipes de maraude des jerricanes et des gobelets biodégradables, et pour distribuer, pour la première fois cette année, quelque 4 000 gourdes dans les lieux d'accueil de jour des personnes SDF et dans les restaurants solidaires. La Ville rappelle enfin que 15 bains-douches municipaux équipés de cabines individuelles sont accessibles gratuitement aux personnes sans abri, parfois jusqu'à 19 h et, pour certains de ces établissements, le week-end. Des kits d'hygiène comprenant du savon, du shampoing, etc. sont d'ailleurs disponibles dans les Espaces solidarité insertion (ESI), qui restent eux-mêmes ouverts tout l'été et qui, pour la plupart, "ont été équipés de ventilateurs, de fontaines d'eau réfrigérée, de climatiseurs ou encore de brumisateurs froids et proposeront des boissons fraîches à leurs visiteurs".
Fermer Fermer

Connexion

Identifiant
Mot de passe
A la semaine prochaine !