Toutes les catégories professionnelles ne sont pas égales devant le suicide. C’est ce qui ressort d’une étude1 conduite par des équipes de l’Unité mixte de recherche et de surveillance transport travail environnement et de l’Institut de veille sanitaire (InVS), qui se sont attachées à décrire, en population active, via deux indicateurs, les tentatives de suicide (TS) au cours de la vie, et la mortalité par suicide, selon l’emploi.
La description des TS a porté sur 7 389 femmes et 6 264 hommes, actifs occupés, âgés de 18 ans et plus, résidant en France ; celle de la mortalité par suicide avant 65 ans, sur 138 194 femmes et 187 938 hommes, nés en France métropolitaine après 1890, déclarés actifs occupés à au moins un des recensements de 1968, 1975, 1982, 1990. Les risques relatifs de décès par suicide ont été estimés selon la dernière catégorie socioprofessionnelle ou le dernier secteur d’activité connus.
De l’analyse selon le secteur d’activité, il ressort, chez les hommes, une surmortalité par suicide significative dans les secteurs de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche, des industries agricoles et alimentaires et celles des industries des biens intermédiaires.
Chez les femmes, la surmortalité significative par suicide concerne le secteur des biens d’équipement, puis le secteur agricole. Le suicide par ingestion de substances était le plus souvent le fait des femmes, celui par pendaison (plus fréquent chez les exploitants agricoles), armes à feu (chez les hommes de toutes catégories socioprofessionnelles) ou noyade, plus le fait des hommes.
Cette étude attire l’attention sur les inégalités devant le suicide et la mortalité par suicide en lien avec l’emploi. Elle appelle l’examen d’autres sources de données et la prise en considération de ses résultats. Plus généralement, le déterminant “travail” devrait être pleinement pris en compte dans les plans de prévention proposés par les pouvoirs publics.
