En septembre dernier, à Évreux (27), se sont tenues les 29es Journées d’étude de l’Association des infirmier(e) s en rééducation et réadaptation (Airr), organisées par l’hôpital de la Musse de Saint-Sébastien-de-Morsent. Autour du thème “Handicap, douleur et souffrance”, elles ont été l’occasion d’évoquer la représentation et la prise en charge de ceux-ci dans notre société.
Quelle place la douleur et la souffrance tiennent-elles dans notre société et dans notre culture ? En situation de handicap, comment sont-elles vécues, perçues, évaluées, identifiées, diagnostiquées, expliquées, appréhendées, traitées et accompagnées ? Autant de thèmes abordés lors des 29es Journées d’étude de l’Association des infirmier(e)s en rééducation et réadaptation (Airr), en septembre dernier, à Évreux (27).
Ces journées ont permis d’appréhender l’accompagnement du patient en situation de handicap, ses douleurs et ses souffrances. Après quelques rappels physiologiques permettant un lien avec la pratique quotidienne, les différents éléments du syndrome douloureux ont été clarifiés et nous avons pu éclaircir certaines de nos représentations. La douleur a été présentée et expliquée sous ses différents aspects : clinique, psychologique, et ses différentes formes : aigüe, rebelle ou persistante, ce qui pose le risque de l’échec thérapeutique si culpabilisant pour le patient et le soignant. Des témoignages de personnes en situation de handicap et de leur famille nous ont à la fois touchés et éclairés sur la difficulté du “vivre avec”.
Nous avons également été émus d’entendre parler de nos propres souffrances de soignants parce que notre profession n’a de sens que celui d’apaiser. Si certaines conditions empêchent la relation d’aide, faute de moyens, de temps, ou parfois d’“humanité ambiante”, elles nous dépossèdent alors de nos aspirations, de nos engagements et de nos valeurs. Plus que de la désillusion, il s’agit d’un véritable gâchis !
Cependant la résistance s’organise, des ressources se déploient et la créativité se met au service du patient. Des outils d’évaluation, d’interprétation et de suivi voient le jour pour s’adapter au plus près à la singularité de chaque individu et de chaque situation. Ils sont colorés, ludiques et se veulent les plus accessibles possibles. Ils sont partagés, deviennent des outils pluridisciplinaires et donc multi-contextuels. De plus, les thérapeutiques évoluent et les techniques sont de plus en plus ciblées.
Il existe, par ailleurs, une prise de conscience sur les conditions de travail et, au-delà des textes relatifs aux risques psycho-sociaux dans les entreprises, certains établissements se préoccupent de la question de l’épanouissement professionnel en proposant des formations et des prises en charge psychologiques des équipes soignantes, en créant également des espaces conviviaux et de détente pour que le travail redevienne une source de satisfaction pour le soignant et un gage de dignité pour le soigné.
La psychologie de la douleur est abordée concrètement, pour développer sur le vécu émotionnel et les différents accompagnements. Alors, mettons à profit ce qui nous est offert, continuons à créer, et recentrons-nous toujours sur la personne et sur sa perception. Évitons de tomber dans le piège des automatismes, pour que la question : « À quel chiffre évaluez-vous votre douleur ? » ne remplace jamais : « Comment vous sentez-vous ? ».
L’année prochaine, les journées d’étude de l’Airr se dérouleront à Paris, les 20 et 21 septembre 2012 autour du thème “Handicap : de la prise en charge à l’accompagnement”. Il sera question des innovations, des progrès et de la créativité en matière d’accompagnement infirmier. Nous nous demanderons également comment cette profession d’infirmier de rééducation et de réadaptation a évolué, à l’occasion des 30 ans de l’association.
