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Fonds documentaire : Article
Titre L'Europe fait face à un "tourisme médical" de la reproduction
Source Le Monde
Auteurs Nau JY
Date de parution 05/07/2007
Commentaire Trente ans après la première naissance, au Royaume-Uni, d'un enfant conçu par fécondation in vitro, les spécialistes de l'assistance médicale à la procréation (AMP) dénoncent l'hétérogénéité des thérapeutiques disponibles au sein de l'Union européenne. Cette situation est, selon eux, directement à l'origine d'une nouvelle forme de "tourisme médical de la reproduction" contraire aux règles de l'éthique et de l'équité. Les principales données de ce dossier viennent d'être rendues publiques à Lyon lors de la 23e conférence de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (Eshre), qui s'est achevée le 4 juillet. "Jusqu'à présent, ces questions n'étaient traitées qu'au sein de nos comités internes, explique le professeur Paul Devroey (Université libre de Bruxelles), président de l'Eshre et vice-président du Comité national belge d'éthique. Mais il est indispensable d'exposer les divergences des pratiques en vigueur dans l'espace européen. Et tout faire, au-delà des dispositions législatives nationales, pour susciter sur ce thème l'ouverture d'un véritable débat." Conduit à la demande de l'Eshre et de la Commission européenne par le juriste James Lawford Davis (université de Newcastle), un premier travail de droit comparé, dont les principales données ont été présentées à Lyon, aide à prendre la mesure du problème. Alors que la plupart des pays de l'Union européenne ont, ces deux dernières décennies, pu développer et proposer l'ensemble des techniques de l'AMP, une série d'oppositions de nature législative fait que l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie (ainsi que la Suisse) interdisent la congélation des embryons humains obtenus après fécondation in vitro ou le diagnostic pré-implantatoire (DPI), qui permet d'effectuer un tri génétique des embryons avant leur implantation utérine. Les équipes des pays qui interdisent la congélation embryonnaire ne peuvent le plus souvent pas appliquer le consensus auquel est parvenue la communauté médicale spécialisée dans le traitement de la stérilité, qui conduit à limiter à un ou deux le nombre des embryons implantés in utero, les autres étant conservés dans l'azote liquide. "On en arrive ainsi à des situations totalement inacceptables, souligne le professeur Devroey. Ainsi, en Italie, lorsque trois embryons sont obtenus in vitro ils doivent tous être implantés, ce qui fait que dans ce pays le nombre des naissances triples augmente, avec toutes les conséquences désastreuses que l'on connaît pour la mère et les enfants. Toujours dans ce pays, on peut faire un DPI pour des maladies génétiques graves mais les embryons porteurs des anomalies doivent être implantés in utero..." Le DPI est aujourd'hui mis en oeuvre dans 53 centres en Europe, la plupart d'entre eux se situant en Espagne, en Belgique, en République tchèque, en Grèce et en Grande-Bretagne. Les responsables de 36 de ces centres confirment recevoir des patients venant de l'étranger. La pénurie d'ovocytes disponibles pour la fécondation in vitro conduit aussi au développement de ce tourisme de la procréation. Les femmes ne pouvant procréer sans avoir recours à un don de ces cellules sexuelles se rendent de plus en plus fréquemment dans des centres étrangers qui peuvent leur en proposer, notamment en République tchèque, à Chypre ou en Espagne. Alors que le coût d'une fécondation in vitro est estimé à 2 500 euros, plus 1 500 euros pour un diagnostic pré-implantatoire, certains spécialistes profitent de la détresse des couples pour spéculer sur ce marché. L'Agence française de la biomédecine cherche à prendre la mesure de ce phénomène. En France, ces techniques sont prises en charge par la Sécurité sociale. Mais elles sont réservées aux couples stériles composés d'un homme et d'une femme. "Les travaux d'assistance médicale à la procréation sont le fruit d'une démarche scientifique et médicale, ajoute le professeur Devroey. Une société savante comme l'Eshre n'a certes pas à s'impliquer dans les choix démocratiques d'un pays. Cela ne veut pas dire que nous devrions garder le silence sur ce qui nous apparaît comme une profonde inégalité."
Mots-clés EUROPE / PROCREATION ARTIFICIELLE / ETHIQUE
Langue Français

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