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Ouvrage
Les Droits de la vie , MATTEI J-F , Odile Jacob , 10/1996 , 174.MAT
Type Ouvrage
Titre Les Droits de la vie
Auteurs MATTEI J-F
Source Odile Jacob
Date de parution 10/1996
Cote 174.MAT
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Article
Dossier/ Assistance médicale à la procrétation : de la technique à l'éthique , Infirmière magazine (L') , 323 , DA CRUZ N, REGNIER G , 15/05/2013
Type Article
Titre Dossier/ Assistance médicale à la procrétation : de la technique à l'éthique
Source Infirmière magazine (L')
323
Auteurs DA CRUZ N, REGNIER G
Date de parution 15/05/2013
Commentaire Les techniques d'assistance médicale à la procréation (AMP) sont rigoureusement encadrées par la loi de bioéthique et régulées par l'Agence de bio-médecine. Les professionnels réclament davantage de confiance pour accélerer les évolutions.
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Article
Tout, vous saurez tout sur la FIV , Quotidien du médecin (Le) , Hasendahl S , 12/03/2012
Type Article
Titre Tout, vous saurez tout sur la FIV
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Hasendahl S
Date de parution 12/03/2012
Commentaire Le 24 février 1982, naissait Amandine, premier bébé-éprouvette français, moins de quatre ans après Louise Brown, premier bébé au monde né grâce à la fécondation in vitro (FIV). Aujourd’hui, les techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) ont énormément évolué. « Outil génial », l’AMP n’est toutefois pas « une baguette magique », prévient le Dr Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction au centre hospitalier des 4 villes à Sèvres (92). État des lieux. • Trente ans après Amandine La FIV d’il y a trente ans n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Nos taux de succès à Béclère, en 1984, s’élevaient entre 3 à 4 % de grossesses débutantes. Actuellement, selon les derniers chiffres de l’Agence de la Biomédecine, on tourne globalement autour de 20 % d’accouchement par tentative. Je précise que ces résultats portent sur les 50 000 tentatives d’AMP en France. Certains diront que ces chiffres sont insuffisants mais la question est de savoir si nous travaillons pour avoir de meilleurs résultats ou pour aider les patients à avoir des enfants. Je pense qu’il faut trouver un juste milieu. On ne peut pas prendre en charge des couples quand il n’y a vraiment aucune chance mais on ne peut pas non plus sélectionner les couples les plus fertiles. À Sèvres, nous tournons en moyenne à 30 % de grossesses cliniques : je sais que les femmes de 40 ans font baisser nos résultats mais nous les prenons quand même en charge tant qu’elles ont des chances raisonnables. Et puis, 20 %, en terme d’accouchement, ce n’est pas si mauvais surtout lorsqu’on sait qu’en France nos patientes sont plus âgées. La durée moyenne d’infertilité est de cinq ans avant que les couples n’arrivent à l’AMP alors que dans certains pays comme le Danemark ou la Suède, elle est de deux à trois ans maximum. • Des traitements allégés Quand j’étais chef de clinique en 1981, les femmes restaient hospitalisées pendant huit jours. Elles restaient à jeun toute la journée, avec des prises de sang toutes les quatre heures pour dépister le début du pic de LH et on le calculait vers 17h. À ce moment-là, on pouvait prédire l’heure de l’ovulation pour faire la ponction sous cœlioscopie juste avant : en général, ça tombait au milieu de la nuit, quasi-systématiquement après une césarienne. « JE NE COMPRENDS PAS, EN PARTICULIER, QUE LES FEMMES HOMOSEXUELLES SOIENT EXCLUES DE L’AMP » Aujourd’hui, il y a une journée d’hospitalisation (de jour) et la patiente revient deux jours plus tard pour le transfert d’embryons. Il n’y a plus de cœlioscopie mais des ponctions sous échographie. Les traitements se sont extraordinairement allégés et les taux de succès ont augmenté. Le vrai progrès sera d’aboutir à un traitement exclusivement par voie orale et de supprimer toutes les injections : l’industrie pharmaceutique travaille dessus mais il faut encore attendre quelques bonnes années. L’idéal sera atteint le jour où l’on sera capable de dépister le bon embryon, celui dont on est sûr qu’il va s’implanter. À ce moment-là, toutes les discussions sur le transfert de l’embryon unique disparaîtront. • Le palmarès des centres L’Agence de la Biomédecine recueille les résultats de chaque centre d’AMP mais personnellement je suis très opposée à un palmarès. Les chiffres globaux ne veulent rien dire : il suffit que vous décidiez de ne pas prendre les femmes de 40 ans dans votre protocole pour avoir de bons chiffres. La loi prévoit une analyse des résultats qui tienne compte de l’âge de la femme mais cela ne suffit pas : une femme jeune dont la réponse ovarienne n’est pas de bonne qualité (moins de cinq ovocytes) a de mauvais résultats. Il faut beaucoup de paramètres pour pouvoir comparer réellement les pratiques d’un centre. Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment réalisable. • L’augmentation de l’infécondité L’AMP est un outil génial mais ce n’est pas une baguette magique. L’augmentation de l’âge du désir d’enfant est une réalité. Les femmes ont une meilleure maîtrise de la contraception et elles font des études plus prolongées : c’est bien. Ce qui est moins bien, c’est l’hostilité des employeurs quand une femme est enceinte. Je le reconnais, avoir une praticienne enceinte dans mon équipe me pose aussi un souci d’organisation. Néanmoins, il faudrait qu’il y ait une meilleure tolérance de la société. Tout se conjugue pour que les femmes fassent des enfants de plus en plus tard sauf que la fertilité spontanée chute. Les couples vont être consommateurs d’AMP plus rapidement. L’homme, qui fait des enfants de plus en plus tard, a aussi une horloge biologique : les perturbations du sperme avec l’âge sont une certitude. La première cause d’infertilité chez les femmes de moins de 35 ans, c’est l’homme, comme le montre une étude écossaise menée sur 8 000 couples infertiles. • L’attente contre-productive Selon l’OMS, on peut parler d’infertilité après un an de rapport régulier. Il est ensuite conseillé de consulter : ce n’est pas ce que font la majorité des couples, ils attendent beaucoup plus. De manière générale, la femme de plus de 35 ans devrait consulter dès six mois de rapports réguliers. Consulter ne veut pas dire faire une FIV immédiatement : on va analyser la situation, voir s’il y a une explication, une étiologie, un traitement possible. Il est inutile d’attendre : on est alors sûr d’arriver à l’AMP avec des taux de succès inférieurs. Il faut surtout informer aussi objectivement que possible. On estime qu’une femme qui veut un enfant a trente ans, l’aura dans 90 % des cas. À plus de 40 ans, 1/3 des femmes ne l’auront jamais, sauf don d’ovocytes. • L’autoconservation des ovocytes Faudra-t-il arriver à l’autoconservation sociétale, c’est-à-dire conserver ses ovocytes pour des raisons dites de convenance ? Est-ce logique pour les femmes d’avoir recours à un don d’ovocytes en Espagne car il n’y en a pas suffisamment en France ? Je pense que l’on arrivera à l’autoconservation avec un cadre précis comme la limite d’âge : il ne serait pas raisonnable de transférer les ovocytes aux femmes de plus de 45 ans. Par ailleurs, l’autoconservation peut être un faux espoir : il a été calculé qu’il faut 15 à 18 ovocytes vitrifiés pour espérer une grossesse. Il ne faudrait pas faire croire aux patientes qu’avec des ovocytes vitrifiés, elles peuvent attendre autant qu’elles le souhaitent. J’ai moi-même une position ambiguë sur l’autoconservation mais ce dont je suis sûre, c’est que la France ne peut pas faire l’économie de cette réflexion. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) a d’ailleurs saisi le comité national d’éthique (CCNE) à ce propos. Le comité d’éthique israélien a, quant à lui, considéré que la chute de la fertilité avec l’âge était un vrai problème médical. • Le but de l’AMP La loi estime que l’AMP ne doit traiter que l’infertilité médicalement constatée. Personnellement, je serai plus large : je ne comprends pas, en particulier, que les femmes homosexuelles soient exclues de l’AMP avec, comme prétexte, la fausse égalité homme-femme. On vous dit alors que si les femmes peuvent avoir accès à l’AMP, il faut aussi en faire bénéficier les hommes et donc autoriser la gestation pour autrui (GPA). Je pense que l’égalité homme-femme n’existe pas dans la société actuelle. Pour la GPA, j’ai fait partie des rebelles du CCNE qui avons estimé que l’on pouvait faire une expérimentation dans des cas précis : par exemple, une femme qui n’a pas d’utérus et dont l’amie ou la sœur se propose de l’aider. Dans ce schéma, il me semble excessif d’interdire la GPA : il n’y a pas de marchandisation du corps humain. Quand aux femmes seules qui veulent recourir à l’AMP, on leur oppose le bien de l’enfant : mais sait-on vraiment ce qu’est le bien de l’enfant??
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Article
2,6 % des enfants nés grâce à l’AMP , Quotidien du médecin (Le) , 13/03/2012
Type Article
Titre 2,6 % des enfants nés grâce à l’AMP
Source Quotidien du médecin (Le)
Date de parution 13/03/2012
Commentaire Selon les derniers chiffres de l’Agence de la biomédecine, on dénombre, en France, 106 établissements autorisés pour les activités d’AMP. En 2009, 21 759 enfants sont nés grâce aux techniques d’AMP : ils représentent environ 2,6 % des enfants nés de la population générale cette même année, estimés par l’INSEE à 824 641 enfants. Si l’activité apparaissait assez stable entre 2004 et 2008, il semble se dessiner une augmentation du nombre global de tentatives en 2009. Les taux de grossesse échographique ainsi que la part des enfants nés après AMP augmentent légèrement par rapport à 2008.
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Article
Grossesse pour autrui : Respecter les grands principes d’éthique , Quotidien du médecin (Le) , 13/03/2012
Type Article
Titre Grossesse pour autrui : Respecter les grands principes d’éthique
Source Quotidien du médecin (Le)
Date de parution 13/03/2012
Commentaire En pleine activité législative, autour des lois de bioéthique, nous pouvons déjà faire le point sur la « grossesse pour autrui ». En effet, ni l’Assemblée nationale, ni le Sénat n’ont retenu cette possibilité dans la future loi. Dans le même temps, la Cour de cassation a refusé la transcription de leur filiation à l’état civil français aux jumelles « Menesson » : cette famille porte-parole médiatique de la « grossesse pour autrui » n’a donc pas obtenu satisfaction. On peut donc dire qu’il y a une certaine cohérence dans nos institutions, et on ne peut que s’en féliciter à ce propos tant les arguments paraissent évidents. EN PREMIER LIEU : les risques obstétricaux pour la porteuse ne sont pas acceptables quand le bénéfice n’est pas pour celle qui supporte le risque. Tous les obstétriciens s’accordent à dire qu’il y a un risque à toute grossesse et à tout accouchement, que ce risque est mal évaluable avant, même si il y a déjà eu une grossesse précédente normale : il s’agit de pathologies pendant la grossesse (dysgravidie, diabète gestationnel, insertion pathologique du placenta…), pendant l’accouchement (hémorragie de la délivrance, extraction instrumentale, césarienne), après l’accouchement (troubles de la statique pelvienne). Tout cela concerne les grossesses uniques, mais on sait bien qu’en assistance médicale à la procréation (AMP) les grossesses gémellaires sont fréquentes en raison du transfert possible de deux embryons dans l’utérus, et seront à l’origine de leurs complications spécifiques. À ces éléments pathologiques, il faut ajouter les nécessaires conséquences d’une grossesse sur le corps féminin, surtout si elle est gémellaire, qui ne sont en principe que les marques de la vie, mais de « sa » vie. Nous ne sommes pas loin de la malfaisance. Ensuite, les risques psycho-sociaux : pour la porteuse, la difficulté à ne pas investir cette grossesse, cet enfant dont elle va devoir se séparer. D’autre part, une grossesse ne se vit pas de manière isolée : les réactions de l’entourage familial (mari, enfants), social, professionnel ne seront pas simples à gérer. Enfin, les interactions fœtus-mère ne sont pas négligeables, ni sans conséquences pour l’enfant. Nous ne sommes pas en France dans un système juridique « de contrats » qui permettrait de considérer qu’on admet un risque à condition de l’indemniser à sa valeur, avec supplément à prévoir en cas de complications, comme c’est le cas dans d’autres pays. Les expériences étrangères de grossesse pour autrui (GPA) ne sont pas convaincantes, et à peu d’exceptions près, la motivation principale en est l’argent : les mères porteuses seront nécessairement des femmes dans le besoin qui sacrifieront leur corps, leur santé et leur temps pour de l’argent, dans un équivalent de prostitution qui ne dit pas son nom. Selon le degré de situation économique du pays concerné, les exemples de pratique de GPA sont différents : dans les pays pauvres, l’exploitation des femmes est évidente et évoque l’esclavagisme ; dans les pays riches, la motivation reste malgré tout économique, mais il y a effectivement quelques femmes pour qui l’état de grossesse est appréciable. Elles en tirent des avantages secondaires sociaux : « on s’intéresse à elles ». Il semble que la période de suites de couches soit très difficile à vivre pour elles en raison de la séparation d’avec l’enfant d’abord, ensuite en raison de l’isolement retrouvé. Certains médecins de centres d’AMP soulignent qu’il y a pourtant de « vraies » indications : ils évoquent ainsi les femmes sans utérus par exemple. Mais que les indications soient « vraies », strictes, ou élargies aux femmes dont la grossesse ferait courir un risque médical grave, ou encore élargies aux couples homosexuels masculins, le problème n’est pas là : il est aux mères porteuses essentiellement et il n’y a que ce problème-là à considérer. On ne peut pas, pour solutionner les difficultés d’une de nos patientes, faire prendre des risques pour sa santé à une autre, tout simplement parce que « cette autre » n’entre pas dans le champ de nos patientes. La compassion médicale, si toutefois elle doit intervenir, ne doit pas sélectionner ses champs d’action. Au total, il me semble qu’il faut protéger les femmes et leurs corps contre une exploitation et respecter les grands principes d’éthique médicale et humaine : - d’abord ne pas nuire, - ensuite respecter la non-patrimonialité du corps humain. Car finalement, c’est la femme qui paie les frais de cette évolution procréatique « moderne » : en théorie, nous disposons de tout ce qui est nécessaire pour « fabriquer un enfant », spermatozoïdes, ovocytes, utérus à « emprunter ». Du côté de ceux qui vont donner ou vendre, on voit bien que ce sera simple pour les hommes et beaucoup plus difficile et pénalisant pour les femmes. C’est bien vers une instrumentalisation de la femme que l’on risque d’évoluer. Les femmes, après une période de conquête de leur autonomie : entrée dans le monde de la culture, des études secondaires, de l’entreprise, acquisition de la possibilité de contraception, du droit à l’IVG, pourraient bien subir une sorte de retour de « boomerang » avec l’utilisation de leur corps et de leurs ovocytes pour la reproduction des autres. Cette évolution avance « masquée » car ce n’est pas d’une exploitation de la femme par l’homme dont il s’agit, mais des femmes par d’autres femmes et d’autres hommes. Certes, le but en est louable puisqu’il s’agit d’avoir un enfant, mais tout usage du corps de l’autre reste répréhensible. Tout est donc techniquement possible, le seul frein, le seul guide, c’est le droit qui oblige à respecter les grands principes d’éthique, car tout ce qui est techniquement possible n’est pas nécessairement humainement souhaitable. Le droit est bien le rempart de protection des « humains », éventuellement contre eux-mêmes, dans le respect de la dignité humaine afin de ne pas en arriver à la prévision d’Hannah Arendt : « Il se pourrait qu’un jour, nous ne soyons plus en mesure de penser ce que nous sommes capables de faire ».
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N° Revue
L'assistance médicale à la procréation , Actualité et Dossier en Santé Publique (ADSP) , 75 , 01/06/2011 , https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Adsp?clef=115
Type N° Revue
Titre L'assistance médicale à la procréation
Source Actualité et Dossier en Santé Publique (ADSP)
75
Date de parution 01/06/2011
URL https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Adsp?clef=115
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Article
Après 35 ans, les femmes doivent consulter Pour le Dr Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie-obstétrique et de reproduction humaine au centre hospitalier des Quatre-Villes, à Sèvres, l'assistance médicale à la procréation ne doit pas être considérée comme « une baguette magique qui compense la chute de la fécondité avec l'âge ». Entretien avec la vice-présidente du Collège des gynécologues-obstétriciens. , Quotidien du médecin (Le) , Hasendahl S , 16/09/2008
Type Article
Titre Après 35 ans, les femmes doivent consulter Pour le Dr Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie-obstétrique et de reproduction humaine au centre hospitalier des Quatre-Villes, à Sèvres, l'assistance médicale à la procréation ne doit pas être considérée comme « une baguette magique qui compense la chute de la fécondité avec l'âge ». Entretien avec la vice-présidente du Collège des gynécologues-obstétriciens.
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Hasendahl S
Date de parution 16/09/2008
Commentaire LE QUOTIDIEN – Le désir de grossesse à 40 ans est-il devenu plus fréquent dans votre service ? Dr BELAISCH-ALLART – Oui. Nous avons vraiment de plus en plus de demandes de patientes autour de la quarantaine et jusqu'à 45 ans. Et c'est un souci, parce que ces femmes nous confient en général que personne ne leur avait parlé de la chute de la fertilité avec l'âge. Elles sont extrêmement désemparées quand on leur dit que les résultats de l'assistance médicale à la procréation (AMP) sont beaucoup plus mauvais à cet âge et que, pour certaines, on ne pourra plus les recevoir parce que leur réserve ovarienne est épuisée. En France, on ne voit à peu près pas de demandes de femmes de 50 ans. Je ne sais pas si c'est artificiel, parce qu'elles savent qu'on ne les traitera pas, ou si c'est parce que nos compatriotes sont plus raisonnables. Est-ce une évolution récente ? On la note depuis les années 1980. Avant, jusqu'au début des années 1970, l'âge de la première maternité n'avait cessé de descendre depuis le début du siècle, excepté deux petits pics après les deux guerres. Aujourd'hui, nous sommes passés à près de 30 ans pour l'âge de la première maternité. Les risques des grossesses tardives sont-ils différents selon que la femme est primipare ou multipare ? L'étude de Berkowitz, parue en mars 1990, sur les primipares de 35 ans et plus, de bon niveau socio-économique, laissait penser qu'une première grossesse à 40 ans se déroulerait mieux qu'une deuxième ou troisième grossesse. On s'est aperçu qu'en fait, ce n'est pas aussi vrai : il y a des soucis pour les deux : hypertension artérielle, fibromes, diabète, problèmes cardiaques et dysfonctionnement thyroïdien. Quel rôle les médecins doivent-ils avoir face à cette évolution ? Il faut que les médecins aient le courage de dire à leurs patientes que la fertilité féminine chute avec l'âge. Les généralistes et surtout les gynécologues doivent absolument proscrire la phrase : «Laissez faire le temps, attendez, ça va venir.» C'est presque criminel de dire ça à une femme qui a plus de 35 ans. On ne doit jamais laisser faire le temps après 35 ans, on doit consulter un spécialiste de la fertilité. Le principe selon lequel il faut attendre deux ans de rapports réguliers n'existe plus. On a le droit de commencer les explorations à partir d'un an, et même avant, au bout de six mois, si la femme a plus de 35 ans. Il faut avertir les femmes, mais également les hommes. Les rares femmes qui sont conscientes de l'horloge biologique qui tourne me disent que leur conjoint n'était pas prêt, qu'il préférait encore attendre. Il faut vraiment que les hommes apprennent à s'engager et il faut que la société favorise les grossesses plus précoces. L'homme peut toujours choisir une femme plus jeune que lui. Son âge n'est-il pas toutefois également une contrainte ? Le biologiste Maurice Auroux a quand même montré dans une étude que les hommes en cours de service militaire issus de père trop jeune ou trop âgé avaient de moins bons résultats dans les tests intellectuels. Par ailleurs, les psychiatres ont une vision plutôt péjorative des adolescents nés de pères vieillissants contre lesquels ils ne s'autorisent pas à se révolter. Quels sont les arguments que vous opposez à vos patientes lorsque vous leur refusez un traitement contre l'infertilité ? En France, la Sécurité sociale ne rembourse plus les traitements sur l'infertilité jusqu'au premier jour du 43e anniversaire. Ça, on le dit, et je pense que ce seuil est tout à fait raisonnable. Dans mon centre, on accepte de traiter les femmes jusqu'à 43 ans, mais, après 38 ans, on les avertit des chutes de résultats. Il y a également certaines conditions, en particulier que la réserve ovarienne soit suffisamment satisfaisante pour permettre d'avoir quelques espoirs de grossesse. Comment peut-on informer les femmes correctement ? Je pense qu'il faut une grande campagne pour les mettre en garde contre la chute de fertilité après 35 ans. Le souci est que cette campagne est très difficile à faire passer. Ce genre de campagne a eu lieu aux États-Unis, mais elle a fait un flop, en particulier parce qu'elle a une connotation machiste : «Restez à la maison et faites des enfants.» Ce n'est évidemment pas ce que je suis en train de dire. Il est vrai que les médecins ont beaucoup insisté sur les progrès apportés par les techniques d'AMP et peut-être moins sur la chute de fertilité. L'AMP n'est en effet pas une baguette magique qui compense la chute de la fécondité avec l'âge. Certains articles l'ont dit, dont un notamment de Henri Léridon, mais ils n'ont pas eu l'écho qu'ils auraient mérité dans la presse. IL FAUT UNE GRANDE CAMPAGNE POUR METTRE EN GARDE CONTRE LA CHUTE DE LA FERTILITE Mais finalement, les femmes ne peuvent-elles pas se dire que, grâce à une bonne surveillance médicale, les complications comme le diabète ou l'HTA peuvent être évitées ? C'est pour ça que je dis que, jusqu'à 42 ans, les choses se passent assez bien et même jusqu'à 45 ans. En revanche, au-delà de cet âge, il y a effectivement plus de risques, et à 50 ans, les rares études sérieuses montrent qu'il y a une nette augmentation des complications maternelles et foetales. Pensez-vous qu'il est nécessaire d'établir un cadre légal autour des grossesses tardives ? Il y en a un puisque, dans la loi, l'homme et la femme doivent être vivants, en âge de procréer. Je ne suis pas sûr qu'il faille aller plus loin : il y a toujours des exceptions. Je viens de finir la visite dans le service d'une femme qui a perdu l'année dernière un enfant de 10 ans et qui a refait un enfant à 44 ans grâce à un don d'ovocyte à l'étranger. Je ne la juge pas. Elle n'a que 44 ans. Malheureusement, on lui a transférer trois embryons et elle a commencé une grossesse triple. Elle a accepté, face aux risques, une réduction embryonnaire. On ne peut pas interdire aux femmes d'aller à l'étranger pour revenir enceinte. Jusqu'à 45 ans, cette initiative ne me choque pas, sous réserve que l'on ait recommandé à la dame d'avoir un bilan cardiaque complet et d'avoir fait le point avec son médecin traitant. Le tourisme, que certains préfèrent appeler le nomadisme procréatif, existe et je crois que c'est une bouée de sauvetage pour certaines patientes. La ministre de la Justice qui, malgré une « vie de couple compliquée », selon ses termes, est enceinte à 42 ans ne vous contredit-elle pas ? Rachida Dati a beaucoup de chance, j'espère qu'elle en a conscience. Je ne voudrais pas pour autant que les femmes en concluent que l'on peut devenir enceinte facilement à 42 ans. Ce n'est pas vrai. La fécondité spontanée est très faible, c'est moins de 6 % de chance par cycle et en fécondation in vitro, c'est à peine plus élevé. Il y a quelques cas qui sont montés en épingle par les médias et qui nous font beaucoup de mal. Je pense que les techniques d'AMP permettent à 99,9 % des couples qui en ont besoin d'obtenir des enfants dans de bonnes conditions. C'est dommage qu'on parle toujours du 0,1 % de conduites aberrantes. Êtes-vous suffisamment nombreux pour répondre aux demandes d'AMP ? Non. Nous ne sommes pas assez : moi, qui suis pourtant très favorable au don d'ovocyte, j'ai dû l'arrêter dans mon service faute de temps médical suffisant. Je veux bien reprendre le don, mais il faudrait un poste de médecin en plus. D'ailleurs, l'assistance médicale à la procréation se fait de moins en moins dans le secteur public et de plus en plus dans le secteur privé. Or, actuellement, le don d'ovocyte n'est pas autorisé dans le secteur privé et je le regrette.
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L'assistance médicale à la procréation en débat , Quotidien du médecin (Le) , Jouannet P , 17/03/2008
Type Article
Titre L'assistance médicale à la procréation en débat
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Jouannet P
Date de parution 17/03/2008
Commentaire L'embryon, le foetus et l'enfant issus d'une assistance médicale à la procréation : tels sont les thèmes des trois conférences-débats proposés par l'Institut du droit de la famille et du patrimoine et l'Académie de médecine. Chercheurs, sociologues, philosophes, avocats, médecins vont confronter leurs pratiques et leurs réflexions. Entretien avec le Pr Pierre Jouannet, professeur à l'université Paris-V - René-Descartes, qui a dirigé le laboratoire de biologie de la reproduction à l'hôpital Cochin, membre du comité scientifique organisateur. LE QUOTIDIEN DU MEDECIN – Que représente aujourd'hui la procréation médicalisée en France ? Pr PIERRE JOUANNET – L'assistance médicale à la procréation (AMP) n'est pas quelque chose de nouveau : le premier enfant né par fécondation in vitro (FIV), Louise Brown, a 30 ans. C'est une activité qui est très encadrée par la loi de bioéthique. Sur le plan médical, les techniques ont évolué vers plus d'efficacité, les taux de grossesse s'améliorent et les types d'AMP se sont diversifiés. L'événement le plus important a été l'ICSI (injection intracytoplasmique de spermatozoïdes) en 1992, qui a permis de prendre en charge de nouveaux couples avec le traitement de la stérilité masculine. Actuellement, la majorité des FIV sont faites par cette technique. Selon le dernier bilan de l'Agence de la biomédecine (chiffres de 2005), près de 2,5 % des enfants qui naissent en France sont issus de l'AMP, soit environ 19 000 enfants par an. Les enjeux sont d'améliorer encore les performances de ces techniques en privilégiant la qualité. Nous devons mieux résoudre les problèmes d'infertilité tout en diminuant les contraintes et les risques pour la femme et l'enfant. Une des approches concerne l'utilisation de traitements hormonaux moins agressifs pour stimuler la fonction ovarienne. Combiné à des transferts mono-embryonnaires, ce type de traitement permet de maintenir d'excellents taux de succès, avec une très bonne acceptabilité par les couples et tout en réduisant le nombre de grossesses multiples. Les stratégies de prise en charge des couples doivent-elles relever des équipes médicales ou plus généralement d'une législation ? Chez certaines équipes, en France, tout est fait pour réduire le risque de grossesses multiples dans l'intérêt de la femme et de l'enfant. En Suède, par exemple, la stratégie du transfert embryonnaire découle d'un consensus de tous les centres d'AMP. Dans d'autres pays, comme en Belgique, c'est l'Etat qui est intervenu : le remboursement des actes est lié au transfert mono-embryonnnaire. En France, les professionnels y sont sensibilisés, mais il n'y a pas vraiment de politique nationale. Nous devrions mettre en place une telle politique au moins chez les femmes les plus jeunes, c'est-à-dire les cas les plus favorables. Plutôt que d'avoir des pratiques automatiques, il faut essayer de les adapter à la situation des femmes. Le message que je voudrais faire passer, et c'est l'un des points sur lesquels nous débattrons dans le cadre des conférences, c'est qu'il faut établir la responsabilité des pouvoirs publics et celle des professionnels dans l'organisation de l'AMP. En France, depuis la loi de 1994, ce domaine de l'activité médicale est en très nette régression dans les CHU. Pourquoi ? Parce qu'il n'y a aucune politique ministérielle pour que cette activité soit développée à l'hôpital public, dans les CHU en particulier, et parce que ce domaine médical n'est pas considéré comme prioritaire par la plupart des responsables hospitaliers. D'où une inquiétude quant à l'avenir de ce type d'activité à l'hôpital public. La révision de la loi peut-elle changer cette situation ? Ce n'est pas un problème de loi, mais de politique. Je vais vous donner un exemple emblématique : le don d'ovocytes, rendu possible par la loi depuis 1994. Les conditions de sa mise en oeuvre sont définies avec des centres qui sont spécifiquement autorisés pour cette activité. Or, concrètement, rien n'a été fait pour que ce don soit vraiment mis en place. A Cochin, nous n'avons jamais reçu le moindre soutien pour développer cette activité. S'occuper de donneuses d'ovocytes exige un très gros travail. Il faut les accueillir, les prendre en charge médicalement et psychologiquement. Cela nécessite des personnes compétentes et formées. Nous ne les avons pas. Résultat, quatorze ans après la loi, la majorité des femmes qui veulent faire un don d'ovocytes sont obligées d'aller en Espagne et en Belgique. La loi, telle qu'elle est, serait suffisante, mais on ne l'applique pas complètement. Pour ce qui est du don d'organes ou du don de tissus, dont est chargé l'hôpital public, ça se passe bien parce que l'on a mis en oeuvre les moyens. Pour les gamètes, on n'a pas fait pareil. Une des questions fondamentales est de choisir si l'on veut que ce type d'activité existe avec certains principes éthiques dans le secteur hospitalier comme pour les autres dons ou si l'on préfère laisser s'installer la loi du marché. Le problème est moins éthique que politique. Si l'on fait des choix, il faut les assumer. On passe son temps à débattre sur la loi de bioéthique, mais lorsqu'il faut mettre en oeuvre, on laisse les médecins se débrouiller. Le bricolage n'est pas un facteur de qualité. Pour progresser dans le domaine de l'AMP , il faut aussi développer la recherche sur l'embryon. Où en est-on aujourd'hui ? Pour moi, le débat concernant la recherche sur l'embryon a été complètement pollué par la question sur les cellules souches embryonnaires. Il y a deux champs de recherche : les recherches qui se font sur les cellules embryonnaires, où l'embryon n'est que source de cellules ; et la recherche, dont on parle finalement très peu, sur l'embryon pour lui-même. Cette recherche consiste à connaître et à mieux comprendre les événements cellulaires et moléculaires de la première semaine du développement. Car, en fait, nous sommes très peu efficaces dans nos techniques d'AMP. En 2005, près de 11 000 enfants sont nés grâce à une fécondation in vitro. Pour cela, il a fallu transférer près de 89 000 embryons, des embryons qui étaient jugés en bon état. Il y a donc environ 90 % de ces embryons qui ne se sont pas développés. Pourquoi ? On ne le sait pas bien. Il faut améliorer les performances et, pour cela, analyser les raisons des échecs. Comment expliquez-vous que l'on ne s'intéresse pas suffisamment à cette recherche ? Parce que les vrais problèmes ne sont pas posés. Aujourd'hui, on mythifie complètement l'embryon. On a l'impression qu'il n'appartient pas à la vie humaine. Ce que je ne comprends pas, c'est que la recherche biomédicale est possible à toutes les étapes de la vie, excepté à l'âge embryonnaire. La première chose à faire est de réintégrer l'embryon dans le champ médical et scientifique. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas le respecter. Mais, pour tous les embryons qui n'ont pas d'autre avenir que la destruction, si les personnes qui sont à leur origine sont consentantes, s'il y a une bonne question scientifique et médicale, et si les conditions de cette recherche sont réunies, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire cette recherche, alors que c'est possible aux autres étapes de la vie. Je pense que le problème est surtout idéologique. Le législateur doit-il prendre position ? Oui. En ce qui concerne la recherche sur l'embryon, j'attends que la loi fasse preuve de plus de réalisme et qu'elle ne soit plus aussi paradoxale. Il est assez aberrant de dire, dans le même article, que toute recherche sur l'embryon est interdite, mais qu'une dérogation peut être autorisée pendant cinq ans. Je ne comprends pas pourquoi le principe fondateur est l'interdiction de cette recherche. Je pense qu'elle devrait, au contraire, être autorisée et encadrée. Quel est le but de ces trois conférences ? Avez-vous l'intention de participer de cette manière aux états généraux que doit mettre en place l'Agence de la biomédecine pour préparer la révision de la loi de bioéthique prévue en 2009 ? L'idée de ces conférences, c'est de débattre du sujet de l'AMP à travers des réflexions multidisciplinaires : des médecins, des juristes, des philosophes, des sociologues. Nous n'avons pas d'autre ambition que d'échanger nos points de vue et, si cela peut apporter une contribution à la réflexion sur la révision de la loi, tant mieux. Mais on ne se sent pas investi d'une mission particulière. Il y a un point auquel nous sommes cependant très attachés, c'est d'inclure la plus jeune génération. Les professionnels de demain, ceux qui vont prendre en main cette activité, doivent également participer au débat. Nous avons cherché à faciliter la participation des jeunes (en master 2 ou en thèse dans le domaine médical et scientifique, en droit ou en sciences humaines). Nous sommes très contents, à cette occasion, d'avoir pu financer une cinquantaine de bourses. Nous leur avons proposé d'écrire une synthèse de chaque débat qui contiendra par ailleurs leur opinion personnelle sur le sujet. Ces textes seront soumis au comité scientifique et les meilleurs d'entre eux seront publiés. Parallèlement, nous avons lancé une enquête auprès des étudiants en master 2 et en thèse pour connaître leurs avis sur les évolutions nécessaires à apporter à l'activité d'AMP. Nous donnerons les résultats au cours de sessions. Pouvez-vous déjà nous en indiquer les grandes lignes ? Je peux vous dire que les étudiants sont plutôt conservateurs dans l'ensemble. Il y a des opinions très diverses, mais, par exemple, une majorité de jeunes sont contre le fait de créer des embryons pour la recherche, une majorité d'entre eux sont aussi contre la gestation pour autrui. C'est intéressant de voir aussi qu'ils sont, pour la plupart, contre la levée de l'anonymat. Tous ces chiffres vont être donnés à l'occasion des débats dont nous voulons qu'ils soient très riches.
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Article
L’infertilité, une expérience singulière , Espace Ethique AP-HP , Tiberghien Pauline , 01/11/2007
Type Article
Titre L’infertilité, une expérience singulière
Source Espace Ethique AP-HP
Auteurs Tiberghien Pauline
Date de parution 01/11/2007
Commentaire Face au soignant, s’articulent et s’entrechoquent la blessure narcissique de l’homme ou de la femme infertile, la frustration douloureuse de son conjoint et un projet de couple qui vacille. Fragilisés dans leur intimité, les couple infertiles peuvent mettre alors un espoir sans limite dans la science et une confiance aveugle dans le pouvoir médical. Leur parcours n’est pour certains que désillusions, et sortir de la spirale de l’échec devient parfois un but en soi. Au désir d’être parent se substitue rapidement le besoin d’un enfant. Pétrie de détresse, la plainte primaire de ne pas pouvoir « procréer normalement », se modèle alors en une quête réparatrice. Enfant réparateur du préjudice d’être infertile ou enfant panseur de plaies enfouies jusqu’alors au plus profond de l’histoire de chacun. Lorsque le tunnel des l’AMP* classiques — intra couples — touche à sa fin, accablés par l’injustice d’être différents, certains couples, dans un ultime souffle d’espoir, revendiquent alors au nom du sacro-saint projet parental — véritable Sésame de nos centres d’AMP* — un « droit à l’enfant ». C’est dans cet état d’âme que la solution du tiers donneur est proposée et que l’anonymat des donneurs est consenti. En réalité, les couples n’ont pas de choix possible : la loi française leur ordonne d’effacer ce donneur encombrant et de cautionner le fait que leur enfant sera privé à vie d’une partie de son histoire et de son identité. Incités de fait à vivre dans l’illusion de la fertilité, ils se trouvent, au fil des ans, bien souvent pris au piège de leur propre secret. Car le secret en réalité n’efface rien : ni la blessure de l’infertilité, ni l’omniprésence du donneur d’hérédité sans qui leur enfant n’aurait pas vu le jour. Notre souci éthique est « que la famille aille bien ». Replacer l’enfant au centre de la relation médecin/patient et considérer la dignité de l’enfant à naître comme une fin en soi imposent aux couples une lucidité douloureuse. Assumer la vérité de la conception suppose d’avoir dit-géré son infertilité. Les couples ne peuvent renoncer à l’enfant « naturel », voire au bonheur de porter un enfant, qu’au terme d’un travail long et difficile. Dans cette approche globale de l’infertilité, notre vocation de soignant est de continuer à accompagner les couples au-delà du parcours classique technique. Informés, rassurés sur leur capacité à être parent autrement, ils donneront alors à leur choix un consentement réellement éclairé.
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Article
L'Europe fait face à un "tourisme médical" de la reproduction , Le Monde , Nau JY , 05/07/2007
Type Article
Titre L'Europe fait face à un "tourisme médical" de la reproduction
Source Le Monde
Auteurs Nau JY
Date de parution 05/07/2007
Commentaire Trente ans après la première naissance, au Royaume-Uni, d'un enfant conçu par fécondation in vitro, les spécialistes de l'assistance médicale à la procréation (AMP) dénoncent l'hétérogénéité des thérapeutiques disponibles au sein de l'Union européenne. Cette situation est, selon eux, directement à l'origine d'une nouvelle forme de "tourisme médical de la reproduction" contraire aux règles de l'éthique et de l'équité. Les principales données de ce dossier viennent d'être rendues publiques à Lyon lors de la 23e conférence de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (Eshre), qui s'est achevée le 4 juillet. "Jusqu'à présent, ces questions n'étaient traitées qu'au sein de nos comités internes, explique le professeur Paul Devroey (Université libre de Bruxelles), président de l'Eshre et vice-président du Comité national belge d'éthique. Mais il est indispensable d'exposer les divergences des pratiques en vigueur dans l'espace européen. Et tout faire, au-delà des dispositions législatives nationales, pour susciter sur ce thème l'ouverture d'un véritable débat." Conduit à la demande de l'Eshre et de la Commission européenne par le juriste James Lawford Davis (université de Newcastle), un premier travail de droit comparé, dont les principales données ont été présentées à Lyon, aide à prendre la mesure du problème. Alors que la plupart des pays de l'Union européenne ont, ces deux dernières décennies, pu développer et proposer l'ensemble des techniques de l'AMP, une série d'oppositions de nature législative fait que l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie (ainsi que la Suisse) interdisent la congélation des embryons humains obtenus après fécondation in vitro ou le diagnostic pré-implantatoire (DPI), qui permet d'effectuer un tri génétique des embryons avant leur implantation utérine. Les équipes des pays qui interdisent la congélation embryonnaire ne peuvent le plus souvent pas appliquer le consensus auquel est parvenue la communauté médicale spécialisée dans le traitement de la stérilité, qui conduit à limiter à un ou deux le nombre des embryons implantés in utero, les autres étant conservés dans l'azote liquide. "On en arrive ainsi à des situations totalement inacceptables, souligne le professeur Devroey. Ainsi, en Italie, lorsque trois embryons sont obtenus in vitro ils doivent tous être implantés, ce qui fait que dans ce pays le nombre des naissances triples augmente, avec toutes les conséquences désastreuses que l'on connaît pour la mère et les enfants. Toujours dans ce pays, on peut faire un DPI pour des maladies génétiques graves mais les embryons porteurs des anomalies doivent être implantés in utero..." Le DPI est aujourd'hui mis en oeuvre dans 53 centres en Europe, la plupart d'entre eux se situant en Espagne, en Belgique, en République tchèque, en Grèce et en Grande-Bretagne. Les responsables de 36 de ces centres confirment recevoir des patients venant de l'étranger. La pénurie d'ovocytes disponibles pour la fécondation in vitro conduit aussi au développement de ce tourisme de la procréation. Les femmes ne pouvant procréer sans avoir recours à un don de ces cellules sexuelles se rendent de plus en plus fréquemment dans des centres étrangers qui peuvent leur en proposer, notamment en République tchèque, à Chypre ou en Espagne. Alors que le coût d'une fécondation in vitro est estimé à 2 500 euros, plus 1 500 euros pour un diagnostic pré-implantatoire, certains spécialistes profitent de la détresse des couples pour spéculer sur ce marché. L'Agence française de la biomédecine cherche à prendre la mesure de ce phénomène. En France, ces techniques sont prises en charge par la Sécurité sociale. Mais elles sont réservées aux couples stériles composés d'un homme et d'une femme. "Les travaux d'assistance médicale à la procréation sont le fruit d'une démarche scientifique et médicale, ajoute le professeur Devroey. Une société savante comme l'Eshre n'a certes pas à s'impliquer dans les choix démocratiques d'un pays. Cela ne veut pas dire que nous devrions garder le silence sur ce qui nous apparaît comme une profonde inégalité."
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