Des paupières à la rétine, toutes les structures anatomiques de l'œil peuvent être atteintes par le rayonnement solaire. Les lésions liées à l'observation directe du soleil ont fait l'objet d'une médiatisation - en particulier au moment de l'éclipse solaire de 1999 - et le nombre d'accidents reste limité. En revanche, les conséquences de l'exposition au quotidien restent encore mal prévenues, en particulier chez les enfants.
Paupières
Premières structures oculaires atteintes par le rayonnement solaire, les paupières filtrent la totalité des ultraviolets lorsque l'œil est fermé. Elles peuvent donc être le siège d'une photosensibilisation aiguë, voire d'une brûlure et, à long terme, d'un vieillissement précoce avec dégradation du collagène, se traduisant par l'apparition de rides et une perte d'élasticité cutanée. Le nombre des cancers localisés aux paupières augmente de façon régulière et leur pronostic est particulièrement sombre puisqu'il s'agit en général de mélanomes.
Les muqueuses qui tapissent la face interne des paupières peuvent être le siège d'une inflammation ou d'un œdème au décours d'une exposition solaire prolongée. Ce type de manifestation est spontanément résolutive mais elle peut néanmoins être à l'origine d'une gêne passagère qui dure généralement de deux à cinq jours.
- Cornée
La cornée filtre la quasi-totalité des UVC et une partie des UVB. Une à deux heures après une exposition au soleil sans protection - en particulier si la lumière est réfléchie par de l'eau ou de la neige -, il peut apparaître des ulcérations cornéennes (kératites), qui s'accompagnent de douleurs intenses, de photophobie majeure, de rougeurs oculaires et de larmoiements. Lorsque les kératites surviennent de façon répétitive, la cornée peut être le siège de kératites chroniques qui limitent la vision.
- Cristallin
Le cristallin absorbe la quasi-totalité des UVB, mais cette proportion est variable avec l'âge. Ainsi, à 10 ans, il en laisse passer 75 % vers la rétine mais, à 25 ans, ce chiffre s'établit à 10 %. Le cristallin absorbe aussi les UVA, en proportions variables selon l'âge. L'exposition solaire chronique sans protection peut entraîner de façon plus précoce des lésions de cataracte par opacification précoce du cristallin.
- Vitré et rétine
Le vitré peut être sensible au soleil, mais les lésions les plus graves sont celles qui concernent la rétine et, en particulier, la macula, zone de concentration maximale des UV. A court terme, la rétine peut être le siège d'une rétinopathie phototraumatique ou d'un œdème de la macula. A plus long terme, l'exposition solaire abusive pourrait majorer le risque de Dmla et de mélanome choroïdien.
- Tout-petits
Les tout-petits doivent faire l'objet de mesures de protection solaires oculaires strictes. A cet âge, en effet, les tissus cutanés sont de moindre épaisseur, la densité pigmentaire de l'iris et de la mélanine rétinienne sont faibles, l'arcade sourcilière et les sourcils n'ont pas encore acquis leur rôle protecteur, l'angle irido-cornée est ouvert, ce qui permet une plus grande pénétration de la lumière dans l'œil. A lumière constante, la pupille des enfants est plus ouverte que celle des adultes et leur cornée et leur cristallin sont beaucoup plus transparents aux UV. Enfin, la plainte oculaire est difficilement identifiable chez les tout-petits.
- Lampes à UV et œil
L'exposition aux ultraviolets A émis par les lampes utilisées dans les cabines à UV artificiels (longueur d'onde comprise entre 315 et 400 nm) peuvent induire des lésions oculaires de différents types : cataracte, ptégygions (voiles blancs sur la cornée) ou inflammations oculaires (photokératites et photoconjonctivites). En outre, une exposition excessive aux UV peut abaisser les défenses immunitaires et favoriser l'apparition ou la réapparition de pathologies infectieuses, de kératites virales, par exemple.
C'est pour cette raison qu'il est légalement obligatoire d'utiliser des lunettes de protection appropriées avant toute exposition aux UV artificiels.
