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Fonds documentaire : Article
Titre Abus et détournement de produits psychoactifs
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Roy P
Date de parution 18/01/2006
Commentaire L’usage festif ou criminel de psychotropes en tous genres, les morts par overdose et les ordonnances falsifiées sont passés au peigne fin par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, ce qui permet de renforcer régulièrement la pharmacovigilance. Ici, on classe comme stupéfiants de nouveaux produits de synthèse ou des médicaments détournés de leur usage ; là, on modifie les conditions de prescription et de délivrance ou on retire du marché un tranquillisant. L’EVALUATION de l’abus de substances psychoactives et de la pharmacodépendance s’inscrit dans les missions de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) telles qu’elles ont été définies par la loi du 1er juillet 1998. L’Agence coordonne l’action de 10 centres d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance (Ceip)*, implantés à Caen, Grenoble, Paris, Marseille, Montpellier, Nancy, Bordeaux, Lyon, Nantes et Toulouse, et de 7 centres correspondants, 3 dans la capitale, 2 en Lorraine et 2 dans la cité phocéenne. Elle assure également le secrétariat de la Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes (Cnsp). Les Ceip recueillent les cas de pharmacodépendance et d’abus liés à la prise de produits illicites ou notifiés par les professionnels de santé et les évaluent avec des outils adaptés. Leurs expertises et leurs recommandations nourrissent les travaux de la Cnsp et les décisions du ministre de la Santé, comme en témoigne leur bilan scientifique que publie l’Afssaps. La soumission chimique. Au chapitre de l’usage criminel de substances psychoactives, essentiellement des benzodiazépines, le Ceip de Paris a relevé, entre juillet 2003 et mars 2005, 119 cas de soumission chimique, majoritairement au promazépam et au clonazépam. Grâce à cette identification, les services d’urgence et d’urgence médico-judiciaire disposent d’un éclairage qui permet de mieux prendre en charge les victimes. Pour leur part, les industriels du médicament peuvent être appelés à ne plus mettre en circulation des produits fruités, administrables sous forme de gouttes, et de les remplacer par des comprimés avec ajout de colorant et à la saveur amère. Dans cet esprit, l’Afssaps a refusé ou fait modifier, en 2004-2005, trois autorisations de mise sur le marché de tranquillisants. Les produits de synthèse nouveaux ou à forte concentration. En milieu festif, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (Ofdt), avec le concours de 3 laboratoires des Ceip de Caen, Marseille et Paris, a conduit la Cnsp à classer comme stupéfiants diverses substances. Ce fut le cas, en 1997, pour la kétamine, anesthésiant à la fois humain et animal, et, en 2003, pour la tilétamine, anesthésique vétérinaire. En 2003, un arrêté ministériel fait obligation aux vétérinaires d’enfermer leurs stocks de kétamine et de tilétamine dans des coffres, et de déclarer les vols. En décembre 2004, une organisation du Nord - Pas-de-Calais alerte les pouvoirs publics sur l’existence d’un mélange de cocaïne (60 %) et d’atropine (30 %). Vingt-sept cas d’intoxication sont signalés et étudiés dans les douze mois suivants. A défaut de ranger l’atropine dans les stupéfiants, les intervenants sanitaires apprennent à développer, là encore grâce aux données collectées, une thérapeutique adaptée. Parmi d’autres produits de synthèse, de type généralement hallucinogène ou amphétaminique, découverts dans des rave-parties, la 2CT7 et la 2CT2 ont été étiquetées stupéfiants en 2003 et la 2CI, l’année suivante, tandis que la Mcpp est en cours d’analyse. Les ordonnances falsifiées. «Bons marqueurs de l’appétence d’un médicament» détourné, les ordonnances raturées, barrées ou avec fautes d’orthographe, c’est-à-dire falsifiées, constituent une mine d’informations pour la Commission nationale des stupéfiants et des psychotropes. En 2005, sur une semaine donnée, le Ceip de Toulouse et le réseau Sentinelles des pharmacies en ont dénombré 517. Au hit-parade des produits soustraits frauduleusement se détachent, dans l’ordre, le zolpidem, le promazépam, la buprénorphine et le flunitrazépam. Pour fermer au maximum la porte au trafic, la Cnsp demande en vain depuis cinq ans la prescription des psychotropes sur ordonnances sécurisées, comme c’est la règle pour les stupéfiants et l’exception pour la buprénorphine. Les comportements des toxicomanes suivis. Chaque année, le Ceip de Marseille fait une enquête ponctuelle dans différentes structures de soins auprès de patients sous substitution ou présentant une pharmacodépendance. Le cannabis est le premier produit d’entrée en toxicomanie, devant l’héroïne, 74 % contre 13 %, révèle un interrogatoire portant sur 3 373 personnes, réalisé entre le 4 et le 30 octobre 2004. Les consommations par injection baissent de 16 % en 1999 à 9 % et progressent par voie nasale de 13 % en 2000 à 17 %. L’alcoolodépendance reste stable, à 19 %, et les traitements de substitution concernent près de trois patients sur quatre ; 53 % sont sous méthadone et 46 % sous Subutex. Enfin, l’examen des morts par overdose participe du contrôle permanent de la pharmacodépendance et des abus de produits psychoactifs par l’Afssaps. Sur les 91 décès enregistrés en 2004, les laboratoires d’analyses experts auprès des cours d’appel rapportent qu’une moitié sont dus majoritairement à l’héroïne et à la cocaïne. L’autre moitié est due à des opiacés et des produits de substitution. Au total, les interventions des Ceip entraînent la multiplication des «coups de balai», à l’initiative de la Cnsp et de la Commission d’autorisation de mise sur le marché, dans le milieu de la toxicomanie. La santé publique, la justice, la lutte contre le trafic, les toxicomanes eux-mêmes, les médecins et les pharmaciens en sont les bénéficiaires. C’est ainsi que le GHB, la «drogue du viol», est retiré des officines de ville et classé stupéfiant en 2002. Le 16 juin 2004, un décret de rétrocession exige des pharmacies des hôpitaux qu’elles ne vendent plus certains anesthésiques et analgésiques, entre autres produits, aux personnes non hospitalisées. En avril 2005, le Tranxène 50 par voie orale disparaît du marché, remplacé six mois plus tard par le Tranxène 20 mg. Une nouvelle benzodiazépine à risque de détournement (soumission chimique) a une formulation galénique insuffisamment sécurisée ; les conditions de prescription et de délivrance sont donc modifiées. Ou encore, un analgésique non injectable est rendu plus sûr d’usage, sans détournement possible, par son fabricant à la demande de la Cnsp. Bien sûr, l’Afssaps travaille avec la Commission européenne, pour l’évaluation de substances, la commission des stupéfiants de l’ONU, dont elle est le référent, et l’OMS, dont le comité d’experts de la pharmacodépendance tiendra sa 34e réunion à Genève du 28 au 31 mars prochain.
Mots-clés MEDICAMENT / PSYCHOTROPE / SANTE PUBLIQUE
Langue Français
URL http://www.quotimed.com

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