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Fonds documentaire : Article
Titre Art-thérapie : De la croyance à la connaissance
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Forestier Richard
Date de parution 13/06/2007
Commentaire L'art-thérapie n'a pas encore de reconnaissance officielle, mais elle a « un avenir professionnel certain », explique Richard Forestier, responsable pédagogique du diplôme universitaire d'art-thérapie (université François-Rabelais, Tours). Les organisateurs de cet enseignement ont souhaité compléter l'information des médecins sur cette discipline, rapidement évoquée dans un récent article du « Quotidien » (12 mars). TRES EN VOGUE, l'art-thérapie. Le moindre son, le plus petit boudin en pâte à modeler deviennent de l'art-thérapie pour peu qu'il y ait un soignant et un patient et, en plus, si « on cause », vous avez atteint le nirvana de la création, le nec plus ultra de la thérapeutique, où le brassage d'air devient une placebothérapie et le patient un faire-valoir du thérapeute. Un peu excessive, cette introduction, pensez-vous. Est-ce sûr ? A grands renforts de «création qui vous crée», de titres et d'agréments ronflants, c'est tout un panel de formations qui s'étale sur le marché français de l'art-thérapie. De la structure commerciale qui monopolise et s'étale sur Internet aux universités laborieuses quasi inconnues, comment faire le tri entre le pire et le meilleur et rendre crédible une discipline thérapeutique naissante ? Tout d'abord, précisons que l'association de l'art et du soin n'est pas nouvelle. C'est dans les années 1950 que cette association s'inscrit dans les activités scientifiques avec les travaux de l'hôpital Sainte-Anne (Paris) et en 1986 qu'elle est enseignée pour la première fois en France, à la faculté de médecine de Tours. Aujourd'hui, sous le libellé art-thérapie, deux orientations principales s'imposent : la psychothérapie à support artistique (1) et l'art-thérapie. Indirectement associées à l'art-thérapie, des activités artistiques dans les lieux de soins existent. En dehors de leur intérêt propre, elles font la confusion entre animation et thérapeutique. En ce qui concerne l'art-thérapie à proprement parler, l'originalité et la spécificité de cette discipline reposent sur la nature même de l'art. L'art a un pouvoir d'entraînement. Mais ce pouvoir n'est qu'éducatif et peut se révéler aussi bien néfaste que faste. En cela, l'art n'est pas naturellement thérapeutique. C'est le professionnel qui sait exploiter ce pouvoir avec un objectif thérapeutique qui devient un professionnel du soin ; il s'agit de l'art-thérapeute. Des fondements scientifiques. Mais qu'en est-il de l'aspect scientifique d'une telle pratique et peut-elle revendiquer une place dans les disciplines thérapeutiques ? Les enseignements de référence pour l'art-thérapie sont les universités de Tours, de Poitiers et l'Afratapem (2), dénommée école d'art-thérapie de Tours par la communauté scientifique. L'art, qui est une activité privilégiée d'expression, impose les connaissances relatives à la transmission et au traitement neurologiques des informations, complétées par l'apport psychologique pour, enfin, trouver avec la psychomotricité et la neuromotricité un champ de connaissances de nature à valider une détermination de sites d'actions thérapeutiques relatifs à l'acte volontaire dirigé et l'expression émotionnelle des patients. Reste à savoir dirigé vers quoi. C'est alors que l'esthétique s'impose comme finalité de l'activité artistique : le beau est ce qui plaît simplement. Chacun cherchant à être heureux, la recherche du plaisir esthétique devient un processeur thérapeutique de nature à restaurer, à raviver, voire à rééduquer la qualité existentielle des patients. En cela, l'art-thérapie n'a pas guéri, mais rendu aux malades leur statut de personne. Ainsi, l'opération artistique (3), étudiée au regard de l'expression volontaire humaine, détermine un champ de connaissances scientifiques de nature à améliorer l'état sanitaire du patient. Reste à valider les objectifs. C'est avec les protocoles thérapeutiques, les observations et les évaluations (4) que des bilans sont réalisés et viennent compléter les bilans réalisés par les autres paramédicaux. Ainsi, sous l'autorité médicale, l'art-thérapie peut s'imposer comme profession paramédicale complémentaire dans l'équipe de soins. Historiquement associée à la psychiatrie, l'art-thérapie s'impose aujourd'hui auprès des traumatisés crâniens, en soins palliatifs ou en oncologie. Forte aujourd'hui des 628 mémoires de fin d'études soutenus à la faculté de médecine de Tours, l'évolution de la profession est contenue dans ces travaux. Des premiers mémoires des années 1988, où les concepts sont imprécis, les pathologies collées aux théories et les études de cas plus passionnelles que raisonnables, aux mémoires de 2006, où la rigueur, les évaluations et les discussions s'imposent, l'art-thérapie est passée de la croyance à la connaissance. Des précautions à prendre. Enfin, un mot sur les enseignements et les formations. L'art-thérapie n'est pas encore dans les conventions collectives et la porte est ouverte à tous les abus en matière de formation. Des précautions sont à prendre. Aucun organisme de contrôle officiel n'existe actuellement et chacun peut revendiquer ce qu'il veut. On comprend alors l'importance aujourd'hui pour l'art-thérapie : d'être sous l'autorité médicale ; d'avoir des études sanctionnées par un diplôme universitaire de haut niveau relevant d'une faculté de médecine ; d'avoir une définition qui fasse bien la distinction entre « processus de création » (psychothérapie) et « opération et potentiel artistiques » (art-thérapie) ; de se référer à un code de déontologie spécifique (5). Peut-être qu'alors le ministère de la Santé acceptera cette discipline thérapeutique comme profession paramédicale. Discipline nouvelle, l'art-thérapie doit s'étoffer de recherches fondamentales spécifiques et se distinguer de la psychothérapie, de l'ergothérapie ou de la psycho- motricité. Aujourd'hui, l'art-thérapie, bien que modeste dans l'équipe, peut intégrer de nombreux services médicaux. Elle répond aux règles des activités paramédicales et les résultats attestés montrent que, d'ici à quelques années, l'art-thérapie, qui est l'exploitation du potentiel artistique dans une visée humanitaire et thérapeutique, trouvera naturellement sa place dans les troubles de l'expression, la communication et la relation, avec, comme objectif principal, de revigorer, de rééduquer ou de restaurer la qualité existentielle des patients.
Mots-clés THERAPEUTIQUE / ART
Langue Français

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