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Fonds documentaire : Article
Titre Addiction et suicide, un lien à rechercher
Source Quotidien du médecin (Le)
Auteurs Roy P
Date de parution 01/02/2008
Commentaire Les 12es Journées nationales pour la prévention du suicide, organisées du 4 au 10 février*, ont pour thème « Addiction et suicide ». Mais comment engager une politique de prévention quand il n'est pas possible de procéder à une autopsie qui permettrait, par exemple, de connaître le statut toxicologique des suicidés ? C'est l'une des questions que pose le Pr Michel Debout, médecin légiste et organisateur des journées. LA PERSONNE DÉPENDANTE d'un produit psychoactif ou de jeux d'argent et vidéo s'ouvre une porte vers le suicide, au même titre qu'un suicidant peut exprimer à travers son geste une conduite addictive. Face à ce type de comportement, les professionnels de la santé doivent assurer «une nouvelle vigilance», dit au « Quotidien » le Pr Michel Debout, président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS), qui a choisi pour thème des 12es Journées nationales, du 4 au 10 février, « Addiction et suicide ». Toutes les addictions sont concernées. L'alcool, qui tue chaque année 45 000 Français : «La carte de la mortalité suicidaire correspond à celle de l'usage excessif de boissons alcooliques», poursuit le patron de la médecine légale et du service mortuaire du CHU de Saint-Etienne. «C'est là où l'on enregistre le plus de suicides, à savoir le nord, l'ouest et certains espaces franciliens, que la consommation d'alcool est la plus élevée, le sud étant la région la plus protégée.» La consommation de cannabis est aussi associée à un risque de suicide chez les jeunes : elle traduit un besoin de se mettre en danger «à travers un geste de dimension ordalique». Pour autant, aucun élément épidémiologique ne corrobore les extrapolations. Si ça a bougé du côté de la sécurité routière, en matière de suicide, la recherche publique se fait attendre. Elle est loin d'être à la hauteur de la responsabilité sociale, commente Françoise Facy, épidémiologiste de l'INSERM, vice-présidente de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), partenaire des journées. Selon une étude ANPAA-INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) réalisée en 2006 dans les PME-PMI, de 70 % à 80 % des établissements sont confrontés à la problématique de l'alcool. Or le lien entre addiction alcoolique et pénalisation des étapes de la vie est très étroit, comme en témoignent les niveaux d'étude, de qualification et de salaire bas des personnes impliquées, ainsi qu'un passage à la retraite fragilisé (exclusion sociale, études nord-américaines et INSERM/EDF). Il s'agit de conditions du mal-vivre qui ne sont pas sans incidences suicidaires chez certains. Sur 10 713 suicides annuels, 6 478 interviennent chez les 30-59 ans, tranche d'âge de l'activité professionnelle, «et ce chiffre ne régresse pas». De 300 à 400 salariés se donnent la mort sur leur lieu de travail chaque année. Une médecine légale au service de la santé publique. Pour Michel Debout, il serait temps que «l'on donne à la médecine légale les moyens d'être une médecine authentique». C'est à ce prix que l'on apprendra à «connaître l'effet des produits psychoactifs, notamment, sur le passage à l'acte suicidaire. Malheureusement, la Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (DHOS) estime que notre spécialité n'a rien à voir avec le soin. J'y vois une attitude régressive et dangereuse. La médecine légale a un positionnement de prévention, de recherche et de compréhension. Aussi, il faut que le médecin légiste puisse procéder, lors d'autopsie, à des dosages systématiques afin de connaître le statut toxicologique du suicidé au moment de son geste fatal, ou au cours des 3-4mois le précédant en cas de consommation chronique d'alcool ou d'autres produits psychoactifs». C'est une démarche de santé publique, que, selon le spécialiste, devraient pouvoir conduire la cinquantaine de services de médecine légale installés dans les CHU. Actuellement, le légiste,«auxiliaire de justice, travaille sur ordre des magistrats». Pourtant, les quelque 330 professionnels concernés, dont une centaine exerçant la discipline à temps complet, «participent d'une médecine à part entière et non d'une médecine à part, insiste le Pr Debout. La réalité du suicide, c'est qu'il y a 10500victimes par an, soit dix fois plus que de morts par homicide pour lesquelles nous sommes saisies par la justice.» En 2006, un groupe d'experts de l'INSERM, parmi lesquels Michel Debout, ont rendu un avis, resté sans suite, sur l'intérêt de l'autopsie psychologique du suicidé. Utilisée en Amérique du Nord, la méthode permet de mieux appréhender le parcours de vie et de santé des victimes de mort violente ou d'origine indéterminée. En fait, la médecine légale souffre d'absence de financements. «La DHOS compte sur les deniers de la Chancellerie [qui ne viennent pas, NDLR], alors que sa mission relève du ministère de la Santé.» En chiffres En 2005, on a recensé 10 713 suicides (7 829 hommes et 2 884 femmes) se sont suicidés. 29 avaient moins de 15 ans, 567 entre 15 et 24 ans (en baisse de 41 % depuis 1993), 435 de 25 à 29 ans, 6 478 de 30-59 ans et 3 639 plus de 60 ans. Depuis 2000, le Service d'information sur les causes médicales de décès de l'INSERM observe une stabilisation autour de 10 500 autolyses annuelles. Le taux de suicides masculins diminue, à 26,3 pour 100 000, et celui des femmes n'évolue pas, à 8,4. Le risque suicidaire multiplié – Par 40en cas d'usage conjoint de drogues et de sédatifs (Harris et Barraclough, 1997). – Par 14, avec les opiacés (Darke et Ross, 2002), de même qu'avec l'héroïne. Et un tiers des héroïnomanes sous méthadone ont fait une tentative de suicide. – Par 3 chez les usagers réguliers de cannabis (Choquet et coll, 2000).
Mots-clés ADDICTOLOGIE / SUICIDE / TENTATIVE SUICIDE
Langue Français

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