"La question de la sexualité des personnes handicapées connaît depuis les années 2000 un intérêt grandissant", remarque un document d'analyse rendu public lundi 2 décembre par le Comité national coordination action handicap (CCAH), et rédigé à partir d'une revue de la littérature publiée sur le sujet, sans viser "l'exhaustivité mais l'identification de résultats et de connaissances produites par des travaux de recherche pouvant être utiles aux acteurs de terrain pour améliorer la qualité de vie et la participation sociale des personnes handicapées".
"Les récents débats sur la création d'un métier relatif à l'assistance sexuelle des personnes handicapées témoignent de cet intérêt", soulignent les organisations concernées - le CCAH, le Centre de ressources handicaps et sexualités (Cerhes), l'association Ch(s)ose, la Fondation internationale de la recherche appliquée sur le handicap (FIRAH) et l'enseigne de services Handéo - qui ont coordonné et suivi ces travaux, menés par un doctorant en sociologie au Centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis), Aurélien Berthou, et assortis de témoignages recueillis auprès du Planning familial.
Une demande de connaissance
"Des associations se sont emparées de la question, des films en traitent, des débats publics et des événements scientifiques sont menés autour de cette thématique", constatent en effet les associations, mais dans le même temps, les personnes handicapées rencontrent toujours "des difficultés pour vivre leur sexualité comme elles l'entendent et la société française semble souvent bien gênée pour évoquer lucidement et objectivement cette légitime revendication".
Leur action et celle de leurs proches, des associations et des professionnels du champ du handicap amènent cependant à ne plus envisager leur vie sexuelle "uniquement comme une question médicale, biologique" mais comme "une question sociale, pour laquelle une demande de connaissance est croissante".
Des réponses multiples
Or, "devant la diversité des types de déficience, la variété des situations de handicap et les contextes dans lesquels vivent les personnes handicapées, il n'existe pas une seule réponse ou direction pour comprendre leur sexualité", note ce document. Cependant, "dans le débat public, sa compréhension reste partielle, fragmentée et [relève] bien souvent de l'ordre d'opinions qui restent à démontrer", tandis les résultats issus de recherches menées selon des méthodes d'enquête scientifique sont peu diffusés.
Ce constat est "d'autant plus problématique", selon les auteurs, "qu'au niveau des centres de rééducation, des associations, des personnes ayant une déficience et des personnes travaillant dans le domaine du handicap, les résultats de ces recherches font l'objet d'une forte demande d'exploration et de diffusion".
C'est donc dans ce contexte que s'inscrit cette analyse documentaire des travaux ayant fait l'objet d'une publication autour du handicap et de la sexualité, et qui aborde plusieurs angles d'étude : la reconstruction de la sexualité, la vie en institution, les personnes ayant une déficience intellectuelle, l'orientation sexuelle, la "santé sexuelle" et le genre, mettant en évidence la diversité des problématiques qui traversent ce thème.
