Dans son rapport Politique du médicament en EHPAD, remis jeudi 12 décembre à la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, et à la ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie, Michèle Delaunay, le Pr Philippe Verger, directeur d'hôpital, ouvre des pistes "pour améliorer la qualité des soins, promouvoir le juste soin aux résidents et agir sur les pratiques professionnelles qui sont au cœur de la politique du médicament en établissement".
Dans un contexte de société vieillissante, marquée par une médication élevée des plus âgés d'entre nous - " les personnes de plus de 65 ans représentent 16 % de la population française mais environ 40 % de la consommation de médicaments en ville", selon le ministère -, les résidents des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), qui souffrent souvent de multiples pathologies, consomment, en moyenne, pas moins de sept molécules différentes par jour.
Un plan d'action à venir
"Cette consommation a des conséquences lourdes en matière de santé publique", puisque les effets indésirables (iatrogénie) qui en découlent seraient responsables de plus de 10 % des hospitalisations chez les personnes de plus de 65 ans et de près de 20 % chez les octogénaires.
De fait "la politique du médicament à destination des personnes âgées constitue donc un enjeu crucial en matière de santé et de qualité de vie pour les personnes âgées, mais également en matière de gestion du risque par l'assurance maladie", affirme alors le ministère.
Dans ce cadre, Marisol Touraine et Michèle Delaunay doivent lancer prochainement, dans le cadre du projet de loi d'orientation et de programmation pour l'adaptation de la société au vieillissement, "un plan d'action pour une politique du médicament adaptée aux besoins des personnes âgées".
Des stages en EHPAD
Après un état des lieux des EHPAD et de la population qu'ils accueillent, le rapport Verger retient en effet cinq pistes de réflexions, qui donnent lieu à la rédaction d'une vingtaine de propositions devant permettre d'améliorer la prise en charge médicamenteuse des résidents de ces structures.
Pour améliorer l'usage des médicaments, la formation initiale des médecins doit déjà être considérablement renforcée en matière de gériatrie, plaide d'emblée le rapport Verger, qui suggère aussi, "considérant la méconnaissance du secteur médico-social par la majorité des médecins libéraux mais aussi hospitaliers, et notamment la réalité du fonctionnement des EHPAD", qu'ils effectuent des stages dans ces établissements, tout comme les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes.
Référentiels et bonnes pratiques
Une campagne d'information sur le bon emploi des médicaments doit par ailleurs cibler à la fois les professionnels et la population âgée, pour pallier le manque de connaissances qui pèse sur les pratiques de consommation et de prescription. A cet égard, une autre recommandation vise aussi à favoriser la diffusion des référentiels qui ont fait leurs preuves en la matière, en particulier un guide de bonnes pratiques et les outils disponibles sur le site de la Haute Autorité de santé (HAS).
Pour sécuriser le circuit du médicament en EHPAD, et donc assurer la sécurité des résidents, par ailleurs, le rapport Verger préconise notamment de publier les référentiels juridiques nécessaires, c'est-à-dire "un nouveau texte de référence pour encadrer le circuit du médicament dans les établissements médico-sociaux", d'une part, et "des textes relatifs à la préparation des doses à administrer (PDA)", d'autre part.
Quant au risque d'erreur médicamenteuse, qui reste mal connu par la grande majorité des professionnels, selon Philippe Verger, il doit être combattu, entre autres, en organisant le circuit de déclaration de ces erreurs dans chaque EHPAD et en constituant auprès des agences régionales de santé (ARS) une plate-forme d'experts à même d'accompagner les EHPAD dans dans leur démarche de sécurisation
