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Résumé
Depuis novembre 2017, le centre hospitalier d’Arpajon (Essonne) propose des consultations menées par des infirmières puéricultrices. Elles se déroulent au sein du service de pédiatrie-néonatalogie et ont pour objectif de proposer aux parents de nourrissons de moins de 3 mois un temps d’écoute et d’échange, afin de répondre à leurs questions mais aussi pour les accompagner et les soutenir dans leur rôle parental. Ces consultations peuvent être complétées, si nécessaire, par l’avis médical d’un pédiatre du service et être proposées à la suite d’une hospitalisation en service de maternité, de pédiatrie-néonatalogie ou d’un passage aux urgences pédiatriques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
A paediatric nurse’s consultation in a hospital environment
Since November 2017, the Arpajon hospital centre (Essonne) has been offering consultations by paediatric nurses. They take place within the paediatric-neonatology department and aim to offer parents of infants under 3 months of age a time to listen and exchange, in order to answer their questions, but also to accompany and support them in their parental role. These consultations can be supplemented, if necessary, by the medical opinion of a paediatrician from the department and can be offered following hospitalisation in the maternity ward, paediatric-neonatology department or a visit to the paediatric emergency department.
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Mots clés : accompagnement, accueil personnalisé, consultation de puéricultrice, nourrisson, parentalité
Keywords : accompaniment, infant, paediatric nurse’s consultation, parenthood, personalised welcome
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Pourquoi ce projet ?
Consultation hospitalière de puéricultrice : pourquoi et pour qui ?
Comment se déroule la consultation ?
Bilan : des chiffres mais surtout des mots
Conclusion
Déclaration de liens d’intérêts
Aujourd’hui, prendre soin de l’enfant signifie une prise en charge holistique de ce dernier, ainsi que de sa famille, en tenant compte de la complexité des situations sociales, culturelles et environnementales.
Infirmières depuis plusieurs années au sein du service de pédiatrie-néonatalogie du centre hospitalier (CH) d’Arpajon (91), nous avons toujours souhaité répondre le plus justement possible aux besoins des enfants et de leurs familles. Nous décidons de compléter notre formation et, en novembre 2017, diplôme d’infirmière puéricultrice en poche, nous avons réintégré notre service. Notre spécialisation nous a permis d’affiner nos connaissances et nos pratiques, mais aussi de mettre à profit nos capacités d’accompagnement et d’éducation. La création de consultations de puéricultrice au sein de notre centre hospitalier nous est alors apparue comme une évidence.
Pourquoi ce projet ?
Plusieurs réflexions et constats ont motivé notre projet.
De nos jours, de plus en plus de familles sont amenées à consulter aux services des urgences, et un grand nombre de nourrissons sont ensuite hospitalisés en service de pédiatrie. En outre, comme les séjours en maternité sont de plus en plus courts, les parents sont submergés par de multiples interrogations, la plupart relevant de l’état de santé de leur enfant. Ils ne savent pas forcément où trouver les réponses à leurs questions. La seule solution qui s’offre à eux est très souvent de venir consulter aux urgences. Lorsque, parfois, une hospitalisation est évoquée pour des raisons telles que la perte de poids, des pleurs inexpliqués, une mauvaise prise alimentaire, leur angoisse et leur impuissance sont démultipliées.
Les parents de nourrissons ont, sans aucun doute, un fort besoin d’écoute, mais aussi d’informations pour être rassurés dans l’exercice de leur rôle parental au quotidien. La durée des séjours en maternité ne leur permet pas d’acquérir suffisamment de connaissances pour éviter toute anxiété, surtout compte tenu du nombre de situations différentes auxquelles ils doivent faire face. Il existe aussi les parents dont les enfants sont hospitalisés en néonatalogie juste après l’accouchement qui manifestent une forte angoisse avant le retour à la maison. Ne serait-il pas pertinent d’offrir à ces parents un temps dédié pour les rassurer, pour les accompagner et pour développer leur autonomie dans leur parentalité ?
D’autant que le contexte démographique s’y prête. De moins en moins de pédiatres sont présents sur le territoire, les médecins généralistes sont souvent surchargés de patients, ou ne sont pas forcément à même de répondre aux multiples questions des parents. Rappelons également qu’en 2017 le schéma régional de santé mettait l’accent sur le soutien à la parentalité [1].
Notre cadre de santé a alors saisi l’opportunité de mettre à profit nos nouvelles compétences, dans le but de répondre, à travers ces consultations, à un réel besoin de santé publique. Une fois notre projet rédigé, il lui a été présenté, ainsi qu’à l’équipe du service, puis à la direction des soins. L’adhésion rapide des médecins du service et de toute l’équipe médicale nous a permis de réaliser nos premières consultations rapidement. Malgré des locaux et un matériel plutôt sommaires au départ, nous avons pu, par la suite, bénéficier d’une salle dédiée, équipée de matériel adapté.
Consultation hospitalière de puéricultrice : pourquoi et pour qui ?
Différents contextes et situations conduisent les familles à rencontrer les infirmières puéricultrices (Figure 1).
Organisation du circuit du patient pour les consultations de puériculture au centre hospitalier d’Arpajon (91).
Zoom
Les parents se rendent aux urgences pédiatriques, de jour comme de nuit, pour des motifs très variés : pleurs inexpliqués, mauvaise prise de poids, régurgitations, anxiété parentale, etc. Ces venues aux urgences concernent souvent les nourrissons de moins de 3 mois. Un examen médical est alors réalisé par un pédiatre et/ou un interne, afin d’éliminer une cause organique. Le cas échéant, une consultation de puéricultrice est proposée aux parents dans les jours qui suivent. Depuis novembre 2019, ce mode de “recrutement” a augmenté à la suite de la mise en place de consultations médicales posturgences ; le médecin pédiatre peut en effet être accompagné par une infirmière puéricultrice lors de sa consultation.
Après la sortie de maternité, différentes situations et problématiques conduisent aux consultations de puéricultrice : allaitement maternel, gémellarité, petits poids de naissance, primiparité, suivi d’ictère, difficultés de lien mère-enfant, contexte social difficile, etc. Un rendez-vous peut être donné le jour de la sortie, à la demande du pédiatre, de la sage-femme ou de l’auxiliaire de puériculture. À leur initiative, les parents peuvent également solliciter ces consultations s’ils le souhaitent.
Après la sortie de néonatalogie, les enfants hospitalisés sont revus dans les jours qui suivent le retour à la maison, afin de répondre aux interrogations des parents. Cette rencontre permet une continuité du suivi de l’enfant avec une équipe connue par la famille, donc dans le cadre d’une relation de confiance déjà instaurée.
Comment se déroule la consultation ?
Trois journées sont consacrées aux consultations chaque semaine ; elles sont programmées en adéquation avec les autres activités quotidiennes du service et plus particulièrement au sein du pôle mère-enfant. Le but de ces consultations est de proposer un temps d’échange personnalisé, sans pour autant multiplier les interventions auprès des familles. Les parents et leurs enfants sont reçus au minimum trente minutes entre 9 heures et 17 heures (auparavant seuls deux jours étaient dédiés aux consultations qui s’arrêtaient à 15 h 30), ce qui permet d’accueillir plus facilement les mères et leurs conjoints.
Depuis février 2018, une salle de consultation adaptée et fonctionnelle a été spécialement aménagée par les puéricultrices (Figure 2). Cet espace dédié permet d’offrir aux familles de l’écoute et des conseils, dans un climat d’empathie et de confiance.
L’espace de consultation aménagé par les puéricultrices.
Un support informatique a été créé, il s’agit d’une trame qui accompagne le déroulement de la consultation. Elle comporte différents thèmes abordés avec les familles, comme le vécu de la grossesse, l’accouchement, le séjour en maternité et/ou en néonatalogie, l’environnement familial du nourrisson, le retour à la maison, etc.
Lors de ces consultations, la puéricultrice peut observer avec bienveillance la dynamique familiale, mais aussi aborder les sujets de prévention (tels que les vaccinations, l’usage précoce des écrans, la mort inopinée du nourrisson ou le syndrome du bébé secoué). Les parents sont également sensibilisés au suivi médical de leur bébé. Ce moment privilégié entre la professionnelle et la mère de l’enfant permet un accompagnement dans le processus d’allaitement maternel.
L’avantage de pratiquer ces consultations en milieu hospitalier est de pouvoir réaliser une prise en soins variée, par le biais de divers examens : bilans sanguins, prélèvements urinaires ou contrôles de dépistages néonataux. Ces consultations n’ont pas pour objectif le suivi médical ou vaccinal, mais constituent un outil d’information et de soutien aux familles, qui vont ensuite être réorientées vers les services extrahospitaliers, comme les services de protection maternelle et infantile (PMI), les pédiatres de ville ou les médecins généralistes.
Bilan : des chiffres mais surtout des mots
Ce projet a été présenté aux pédiatres du service qui en ont immédiatement perçu l’intérêt et l’objectif.
Cheick Diouf, pédiatre, se réjouit : « J’étais très enthousiasmé quand vous avez eu l’idée de mettre en place les consultations de puéricultrice. » Pour lui, ces rencontres privilégiées avec une infirmière puéricultrice dans le secteur hospitalier « sont novatrices » et ont un réel intérêt pour les familles de jeunes enfants, mais aussi pour limiter l’engorgement au sein des urgences pédiatriques. Il explique :
« Les consultations de puériculture constituent un outil important permettant selon les circonstances :
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de raccourcir les durées de séjour en hospitalisation, en maintenant un lien avec les familles par la réévaluation des paramètres de surveillance, en accord avec le pédiatre ;
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de réduire le nombre de consultations inadaptées aux urgences pédiatriques par des conseils appropriés aux jeunes parents, surtout après la sortie de maternité ou de néonatalogie ;
•
de sensibiliser à la notion d’urgence, afin de ne pas retarder le recours à ce service en cas de besoin. »
Enfin, pour l’équipe médicale, le travail en collaboration avec des professionnelles expertes de la petite enfance permet d’établir et de maintenir un lien avec les secteurs extrahospitaliers. L’infirmière puéricultrice devient, à travers ces consultations, un maillon essentiel du système global de santé. Le Dr Diouf précise : « Par l’éducation à la santé (alimentation, transit, changes, habillage, couchage, rythme veille-sommeil, etc.), les consultations de puéricultrice sont une aide à l’autonomie des parents. En valorisant les compétences parentales, en rappelant les besoins spécifiques de l’enfant et en améliorant la qualité du lien, elles participent à la mise en place de la parentalité. »
La cadre de santé du service, très impliquée dans ce projet, explique que « ces consultations ont pu voir le jour car le Dr Sarah Saf, chef de service à l’époque, puis le Dr Nadia Demayer, à la tête de la pédiatrie aujourd’hui, ainsi que la direction du CH d’Arpajon, ont soutenu et validé la mise en place de cette pratique innovante. Toute ma reconnaissance va à ces infirmières puéricultrices, pour leur engagement sans faille dans ce projet depuis octobre 2017. Leur implication et leur désir d’amélioration perdurent au quotidien : avec la création d’une plaquette d’information pour promouvoir ces consultations, des questionnaires de satisfaction donnés aux parents afin d’évaluer leur impact, etc. Elles ont aussi su sensibiliser leurs collègues des autres secteurs par le biais de présentations au sein du pôle femme-mère-enfant, aux professionnelles exerçant en PMI, mais aussi lors de la journée de la naissance, qui a lieu une fois par an dans les locaux de notre centre hospitalier ».
Cette consultation répond à un besoin de santé publique et s’inscrit dans la stratégie nationale de soutien à la parentalité 2018-2022 présentée par la ministre des Solidarités et de la Santé, à l’époque Agnès Buzyn. La logique de cette stratégie est de mettre en avant les parents tout en cadrant la parentalité, comme la ministre l’a d’ailleurs indiqué dans l’introduction de son rapport : « Soutenir la parentalité, c’est reconnaître les parents comme premiers éducateurs de leurs enfants, et les accompagner dans la construction de leur propre choix éducatif dans le meilleur intérêt de l’enfant et le respect de ses droits » [2].
Le partenariat avec l’équipe médicale et les professionnels des structures extrahospitalières a permis d’augmenter de façon significative le nombre de consultations réalisées chaque année au sein du service de néonatalogie-pédiatrie du CH d’Arpajon. En 2018, 333 consultations y ont été menées. En 2019, ce nombre est monté à plus de 420 consultations, soit +27 % en une année. Les Figure 3, Figure 4 montrent respectivement la répartition par mois et par mode de “recrutement-secteur” pour le premier, et la proportion de chaque secteur sur l’ensemble des consultations en 2019.
La consultation hospitalière permet une prise en soins variée et constitue un soutien pour les familles
Répartition par mois et par mode de “recrutement-secteur” des consultations de puériculture en 2019.
Proportion de chaque secteur sur l’ensemble des consultations en 2019.
Conclusion
Dans le cadre de l’accompagnement des familles et de la valorisation des compétences parentales, les consultations de puéricultrices au sein de l’hôpital font partie des pratiques innovantes qui répondent aux besoins de la population. L’augmentation significative du nombre de consultations réalisées depuis novembre 2017 montre l’importance des compétences spécifiques de la puéricultrice au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Les infirmières puéricultrices représentent un soutien de taille pour l’enfant et pour ses parents. Le développement des consultations en milieu hospitalier est essentielle pour continuer à répondre aux problématiques de ces familles.
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