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Fonds documentaire : Article
Titre Comment aborder la sexualité auprès des patients
Source Soins gérontologie
Auteurs BEGUIN AM, MALAQUIN-PAVAN E
Date de parution 01/08/2009
Commentaire Quoi que nous disions ouvertement des relations de soins, nous avons tous vécu en tant que soignants des “premières fois” embarrassantes. C’est pourquoi il nous a paru ici intéressant de témoigner du processus qui nous permet d’aborder le sujet de la sexualité avec davantage de naturel auprès des patients comme des collègues. Haut de page Une étape de réflexion préalable pour le soignant Lors de la réalisation des soins qui touchent et s’attardent sur des zones intimes, notre pudeur a été malmenée et notre adaptation mise à mal lors d’inévitables projections sexuées fort gênantes avant de pouvoir en faire quelque chose d’autre. Dépasser l’inconfort qui en résulte initialement repose sur une étape de réflexion clinique et personnelle aidant à progresser dans le rapport à autrui, au cœur de l’intimité de l’autre qui nous envahit réciproquement. Mais encore faut-il pour cela accepter de s’y arrêter et d’être en capacité de l’analyser. Car si le besoin sexuel est un besoin comme un autre, il s’agit de le décoder en situation de soins, tant pour apprécier ses manifestations directes – à savoir accueillir et parfois à cadrer – que pour approfondir celles plus discrètes à mettre en lien avec le vécu de la personne soignée, son projet de vie et la vie hospitalière. Une double influence est sollicitée : celle de l’expérience professionnelle en matière de soins comme celle des expériences sexuelles personnelles. D’ailleurs, notre propre discours de professionnelles chevronnées et de femmes quinquagénaires n’est pas le même que celui que nous aurions pu tenir il y a vingt ans sur ce même sujet… Pour le soignant, il est donc question d’accroître ses connaissances dans ce domaine, de parfaire ses habiletés relationnelles, d’oser aborder le sujet avec la personne soignée puis de savoir en rendre compte au sein de l’équipe, sans trahir une confidence mais sans occulter un élément clé pour la compréhension du comportement associé. C’est en s’y préparant en équipe que l’on apprend à ne pas se laisser dépasser lors de soins particulièrement intrusifs dans la sphère intime. Haut de page Des aptitudes facilitantes pour une véritable démarche clinique C’est par le regard et sa nature, “verre dépoli” ou, au contraire, “miroir” reflet de nos propres existences que, confrontés l’un à l’autre dans cette relation de soins, nous recherchons la juste distance qui convient. Il nous appartient d’aider la personne soignée à voir dans ce corps de soignant qui lui fait face une personne qui a l’intention de prendre soin d’elle, qui sait allier technicité et connaissances humaines, bien au-delà de ce qui lui est enseigné…, donnant du sens à ce qui se vit ici et maintenant. Mais comment savoir si cette distance convient et si nous sommes à cet instant la “bonne personne” ? Voici quelques aptitudes facilitantes laissant émerger plus aisément la confidence et transformant la “délicatesse” de l’instant en véritable démarche clinique : saisir, dans la dimension du soin à apporter, que l’intime est au cœur de l’action ; accueillir le patient et l’instant avec chaleur, congruence et respect ; oser le contact, d’abord conventionnel par l’échange de regard et la poignée de main, puis sentir ce qui est permis pour une approche corporelle plus intime, une main tenue, une épaule entourée, une main posée sur un ventre, une cuisse… ; utiliser ce contact comme facilitant le verbe et la confidence, l’expression de la sexualité dans sa dimension métaphorique, philosophique et sociale, mais également physiologique dans ce que l’on ne peut parfois contrôler, sans ambiguïté possible ; regarder l’autre en ce qu’il existe et ce qu’il est, intègre, sans jugement ; maîtriser la gestuelle professionnelle (technique et comportementale) couplée au verbe qui raconte comment et pourquoi on le fait, dans un juste équilibre d’information aidant à la compréhension (ni trop ni pas assez), tenant compte de l’état de fatigue et de réceptivité du moment ; entendre, soutenir, respecter les confidences ou les silences de la personne, encourager l’expression de ce qui se vit dans l’instant, de ce qui trouble, de ce qui fait rire, de ce qui soulage ou rend inconfortable pour corriger le geste, la posture ou son interprétation ; repérer au travers des éléments cliniques recueillis ce qui affecte la personne dans ses modes relationnels, dans sa vie d’homme, de femme, de père, d’épouse, de personne devenue dépendante, appareillée, institutionnalisée ; avoir l’intuition qu’il y a quelque chose qui ne se dit pas, ou pas facilement, qui pourrait avoir un lien avec la sexualité, avec les expériences passées, et en faire éventuellement la remarque avec délicatesse pour rechercher la validation ; accueillir ce regard qui invite et demande une “embrassade”, authentique geste de réconfort mutuel ou de reconnaissance au cœur de cette forme particulière d’humanité librement consentie nommée alliance thérapeutique. Haut de page Les atouts de l’expérience Dans cette dimension du soin, il y a l’expérience acquise, la conviction profonde de la légitimité du sujet, cette part d’intuition sur laquelle nous nous appuyons pour ouvrir un possible. Il est évident que la maturité professionnelle et personnelle autorise à entrer plus facilement dans ce complément de données, mélange de connaissances théoriques, pratiques et relationnelles. Il s’agit aussi parfois de livrer des petits morceaux de nos propres vies de femmes pour susciter par métaphore une communauté de liens où, bien qu’étant là en position d’aider l’autre, nous laissons apercevoir que nous-mêmes avons été fragiles à d’autres moments de notre parcours de vie (méthodes de contraception, grossesses non désirées, manies du conjoint, par exemple). Aborder cet intime peut venir réveiller quelque chose de douloureux, voire en sommeil, mais en même temps offrir à la personne soignée un espace pour raconter ou non ce qui lui fait souffrance, ce qu’elle ne comprend plus, ou ce qu’elle voudrait pour elle aujourd’hui. De multiples situations de soins invitent à y réfléchir quotidiennement dans nos structures. Haut de page Diverses stratégies soignantes possibles Comment un couple vit-il sa sexualité au cours de l’hospitalisation, de l’avancée de la maladie, de l’avancée en âge ou du fait des effets secondaires d’un traitement ? Quels moments d’intimité lui laissons-nous ? Abordons-nous le sujet avec celui-ci et en équipe afin de ménager des temps en tête à tête où la tendresse, les caresses… vont pouvoir se vivre tranquillement ? Avouons-le, nous y sommes peu sensibles spontanément. En revanche, c’est vivement que nous réagissons face aux déviances et aux interdits posés collégialement, dérangeant les organisations et les représentations : est-ce une déviance, une perversion que de se masturber quand on est hospitalisé ou une simple nécessité, un plaisir que la personne soignée s’offre ? Plutôt que de juger le bien-fondé de l’acte, il s’agit ici de savoir recadrer quand ces manifestations ne sont pas socialement adaptées. Qu’en est-il du patient âgé qui s’accroche à la blouse d’une soignante et lui attrape le bout d’une fesse : est-ce un geste intentionnel de “vieux cochon” ou ce patient est-il en quête d’une “bouée” à laquelle se raccrocher quand il est installé sur le côté pour un soin ? Et même si notre corps lui rappelle de doux souvenirs, qu’acceptons-nous de vivre avec lui sur l’instant ? Recadrer quand c’est nécessaire, faire connaître les limites de cette relation de soins et notre propre confort en la matière sont trois options bien différentes qui laissent la place au sujet d’exprimer sa peur, ses frustrations, sa dépendance et non un simple malentendu ou une interprétation erronée nourrie par notre propre insécurité réactionnelle. Haut de page Conclusion Pouvoir en équipe se raconter les clés d’analyse clinique utilisées et nos manières de faire en écho fait partie du réflexe professionnel comme du tutorat des soignants novices. Mettre en commun nos exemples d’inconfort aide à la réflexion pour individualiser le soin, sans fausse pudeur ni intrusion non consentie.
Mots-clés PERSONNE AGEE / SEXUALITE
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Langue Français

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