La littérature scientifique foisonne de recherches infirmières produisant un savoir scientifique déterminant. Quelles que soient les approches de recherche, les théories, les paradigmes utilisés et les populations ciblées, les infirmières ont su démontrer qu’elles pouvaient contribuer de manière signifiante au système de santé (Meleis, 2007); (Pépin, Kérouac, Ducharme, 2010); (Rothan-Tondeur, Eymard, 2012). La recherche infirmière s’appuie sur des méthodologies rigoureuses et s’inscrit véritablement dans un mouvement significatif amorcé par des Britanniques dans les années 1970, celui de la pratique fondée sur les résultats probants (Estabrooks, O’Leary, Ricke, Humphrey, 2003); (Loiselle, Profetto-McGrath, 2007); (Pépin, Kérouac, Ducharme, 2010). Le Mouvement fait la promotion de pratiques infirmières appuyées sur les évidences scientifiques qui, rompant avec la prise de décisions cliniques basées essentiellement sur la tradition, l’intuition et les savoirs expérientiels, vise à y intégrer les meilleurs résultats de recherche (Loiselle, Profetto-McGrath, 2007); (Pépin, Kérouac, Ducharme, 2010). Or, les expériences cliniques et de nombreux écrits scientifiques montrent bien que les savoirs scientifiques sont encore sous-utilisés par les infirmières des milieux. Les infirmières baseraient encore peu leurs pratiques sur les savoirs scientifiques et n’auraient que rarement le réflexe de s’inspirer des écrits en réponse aux questions qu’elles se posent ou à leurs préoccupations cliniques (Baumbusch, Kirkham, Koushambhi et al., 2008); (Chummun, Tiran, 2008); (Cronje, Moch, 2010); (Estabrooks, Rutakumwa, O’Leary et al., 2005). Ces constats ont été faits dès le début des années 1980 et sont toujours d’actualité. Tant dans la littérature qu’au plan clinique, il ressort que les découvertes issues de la recherche ne sont pas appliquées à la pratique clinique : de 30 à 40 % des patients recevraient des traitements dont l’efficacité n’est pas démontrée et de 20 à 25 % des patients obtiendraient des soins dont ils n’ont pas besoin ou qui sont potentiellement dangereux (Grol, 2001) [24]. Le transfert de nouvelles connaissances à la pratique clinique fondées sur les évidences scientifiques représente ainsi un défi d’importance auquel les recherches des sciences infirmières doivent s’attaquer. Ce transfert doit pouvoir s’appuyer sur de solides stratégies, efficaces, efficientes et sécuritaires, qui amèneront les milieux à se transformer de façon à ce qu’ils incorporent à leurs modes opératoires les résultats de recherche les plus probants.
