Vingt ans après la création de la mission France de Médecins du monde, "les reculs législatifs concernant l'accès aux soins et la couverture maladie poussent les militants de MDM à continuer leur action pour ne pas abandonner les populations boucs émissaires des politiques publiques", affirme l'organisation dans son 7e rapport annuel sur l'accès aux soins des plus démunis, rendu public lundi 15 octobre.
La baisse enregistrée en 2006 (moins 16 %) du nombre de patients reçus en consultation médicale dans les centres d'accueil, de soins et d'orientaions (CASO) de l'association semble se confirmer en 2007, poursuit-elle, en expliquant cette tendance par les reculs législatifs mais aussi par "l'atmosphère de déni de droits, de suspicion et bien sûr les chasses à l'étranger".
La peur est donc venue s'ajouter à la méconnaissance des dispositifs, à la barrière linguistique et financière, aux obstacles administratifs et parfois aux refus de soins, pour entraver l'accès aux droits des personnes, s'insurge Médecins du monde, qui constate que 86 % des patients qui se présentent dans ses locaux n'ont aucune couverture maladie.
L'organisation plaide donc toujours pour une simplification du système en appelant à la fusion de la couverture maladie universelle (CMU) et de l'aide médicale d'Etat (AME) en une seule couverture pour toutes les personnes en-dessous du seuil de pauvreté.
Parallèlement, MDM a assisté en 2006 à une augmentation importante des Roumains venus consulter dans ses centres de santé. Ils constituent désormais le pays le plus représenté, avec 22 % des patients (dont 80 % à Saint-Denis où MDM mène une action mobile auprès des Roms migrants), devant l'Algérie, la France (10 % des patients), le Maroc et le Cameroun.
Alors qu'elle aurait pu améliorer leur situation, l'entrée de la Roumanie (et de la Bulgarie) dans l'Union européenne, le 1er janvier 2007, aura au contraire entraîné une nouvelle restriction de la réglementation française à l'égard des ressortissants communautaires inactifs ou en recherche d'emploi, désormais écartés de la CMU, dénonce encore l'ONG.
Le nombre de femmes a aussi rapidement augmenté dans les centres d'accueil de Médecins du monde, puisqu'elles sont passées de 41 % des patients en 2000 à plus de 45 % en 2006.
La proportion de Français a en revanche été divisée par deux sur la même période, grâce à la généralisation de la CMU, indique cependant Médecins du monde.
En 2006, la mission France de Médecins du monde a mené 119 programmes parmi lesquels, à côté de ses missions mobiles, ses 21 CASO ont enregistré 56 137 passages pour 24 977 patients différents et près de 40 000 consultations médicales. Ces patients sont majoritairement des hommes (55 %), relativement jeunes (69 % ont moins de 40 ans) et étrangers (à 90 %). Les principaux motifs de consultations sont ostéoarticulaires, respiratoires, digestives, psychologiques et dermatologiques. Dans 14 % des consultations, les médecins ont constaté un ou des trouble(s) psychologique(s). Quant à la prévalence du VIH, elle est sept fois supérieure aux consultations de dépistage anonyme et gratuit (CDAG), tandis que celle de l'hépatite est 12 fois plus élevée que la moyenne nationale et celle de l'hépatite C cinq fois et demie plus élevée.
Le rapport L'accès aux soins des plus démunis en 2007 est disponible en ligne sur le site de Médecins du monde, www.medecinsdumonde.org.
