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Fonds documentaire : Article
Titre Grossesse, du désir au déni
Source Soins pédiatrie puériculture
Date de parution 01/01/2009
Commentaire L’investissement de la grossesse mais aussi son déni et les conséquences de celui-ci ont été analysés lors du 7e congrès de maternologie et périnatalogie qui a eu lieu en novembre dernier à Versailles (78). L’étude de l’image inconsciente du corps et du désir d’enfant permet d’appréhender le déni de grossesse et d’aider les femmes concernées. L’Association française de maternologie regroupe un ensemble d’acteurs dont les modes d’exercice sont différents mais complémentaires autour de la femme enceinte. En novembre 2008, elle a organisé le 7e Colloque de maternologie et périnatalogie, intitulé “Grossesse, du désir au déni”. Pour expliquer le déni de grossesse, il paraît indispensable dans un premier temps de comprendre ce qu’est le désir d’enfant chez l’être humain. Haut de page L’image inconsciente du corps Au regard de l’état civil, le statut de mère apparaît dès l’instant de la naissance, mais Françoise Dolto, dont nous fêtons cette année le centenaire de la naissance, souligne « l’importance de ce qui se joue au cours de la vie utérine : le sujet est présent dès sa conception »1. L’enfant qu’elle porte est aussi pour la mère, une formation de l’inconscient. Le maintien de ce désir inconscient permet au fœtus de bien vivre sa vie in utero. Ce dernier est réceptif et sensible à ce qui peut intervenir dans le vécu de la mère. Si cette dernière communique avec le bébé qu’elle porte, elle le considère alors comme un sujet. Ainsi la dyade mère/enfant constitue une relation inaugurale dans laquelle se construit l’image inconsciente du corps2. Dans les premiers temps, la fonction maternante enveloppe, protège, assure une sécurité durable, puis, peu à peu, la mère doit savoir éloigner d’elle son enfant pour qu’il trouve seul son chemin et se lance à la conquête du monde. C’est dans ces conditions que l’enfant se construit et fait ses premiers pas. Si la dyade se referme sur elle-même, elle risque d’être nocive. Intervient alors le père, formant ainsi une tryade et séparant l’enfant de sa mère. En parlant à son enfant, la mère le reconnaît comme un être de langage1. En effet, l’enfant est en quête de parole humanisante. Selon Gérard Guillerault, psychanalyste et psychothérapeute hospitalier : « L’enfant a besoin de communication, preuve de sa participation au monde ». Haut de page Le désir d’enfant Jean-Marie Delassus (praticien hospitalier, ex-chef de service de maternologie et président de la Société française de maternologie) précise que nous célébrons aussi « le centenaire de la déclaration du désir d’enfant ». Sigmund Freud suivait en effet un petit garçon de 5 ans prénommé Hans, qui lui avait déclaré son désir d’enfant. Freud en avait conclu que « l’origine du désir d’enfant est précoce et indépendante du genre »3. Dans nos sociétés occidentales, la question du désir d’enfant se pose de façon aiguë depuis l’existence de la contraception. Ainsi, trois forces doivent être en présence pour la naissance d’un enfant. En effet, cette dernière nécessite la réunion de conditions biologiques, sociétales (la femme moderne pondère la date de la conception) et psychiques favorables. L’enfant est rêvé avant d’être conçu, il est l’objet d’une élection, quelle que soit l’époque. C’est ce qui nous différencie des espèces animales. Des remaniements intérieurs accompagnent le développement de la grossesse : une idéalisation maternelle : se mettent en place des processus d’idéalisation de la maternité et peut se produire alors un apaisement des conflits maternels ; la transparence du psychisme : le regard de la femme enceinte s’oriente vers l’intérieur d’elle-même ; une crise maturative. Des souvenirs reviennent en force. Une femme en bonne santé peut y faire face, mais l’existence d’une pathologie peut entraîner des difficultés pour la surmonter. Ainsi, pour les thérapeutes, prendre soin de la mère est bénéfique pour l’enfant car « c’est en soignant l’enfant qu’elle a été que l’on soigne l’enfant quelle porte. » Haut de page Le déni de grossesse Définition. Selon Pierre Panel (gynécologue obstétricien, chef de service de la maternité du CHU de Versailles – 78), « le déni de grossesse désigne la non reconnaissance d’une grossesse au-delà du 1er trimestre, il peut se prolonger jusqu’à l’accouchement et recouvrir ce dernier ». Ce dernier n’a rien à voir avec le refus d’enfant, il peut être le signe d’un refus d’intrusion des autres ou d’entrer dans le monde des adultes. Il s’agit d’une négation de la grossesse plutôt que d’une dissimulation. Les signes cliniques sont absents (ventre plat, présence de règles). Ce phénomène doit être compris par le thérapeute. En effet, la grossesse impose un processus d’intégration psychique d’autrui, l’intrusion d’un être humain conçu à l’intérieur de l’appareil génital de la femme. Dans une grossesse “ordinaire”, une femme prend conscience de la présence d’un “autre” : « Il y a moi, il y a toi ». En cas de déni, elle exprime : « Il y a moi et personne d’autre », ce qui peut induire un trouble de la relation mère/enfant par la suite. Plusieurs étiologies peuvent être à l’origine d’un déni, à la suite d’un viol par exemple mais aussi chez une femme n’ayant aucune pathologie particulière. Se pose alors la question relative au désir d’enfant. Le déni de grossesse revêt un sens clinique, et une explication psychique se doit d’être recherchée : pathologie mentale (certaines psychoses hallucinatoires par exemple, antécédent de néonaticide, c’est-à-dire infanticide avant 24 heures de vie). Depuis 1985, le déni de grossesse figure dans la classification américaine des maladies mentales4. Il nécessite un accompagnement, durant la grossesse, pendant l’accouchement et après celui-ci. Selon Élizabeth Stren-Verrière (praticien hospitalier, ex-chef de service du SSPAD de Toulon – 83), il est indispensable de réaliser avec la femme un travail d’accès à la maternité, de la « faire naître psychiquement ». Haut de page Conclusion L’approche psychanalytique, en cas de grossesse, est parfois extrêmement complexe, mais son utilité est devenue indiscutable. Associée à d’autres disciplines, elle peut permettre de comprendre les causes profondes d’actes qui risquent de mettre en péril la vie d’un enfant.
Mots-clés GROSSESSE / DENI
Volume 30
246
Langue Français

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