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Xavier Emmanuelli va quitter la présidence du Samu social de Paris
, Editions ASH
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19/07/2011
Type |
Article |
Titre
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Xavier Emmanuelli va quitter la présidence du Samu social de Paris
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Source
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Editions ASH
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Date de parution
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19/07/2011
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Commentaire
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Président fondateur du Samu social de Paris, Xavier Emmanuelli va quitter ses fonctions au sein de l'organisation d'aide aux personnes en situation de très grande précarité, notamment en raison des restrictions budgétaires imposées par l'Etat au dispositif d'urgence créé en 1993, a-t-il annoncé, provoquant déjà de nombreuses réactions, bien que ce départ ne soit pas immédiat (voir encadré).
"Ce n'est plus gérable", déclare en effet le Dr Emmanuelli dans un long entretien publié par Charlie Hebdo dans son numéro du mercredi 20 juillet. "L'urgence sociale, personne n'y croit, ça appartient aux petits hommes gris, comme disait Nietzsche. Les technos, les mecs qui pensent structure, budget et pas souci de l'autre".
L'hébergement, patate chaude
"C'est comme dans le dessin de Tex Avery, tout le monde se refile le bâton de dynamite avant qu'il pète", poursuit le président du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées (HCLPD) et du Comité de suivi du droit au logement opposable (DALO), au titre duquel il avait déjà exprimé son ras-le-bol, en juin dernier, face à l'absence d'écoute de la part du gouvernement.
"On est dans le 'c'est pas moi, c'est toi' : c'est du ressort de l'État, non, c'est celui de la mairie. Ils se tirent dans les pattes, ils n'ont pas les mêmes objectifs, c'est à celui qui ne paiera pas ou, au contraire, qui se dira le plus généreux. Je me suis battu toute ma vie, je ne veux pas couvrir ça", dénonce Xavier Emmanuelli, qui aura 73 ans au mois d'août, et qui précise qu'il continuera cependant à diriger le Samu social international.
Un mot d'ordre à vide
"Mais qui peut m'entendre ?", s'exclame encore l'ancien secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence (1995-1997), dans les pages de l'hebdo satirique. Car "l'urgence sociale est une notion transversale qui demande d'abord une définition médico-psycho-sociale que tout le monde n'est pas prêt à assumer".
Et le Dr Emmanuelli de s'en prendre, entre autres, au concept anglo-saxon du housing first, mis en oeuvre par le gouvernement à travers sa politique du "logement d'abord" et qui équivaut, pour lui, à "un mot d'ordre qui tourne dans le vide" et qui se traduit surtout par la destruction de la notion d'hébergement d'urgence.
"Une figure emblématique"
C'est "avec gravité" que le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, indique avoir appris la démission de Xavier Emmanuelli, auquel il a rendu "hommage pour son soutien aux plus démunis".
Ce départ, rappelle aussi l'édile parisien dans un communiqué, intervient "alors que le gouvernement a considérablement réduit les moyens dévolus à l'hébergement d'urgence, et décidé la suppression de 5 000 nuitées hôtelières par jour dédiées aux familles sans abri en Ile-de-France", dont 3 500 dans la capitale.
Au cabinet du préfet Alain Régnier, délégué interministériel pour l'hébergement et l'accès au logement des personnes sans abri ou mal logées, on a certes déploré son départ, mais sans en être surpris, Xavier Emmanuelli ayant manifesté à plusieurs reprises "son incompréhension" par rapport à la politique de "logement d'abord" mise en oeuvre par le gouvernement.
"C'est une figure emblématique qui s'est beaucoup battu auprès des exclus", a cependant déclaré aux ASH Marie-Françoise Laviéville, adjointe d'Alain Régnier.
"Sur sa logique initiale"
Une figure emblématique de l'hébergement en France, c'est aussi l'expression qu'a employée le secrétaire d'Etat chargé du logement, Benoist Apparu, pour saluer "tout le formidable boulot qu'il a fait depuis 18 ans à la tête du Samu social".
"Je regrette sa décision car il a énormément apporté, il a même créé en grande partie le secteur de l'hébergement et le principe même du Samu social", a encore déclaré le ministre à l'AFP. "C'est un homme qui s'est engagé de façon continue auprès des plus défavorisés".
Mais cette démission correspond aussi à un désaccord face aux choix du gouvernement, qui défend aujourd'hui "une nouvelle stratégie qui n'est pas forcément totalement partagée par Xavier Emmanuelli", selon Benoist Apparu.
Alors que le fondateur du 115 reste "plutôt sur sa logique initiale, qui est celle de l'aide d'urgence, qui me paraît totalement pertinente pour 20 à 40 % des publics hébergés, en situation de grande fragilité psychiatrique, mais pas pour l'ensemble des populations de sans-abri".
La partie émergée de "l'horreur sociale"
La préfecture de la région Ile-de-France nous a, par ailleurs, indiqué ne pas avoir l'intention de réagir officiellement à la "décision personnelle" de Xavier Emmanuelli.
"La démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social n'est que, si spectaculaire soit-elle, la partie émergée du profond malaise qui s'est emparé du secteur social en France", a enfin réagi l'association France terre d'asile, dans un communiqué appelant "tous les acteurs du travail social" à se mobiliser contre "l'horreur sociale que l'on nous impose".
"Ce qui est en jeu est une valeur essentielle dans la République : la solidarité", poursuit FTDA, qui s'alarme du fait que "même l'accueil inconditionnel, c'est-à-dire le fait d'accorder une protection aux plus fragiles, n'est plus un élément partagé et consensuel".
UN DEPART DIFFERE A L'AUTOMNE
Le départ de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social de Paris n'est "pas immédiat", a indiqué au site des ASH la direction du groupement d'intérêt public (GIP), en indiquant qu'il n'interviendra qu'une fois son remplacement organisé.
"Il a annoncé au dernier conseil d'administration qu'il partait à la fin de l'année, pas avant octobre ou novembre, et continuerait de travailler d'ici là au renouvellement du GIP", qui doit être finalisé avant fin 2011, nous a encore précisé l'organisation.
Cette annonce survient cependant dans un contexte difficile pour le Samu social de Paris, et plus généralement pour l'ensemble des acteurs de l'hébergement d'urgence et de la lutte contre l'exclusion en Ile-de-France, qui ont multiplié ces dernières semaines, et encore samedi 16 juillet, les protestations contre les baisses de moyens dans le secteur
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