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Un réseau pour guérir de l'anorexie et de la boulimie
, Le Monde
, Santi Pascale
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04/02/2010
Type |
Article |
Titre
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Un réseau pour guérir de l'anorexie et de la boulimie
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Source
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Le Monde
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Auteurs
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Santi Pascale
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Date de parution
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04/02/2010
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Commentaire
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Adèle 13 ans, a beaucoup maigri. Inquiets, ses parents consultent leur médecin. Celui-ci envoie la jeune fille consulter un endocrinologue. Le diagnostic tombe : "anorexie mentale", terme médical pour l'anorexie. La jeune fille est dirigée vers un psychiatre. Semaine après semaine, Adèle continue de perdre du poids.
Son anorexie a démarré il y a environ six mois. Elle dit s'être sentie "plutôt bouboule" et a voulu commencer à perdre du poids. Elle a arrêté le grignotage, puis les produits sucrés, les féculents... Ses parents sont désemparés. Conseillés par la mère d'une camarade de classe, ils appellent un service spécialisé. Adèle pèse 25 kg et mesure 1,42 mètre. Le médecin décide de l'hospitaliser. En grande souffrance, Adèle a besoin qu'on l'aide.
Face à l'anorexie ou à la boulimie, les parents ne savent pas à qui s'adresser. Pour répondre à leur attente, un réseau sur les troubles du comportement alimentaire (TCA) a été lancé au niveau de l'Ile-de-France, vendredi 29 janvier. "Nous voulons coordonner les structures de soin des patients souffrant de TCA", explique son président, le professeur Jean-Claude Melchior, nutritionniste à l'hôpital Raymond-Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine). Les services hospitaliers spécialisés en TCA d'Ile-de-France reçoivent plusieurs dizaines d'appels chaque jour. "Le traitement de ces pathologies est axé sur le travail pluridisciplinaire", explique l'Association française pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire (Afdas-TCA).
Maladie complexe, l'anorexie mentale touche un nombre stable de Français depuis plusieurs décennies. En revanche, même s'il n'existe que peu d'études sur l'évolution des troubles alimentaires, "la fréquence de la boulimie augmente, notamment dans les zones urbaines", explique Nathalie Godart, pédopsychiatre à l'Institut mutualiste Montsouris, dans le 14e arrondissement de Paris. 1,5 % des femmes et 0,16 % des hommes souffriraient d'anorexie mentale. Elle touche 1 % des adolescentes ; et la boulimie 3 %.
Mais les autres troubles alimentaires, comme l'hyperphagie (se lever la nuit pour dévaliser son frigo ou grignoter frénétiquement entre les repas), progressent, et concerneraient 20 à 30 % des adolescents. Les TCA frappent davantage la gent féminine : on compte huit à neuf filles malades pour un garçon. En Ile-de-France, on dénombre 180 000 cas d'anorexie mentale chez les femmes et 19 000 cas chez les hommes. Les formes intermédiaires affectent 600 000 personnes, selon les chiffres rendus publics vendredi 29 janvier par le réseau TCA d'Ile-de-France.
"Les troubles du comportement alimentaire, pas forcément sous leurs formes les plus graves mais modérées ou transitoires, ont fortement augmenté. Et particulièrement, depuis vingt ans, les crises de boulimie suivies de vomissements provoqués, qui touchent aujourd'hui une à deux jeunes filles sur dix", explique Xavier Pommereau, psychiatre et responsable du Pôle aquitain de l'adolescence au CHU de Bordeaux. Les causes de l'anorexie et des TCA sont multifactorielles (prédisposition, culture, environnement, mode de vie, stress...).
Le contexte social est bien sûr déterminant. L'offre alimentaire abondante, le matraquage publicitaire sur l'idéal de minceur, le temps et l'importance moindres accordés aux repas... sont autant de facteurs déclencheurs.
Aussi bien dans la boulimie que dans les autres TCA, c'est souvent la pensée anorexique qui pilote les crises. Elles reviennent avec le besoin de maigrir ou le sentiment insupportable d'être trop gros. "Dans la boulimie, les patients confondent la faim et l'envie de manger, souvent liée à des émotions qu'ils ne savent pas gérer autrement. Toutes les émotions peuvent être sources de compulsions alimentaires. Il faut apprendre à gérer les émotions autrement qu'avec la nourriture", explique Anne-Françoise Chaperon, psychologue clinicienne spécialisée en thérapies cognitives et comportementales.
"Dans tous les cas, il y a la stigmatisation du corps non parfait", souligne Laurence Collet-Roth, psychologue. Selon une récente étude du psychiatre Christopher Fairburn, chercheur à Oxford (Angleterre) : "Les patients basculent souvent d'un trouble à l'autre. La symptomatologie des TCA peut être commune."
Point inquiétant : "La moitié des patients souffrant de TCA n'accèdent jamais à des soins", insiste le professeur Jean-Claude Melchior. Surtout les personnes atteintes de boulimie, puisque c'est le plus souvent une maladie non visible.
Le retard de prise en charge a de multiples raisons : "Le refus des patientes, qui restent focalisées sur leur volonté de perdre du poids et craignent toute intervention qui s'y opposerait ; les parents qui se sentent responsables dès lors que l'on évoque un problème psychiatrique et sont parfois dans l'évitement ; le médecin traitant qui a des connaissances souvent insuffisantes, énumère Renaud de Tournemire, pédiatre, responsable de l'unité de médecine de l'adolescent à l'hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Ainsi, lorsque la situation devient grave, les familles ont souvent déjà toqué à de multiples portes."
Une perte de temps préjudiciable car, comme le souligne le docteur Nathalie Godart, "plus la prise en charge est précoce, meilleur est le pronostic de guérison". Même si la voie est longue et sinueuse, on peut en effet guérir de l'anorexie et de la boulimie.
Lexique
L'anorexie mentale Le diagnostic est retenu en cas de refus de maintenir un poids au-dessus d'un niveau minimum normal, une peur intense de prendre du poids alors que celui-ci est inférieur à la normale, la perturbation de l'estimation de son poids, de sa taille, aménorrhée (absence d'au moins trois cycles menstruels consécutifs). On distingue l'anorexie restrictive et l'anorexie avec vomissements.
La boulimie C'est l'absorption, en une période de temps limitée, d'une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens absorberaient en un laps de temps similaire et dans les mêmes circonstances. Par peur de grossir, le sujet peut avoir des comportements compensatoires (vomissements, laxatifs...).
Les autres troubles du
comportement alimentaire
C'est le plus souvent l'hyperphagie, une prise alimentaire démesurée, dans un temps court, mais sans vomissements : grignoter de manière incontrôlée ou se lever la nuit pour dévaliser le frigo...
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