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Fonds documentaire : Dossier thématique
Titre Le déplacement du vieillard en institution
Source Espace Ethique AP-HP
Date de parution 01/01/2001
Commentaire Combler le vide Plus que le placement, c’est l’idée de déplacement qui m’intéresse, déplacement d’une personne de la place qu’elle s’est faite au fil des ans, de sa vie (de son histoire). Notre place, c’est notre histoire qui la détermine : « se faire sa place, avoir une bonne place, faire de la place. » D’où l’importance de reconstituer cette histoire ou du moins les étapes importantes de l’anamnése. Quel temps consacre-t-on à l’histoire de vie ? À mon sens l’histoire de vie est plus importante que l’histoire de la maladie. La maladie n’étant qu’une étape de l’histoire de vie. Laisser la place aux jeunes… L’idée de placement engendre, celle de vide. Vide qu’il faut combler. Le probléme du placement en institution pose trés certainement celui de la place du vieillard dans notre société. Hors les murs de l’institution, qu’elle est la place du vieux dans notre société, de ce vieillard déplacé ? “Placé” peut être pris également dans le sens du rôle. L’idée de placement en institution ne serait pas heurtante si ce vieillard déplacé pouvait encore “servir” la société, à sa nouvelle place. D’où certains enjeux à caractériser. À quoi les vieux en institution sont-ils encore bons ? L’histoire des institutions nous enseigne que celles-ci, quels que soient leurs résidents, ne leur laissent que trés peu d’autonomie. Tout se décide en dehors d’eux et sans eux (probléme d’échelles d’autonomie). La place du vieillard en institution se décide en fonction de son degré d’autonomie. On pourrait imaginer d’autres critéres. Les vieux sont traités en tant que charge et coût, chaque intervention ayant un coût qui se détermine en fonction de l’intervenant et du “temps” passé. Les vieux deviennent du temps qu’il faut leur consacrer, alors qu’ils sont l’exemple vivant du temps écoulé. Leur survie dépendra donc du temps que nous pourrons leur consacrer. Or, une des plaintes principales des soignants n’est-elle pas de courir aprés le temps ? L’exigence qui pointe de la part des gestionnaires n’est-elle pas celle d’une gestion du temps des soignants au plus prés des besoins ? La personne âgée en institution n’a plus beaucoup de temps à vivre, son temps est compté. Le nôtre également. Ce temps est précieux, donc trés cher. Les vieux coûtent cher, on nous le martéle suffisamment ! Restaurer un rapport de réciprocité Mais revenons à la place, celle que ce vieillard devra investir en institution : 9 m2 en moyenne dans celles qui ont été rénovées. On ne peut que constater la réduction de leur espace vital. Quel rôle peut tenir le vieux dans un systéme qui n’en prévoit aucun pour lui, si ce n’est celui d’objet : objet de soins, de travail, de charge. Toujours passif, jamais actif, le vieux va se complaire et tenir ce rôle à merveille, puisqu’on ne lui en pose aucune autre. Toute tentative de lui faire tenir un autre rôle sera vouée à « l’échec ». Cette vision des choses ne tient compte que des besoins que le vieillard ne peut plus assumer sans l’aide d’une tierce personne. Il est perçu et investi comme un être ingurgitant et déféquant qui doit être lavé et couché dans un lit propre et qui plus est, coûte cher à la société, à ses proches qui se retrouvent en dette vis-à-vis de ce vieillard qui n’a plus les moyens de sa vie : plus de monnaie d’échange, il n’assume plus sa vie, il ne s’assume plus. Comment ne pas déprimer dans un tel statut, dans semblable contexte ? Et qu’en est-il des autres besoins ? À noter, que ceux qui s’assument encore, détiennent, possédent une monnaie d’échange. Il peut s’agir du pouvoir, du savoir, de l’expérience de la vie, de l’argent ou du patrimoine… Un vieux dicton populaire ne nous conseille-t-il pas de ne « jamais distribuer son héritage avant sa mort » ? Je pense en conclusion que notre société se fourvoie complétement en considérant le vieillard institutionnalisé comme un « être éponge » qui prend et ne rend rien, ne donne rien en échange du temps que nous lui consacrons. Pour modifier cet état de fait, nous devons envisager notre rapport sous l’angle de la réciprocité et de l’échange. Qu’a-t-il a nous offrir ? Son identité ?
Mots-clés PERSONNE AGEE / INSTITUTION / ETHIQUE
Notes Extrait de éthique et soins hospitaliers – Espace éthique – travaux 1997-1999, AP-HP/Douin, 2001 Espace éthique, La lettre n° 12-13-14, Eté automne 2000, p.61
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